L'Ile des Esclaves, Scène 6 de Marivaux
Publié le 03/08/2010
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Introduction Marivaux, auteur dramatique et romantique du 18ième siècle, siècle des Lumières, écrit L'Ile des Esclaves en 1725, une oeuvre qui fait partie des comédies sociales comme La Colonie, sur la question des femmes. La pièce aborde la question de l'inégalité sociale. Le théâtre de Marivaux est caractérisé par le goût du travestissement, utilisé en général dans des intrigues amoureuses. Dans L'Ile des Esclaves au contraire, ce thème est exploité de façon originale, puisqu'associé à une réflexion plutôt politique: l'échange maîtres / valets sur l'ordre de Trivelin a pour but le fait que les maîtres changent de comportements envers les gens. Dans cet extrait, Trivelin s'est retiré pour un moment, les valets prennent le rôle des maîtres dans une parodie de scène d'amour à la façon des maîtres. arlequin, pour tromper son ennui et s'amuser un peu, prétend faire la cour à Cléanthis. Tous deux se promènent donc après avoir éloigné leurs anciens maîtres. Ce jeu donne à la scène une tonalité comique. Mais à l'intérieur de la pièce, cet amusement prend une dimension politique et morale particulière. Etude
I. Le théâtre dans le théâtre a) le jeu mis en abîme Première réplique + didascalies = redéfinition de l'espace scénique = précision de la relation acteurs/spectateurs "s'éloignent à 10 pas" > deuxième territoire, celui des valets parallélisme = fonctionnement par couple + jeu d'opposition >>> mise en place des valets/acteurs et maîtres spectateurs didascalies suivantes = verbes d'action = jeu caricatural ( jeu dans le jeu ) b) les spectateurs Ici les spectateurs sont les maîtres, ils sont présent au début, puis "s'éloignent" et à la fin "nos partons" >>>encadrement, importance de leur regard. Inversion des rôles ("qu'on se retire", "gestes d'étonnement") >soumission des maîtres > "étonnement", "douleur" sont les conséquences de l'inversion "aussi bouffons que nos patrons" > pour ridiculiser les maîtres "nos patrons" > pour Arlequin, l'inversion n'est pas réalisée, singer les maîtres en passant en revue leurs faiblesses sans aucune indulgence. II. Imitation et décalage a) un thème traditionnel: la déclaration d'amour Lexique caractéristique des scènes d'amour > "tendre" = s'applique au jour puis à Arlequin >>> marque le passage aux domaines des sentiments champ lexical de l'amour figures de style: images, métaphores >soulignent le double thème amour + galanterie négations: litotes + figures d'atténuation exclamations et interrogations > prédominance des sentiments le thème de l'amour domine: passage de la galanterie à l'amour expression amplifiée des sentiments les jeux du refus > éléments du mode de séduction chez Marivaux > parodie du marivaudage. b) une scène caricaturale Didascalie "il saute de joie" > insiste sur la gestuelle 4 "on" + juron "palsembleu" > première rupture avec l'univers des nobles >>> parenthèse jusqu'à l.64 >>> distance entre arlequin et son personnage lexique négatif de Cléanthis > insiste sur le dysfonctionnement décalage entre le jeu d'Arlequin & de Cléanthis : Arlequin = distance entre univers amoureux et la caricature Cléanthis = embarras qui vient de l'effort que fait Cléanthis pour singer les maîtres >>> comportements soulignant l'effet de caricature et créant une opposition avec la tonalité lyrique de la scène d'amour Arlequin a parcouru toute la progression d'une cour galante: promenade, compliments, agenouillements, aveu c) la tonalité comique Distance entre la réalité de la scène d'amour et ce qu'en font Arlequin et Cléanthis : geste (didascalies langage): lexique galant saturé situation >>> pourtant, cette scène n'est pas qu'un divertissement III. Le théâtre éducatif : fonction didactique a) une leçon pour les maîtres La brutalité des maîtres et des valets, le caractère du langage amoureux, caractère superficiel des maîtres, le c caractère théatral du jeu de l'amour. b) un autre niveau de critique Brutalité et plaisir des valets avec lesquels les valets donnent des leçons aux maîtres paraissent suspects : la sagesse dont Arlequin se vante traduit de sa part une incapacité à prendre de la distance par rapport à ce qu'il fait et par là, il semble lui même coupable. Conclusion Passage qui s'inscrit à la fois dans le théâtre de Marivaux et dans la pensée du 18° siècle. Avec un jeu de travestissement + prétexte de la scène d'amour Puis le thème socio-politique de la pièce.
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