L'idée de progrès peut-elle servir à interprétation de l'histoire ?
Publié le 15/04/2009
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• Si l'idée de progrès est liée à l'idée d'une orientation vers une fin, c'est-à-dire d'une orientation de l'histoire, d'un sens, ne pourrait-on dire que l'idée de progrès peut servir à interpréter l'histoire (si interpréter l'histoire c'est lui reconnaître un sens). • Encore convient-il de se demander si on lui confère ainsi un sens (qu'elle n'aurait peut-être pas). — Il convient à ce sujet de réfléchir au fait qu'il y a eu effectivement des tentatives de ce genre (ce qui montre en un certain sens que c'est possible) mais que ces tentatives sont multiples et dans une certaine mesure divergentes (ce qui fait problème quant à la légitimité de l'entreprise). Ainsi, par exemple : — Bossuet, dans le Discours sur l'histoire universelle s'efforce de montrer un dessin providentiel à l'oeuvre dans la continuité de la religion chrétienne à travers l'histoire. — Kant dans Idée d'une histoire universelle déclare que l'histoire, à condition qu'on la considère dans son ensemble, apparaît comme « l'accomplissement d'un plan caché de la nature en vue de réaliser un état dans lequel elle puisse amener à leur développement intégral les facultés de l'homme « (c'est-à-dire la raison, la moralité, le droit. — Condorcet dans Tableau historique des progrès de l'esprit humain considère qu'est à l'œuvre dans l'histoire un progrès fondé essentiellement sur un progrès « intellectuel « : le développement des sciences et des techniques doit finir par rendre l'homme heureux. • Certes, d'une certaine manière, l'idée de progrès est celle qui peut donner son contenu le plus clair à un sens de l'histoire. Mais l'idée de progrès est-elle évidente? Comment, par rapport à quoi, établir qu'il y a progrès? — On peut sans doute soutenir que c'est relativement facile de déterminer s'il y a ou non progrès scientifique et technique (encore que...). • Mais dans les autres domaines? Peut-on sans problèmes (ardus) parler de progrès en art, en philosophie, en morale? D'autant que les « progrès « de l'ethnologie (entre autres) nous ont fait mesurer à quel point les mentalités, les valeurs des diverses civilisations étaient hétérogènes entre elles. — La relativisation des valeurs nous permet-elle encore de poser sans problème, les progrès scientifiques et techniques comme des progrès en soi, indépendamment des valeurs véhiculées par telle ou telle culture? • Enfin l'idée de progrès servant à interpréter l'histoire ne postulerait-elle pas implicitement une histoire linéaire et unique qui fait sans doute problème (en regard des recherches de nombreux historiens contemporains?). • Il s'agirait peut-être d'interpréter les interprétations de « l'histoire « selon « l'idée de progrès «. Cela amènerait peut-être à mettre à jour que l'idée de progrès est solidaire d'une certaine façon de penser le temps, la (ou les?) réalité(s) historique(s); solidaire peut-être de l'idée d'une histoire?
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