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L'invitation au voyage Charles Baudelaire

Publié le 22/09/2010

Extrait du document

baudelaire

 

Contexte historique / introduction :

Ce texte est tiré de l’œuvre principale de Baudelaire, « les Fleurs du Mal «, et plus particulièrement de la partie la plus développée du recueil : « Spleen et Idéal « (85 textes). Ce recueil est basé avant tout sur l’antinomie spleen / idéal, l’un s’opposant à l’autre, mains ne pouvant exister sans l’autre.

Baudelaire (1821-1867) publie les « Fleurs du Mal « en 1857. Le recueil fera scandale et certains poèmes seront censurés. Fruit de douze années de travail, il trace un voyage explorant la misère de l’homme. Le thème du « voyage « y est souvent traité, lié à celui de « beauté «.

 

Analyse du texte

I. Une vision

1. Une vision ayant une unité dans le poème

Cette vision est très structurée et représente une unité. Elle correspond au poème lui-même.

La structure (le mètre) reste stable. On a trois strophes fixes de huit vers avec un refrain (distique) interposé, où alternent les vers de 5 et de 7syllabes. Ces mètres impaires créent un rythme irrégulier, propres au rêve et à l’évasion.

La vision est structurée par un thème récurrent : le rêve et le sommeil. Du « songe « de la strophe 1, on évolue vers « la chambre « puis « dormir «. De plus, le poème est encadré par « songe « et « s’endort «.

Le refrain incantatoire renforce cette liaison « songe-sommeil « (« calme et volupté «) et berce la rêverie.

 

Cette vision basée sur la permanence s’oppose donc à sont thème principal : le voyage.

 

2. Un voyage d’images

L’évolution et le mouvement apparaissent en fait dans la succession de trois tableaux successifs :

Première strophe : le pays. Il s’agit d’un pays indéfini, qui ne prend sens qu’avec la femme (« le pays qui te ressemble «). Cette liaison entre le pays et la femme est renforcée par le glissement du paysage à la femme, autour du mot « charme « :

« Soleils mouillés «  « charme «  « yeux «.

Aux qualificatifs « mouillés « et « brouillés « répondent les « larmes «.

Au « soleil « répond « brillant «.

Deuxième strophe : la chambre. Cette image centrale fait la description du lieu principal du voyage, marqué par le plaisir amoureux et sensoriel (odeurs, langage, toucher, vision…), mais aussi par le luxe (« splendeur orientale «). L’importance de ce lieu est souligné par le refrain qui reprend ces éléments (« luxe, calme et volupté «).

Troisième strophe : le monde, en deux parties : le port (suggéré par les vaisseaux et les canaux), lié à l’idée de voyage, et la ville (doublement lié au port par le sommeil et par les canaux), de laquelle se détache une lumière particulière.

 

3. Une évolution

Il y a une évolution à l’intérieur de ces trois tableaux :

De l’abstrait au concret dans le voyage : parti d’un pays inconnu et fantasmatique, on parvient à une chambre puis à une ville à canaux (Amsterdam).

Du concret à l’abstrait à travers les temps, qui reflètent l’état du poète et l’avancée su songe : présent et impératif, conditionnel puis présent (présent du rêve où se mèlent rêve et réalité). Une évolution vers le sommeil.

 

II. Un voyage symbolique sous le signe de l’amour

1. Un voyage par et pour l’aimée

L’aimée donne un sens au voyage (la destination du voyage est assimilée au corps de cette dernière). Le poète n’apprécie le voyage que parce qu’il ressemble à la femme (« qui te ressemble «). Le glissement opéré signifierait en fait que le pays visité est celui du corps et de l’âme féminine, de sa compagne. L’aimée serait en quelque sorte la destination de ce voyage.

Le but du voyage est aussi marqué par la personne aimée : Le voyage touche à l’âme et à la personnalité intime de l’être : « secrets «, « âmes «. La synthèse des fonctions féminines de la première strophe (« mon enfant, ma sœur «) ne marque pas une envie d’inceste mais plutôt une envie de rencontrer l’âme sœur, l’âme dont on a besoin.

 

2. Un voyage d’amour

Au cœur du voyage, une préoccupation majeure : l’amour.

Un amour qui est une fin en soi : « aimer à loisir «, « aimer et mourir «. Il s’agit « d’assouvir un désir «.

La forte empreinte des symboles érotiques : les « miroirs profonds « (évoquant la profondeur et la sensualité mais aussi les maisons closes), le plaisir charnel repris par la « volupté «, et le sommeil, couronnant un amour vainqueur.

 

3. Synthèse : un voyage symbolique

La vision évoquée en I peut prendre un sens symbolique : par la destination, et par l’amour.

Le refrain représente l’accomplissement, l’aboutissement de ces symboles (synthèse de l’amour, du rêve et de l’environnement).

Un voyage qui prend un caractère universel par une extension au monde (symbole du port et de la ville) : le voyage de l’amour.

 

CONCLUSION

Une invitation au voyage curieusement marquée par le sommeil mais qui consiste en fait en un songe fait de trois tableaux distincts.

Il s’agit d’un voyage symbolique, le voyage de l’amour, puisque la vision est marquée par de nombreux symboles qui établissent la relation voyage amour.

Un voyage poétique puisque évoquant « la douce langue natale « et utilisant les symboles.

 

Introduction : 

Extrait de Spleen et Idéal, première partie des Fleurs du mal, de Baudelaire.

Poème inspiré par Marie Daubrun : l'amour est ici spirituel et non sensuel.

Il ne s'agit pas d'un voyage mais d'une promesse de voyage épanouissant le rêve.

Composition originale : 3 strophes séparées par un refrain, heptasyllabes et pentasyllabes : le poème présente une forte musicalité. 

 

I-Des tableaux : 

 

  -Un triptyque (tableau en 3 parties) 

           femme paysage : 1ère strophe 

           Un intérieur : 2ème strophe 

           La ville (portuère) : 3ème strophe 

 

II-Un lieu magique : 

 

  -Imaginaire, souhait de voyage

  -Le lieu est idéal parce qu'imaginaire.

  -Correspondance entre la femme aimée et le paysage qui permet une évasion

  -Lointain, chargé d'exotisme

  -Parfait : concilie les contraires (calme-voluptés;charme-traitres yeux...) 

 

III-Un balancement jusqu'à l'idéal : 

 

  -L'impression de paix et de tendresse est suggérée par les sonorités douces en "on" et les allitérations en "m"

  -Bonheur des sens (lumière, paysage;sensation de chaleur(v.39,40);voluptés) 

  -Plénitude : 3ème § présent de l'indicatif --->bonheur atteint 

                    recherche d'un état parfait: v.25,26:harmonie parfaite entre homme et âme 

  -Une dilatation du temps et de l'espace : on ne sent pas le temps(v.4:"aimer à loisir")

 

Conclusion

 

   Pour Baudelaire, imaginer le voyage suffit puisqu'il s'agira d'un voyage idéal. Pour imaginer ce voyage, la présence de la femme est nécessaire. Le poête considère ici une femme très proche de son coeur et de son esprit. Baudelaire est toujours à la recherche d'un art de vivre dans lequel les sens sont importants et l'esthétique aussi.

 

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