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L'homme ne desire t-il que ce dont il a besoin

Publié le 05/10/2014

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Je désire être champion olympique, mais en ai-je besoin ? La réponse à cette question semble être évidemment « Non, je n’ai pas besoin d’être champion olympique ». Pourquoi ? Parce que la satisfaction des besoins semble être associée aux exigences de la survie. Or, je peux survivre sans être champion olympique, la preuve… On peut donc distinguer avoir besoin, vouloir et désirer : J’ai besoin de manger. Il est nécessaire de satisfaire ce besoin pour vivre : c’est une nécessité physiologique. Mais je veux manger végétarien. Il s’agit pour moi d’une obligation : c’est un choix éthique. Et je désire manger des fraises. Cette préférence n’a rien de nécessaire ni d’obligatoire en elle-même : c’est une inclination - dans certains cas on parlerait même d’aspiration contingente (c’est-à-dire que j’aurais pu ne pas l’avoir). Sur la distinction entre désir et besoin, lire aussi: La classification des désirs (Epicure) Ainsi, l’opposition désir/besoin est commode et repose sur l’assomption qu’il existe une distinction claire entre ce qui est vital pour l’être humain et ce qui ne l’est pas. La survie serait un critère objectif de démarcation entre désir et besoin. objectif/subjectif De ce point de vue, la privation (d’un besoin) se distingue de la frustration(d’un désir). Ne désirer rien d’autre que ce dont on a besoin, c’est réduire les désirs aux besoins : ne désirer que ce qui est nécessaire. Mais il semble que les êtres humains puissent désirer autre chose que ce dont ils ont besoin. Il se pourrait même que cette possibilité soit un trait spécifique de l’humanité. Les êtres humains sont par nature des êtres de désir et le désir est par définition indépendant des besoins. La réponse à la question du sujet semble donc être en première analyse : non. Si cette réponse va de soi, où est alors le problème ? Mais est-ce si simple ? La question posée par le sujet semble paradoxale en tant que sujet de philosophie : réduire les désirs aux besoins semble aller à l’encontre d’un lieu commun philosophique selon lequel besoins et désirs s’opposent comme le nécessaire s’oppose au contingent. contingent/nécessaire/possible Pour que cette question devienne philosophiquement intéressante, il faut dépasser cette opposition. La différence entre ce qui serait nécessaire et ce qui serait superflu (ou entre ce qui serait naturel et ce qui serait artificiel) est faussement éclairante. En effet, l’être humain, en tant qu’être conscient doué à la fois de sensibilité, d’imagination et de raison ne peut pas se limiter à sa « nature » purement biologique. Bien que non nécessaires du point de vue de la stricte survie, les désirs ne sont pas superflus du point de vue de la qualité de la vie. Nous avons besoin de développer nos aspirations en plus de nos besoins vitaux pour développer ce qu’il y a de proprement humain en nous. Epicure dans sa classification des désirs en vains, naturels et nécessaires ne tenait-il pas la sagesse pour nécessaire ? De plus, même les besoins les plus élémentaires chez l’homme sont influencés par la culture et susceptibles d’évoluer. En effet, qu’est-ce que vivre, et surtout, qu’est-ce que vivre humainement ? Ai-je besoin d’amour, par exemple ? Suffit-il de nourrir un enfant pour l’élever ? Ai-je besoin d’une maison ? Les SDF ne survivent-ils pas dans la rue ? Pourtant, n’ont-ils pas besoin d’être logés ? Pourquoi le « minimum vital » n’est-il pas évalué de la même façon selon la société et l’époque qui servent de contexte à l’évaluation ? Enfin, ce que nous désirons vraiment (au sens où un désir n’est pas une simple envie passagère) n’est-il pas toujours vital pour nous, sous peine de névrose(Freud) ? L’enjeu n’est pas seulement de savoir ce qui est nécessaire à la survie mais aussi à la dignité humaine et au bonheur. Ainsi, la question du sujet renvoie à une autre question plus fondamentale : les êtres humains ont-ils besoin de désirer ? Si la réponse est oui, alors les êtres humain ne désirent que ce dont ils ont besoin. Mais dire que nous avons besoin de désirer, c’est-à-dire que tout désir en tant que désir est un besoin, ne veut pas dire que tous les désirs doivent (ou peuvent) être satisfaits. On peut avoir besoin d’un désir sans avoir besoin de l’objet de ce désir, ni même avoir besoin que ce désir soit satisfait. Une suggestion de plan On peut désirer ce dont on n’a pas besoin  (ce qui est non nécessaire à la survie)  = Thèse classique de la distinction entre désir et besoin. Les désirs ne se réduisent pas aux besoins. On peut ne pas désirer ce dont on a besoin et désirer ce dont on n’a pas besoin Mais les désirs ne se transforment-ils pas en besoin ?(Nécessaire à la viehumaine, au bonheur)  = Dépassement de la thèse classique de la distinction entre désir et besoin. Désirer est un besoin. Cependant, tous les désirs ont-ils la même valeur ?  = Discussion sur la société de consommation, par exemple.  Conclusion La distinction besoin/désir reste pertinente, mais elle est relative.

« même que cette possibilité soit un trait spécifique de l'humanité.

Les êtres humains sont par nature des êtres de désir et le désir est par définition indépendant des besoins.

La réponse à la question du sujet semble donc être en première analyse : non.

Si cette réponse va de soi, où est alors le problème ? Mais est-ce si simple ? La question posée par le sujet semble paradoxale en tant que sujet de philosophie : réduire les désirs aux besoins semble aller à l'encontre d'un lieu commun philosophique selon lequel besoins et désirs s'opposent comme le nécessaire s'oppose au contingent. contingent/nécessaire/possible Pour que cette question devienne philosophiquement intéressante, il faut dépasser cette opposition.

La différence entre ce qui serait nécessaire et ce qui serait superflu (ou entre ce qui serait naturel et ce qui serait artificiel) est faussement éclairante. En effet, l'être humain, en tant qu'être conscient doué à la fois de sensibilité, d'imagination et de raison ne peut pas se limiter à sa « nature » purement biologique.

Bien que non nécessaires du point de vue de la stricte survie, les désirs ne sont pas superflus du point de vue de la qualité de la vie.

Nous avons besoin de développer nos aspirations en plus de nos besoins vitaux pour développer ce qu'il y a de proprement humain en nous.

Epicure dans sa classification des désirs en vains, naturels et nécessaires ne tenait-il pas la sagesse pour nécessaire ? De plus, même les besoins les plus élémentaires chez l'homme sont influencés par la culture et susceptibles d'évoluer.

En effet, qu'est-ce que vivre, et surtout, qu'est-ce que vivre humainement ? Ai-je besoin d'amour, par exemple ? Suffit-il de nourrir un enfant pour l'élever ? Ai-je besoin d'une maison ? Les SDF ne survivent-ils pas dans la rue ? Pourtant, n'ont-ils pas besoin d'être logés ? Pourquoi le « minimum vital » n'est-il pas évalué de la même façon selon la société et l'époque qui servent de contexte à l'évaluation ? Enfin, ce que nous désirons vraiment (au sens où un désir n'est pas une simple envie passagère) n'est-il pas toujours vital pour nous, sous peine de névrose(Freud) ? L'enjeu n'est pas seulement de savoir ce qui est nécessaire à la survie mais aussi à la dignité humaine et au bonheur. Ainsi, la question du sujet renvoie à une autre question plus fondamentale : les êtres humains ont-ils besoin de. »

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