L'homme Ne Commande À La Nature Qu'enlui Obéissant
Publié le 05/12/2010
Extrait du document
Considérons les trois rapports que l’homme peut avoir à la nature. Le premier celui de l’essence, le rapport qu’il peut avoir avec sa propre nature, à sa constitution propre. Le second, le rapport physique et sensible qu’il a avec son environnement. Et enfin le troisième, celui de son entendement, autrement dit les différents usages qu’il peut faire de son intelligence, en conjuguant cette fois-ci physique et métaphysique.
L’homme pourrait être qualifié d’exception, c’est en tout cas ce que Pascal affirme dans ses Pensées au fragment 347 (classification Brunschvicg) : « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant «. Quand bien même il serait d’une constitution chétive et vulnérable, il dispose de cet attribut extraordinaire à la nature : Il dispose d’une conscience réflexive. Cet attribut lui offre mains avantages sur son environnement, pourtant il ne s’agit guère d’une arme organique comme pourraient l’être les crocs du lion, ou le venin du serpent. Il s’agit d’une faculté tout à fait essentielle par laquelle la nature humaine se différencie de la nature du reste des êtres vivants plus fondamentalement encore que le vivant ne se différencie du non vivant. En effet cette conscience réflexive lui ouvre une infinité de portes. L’homme a conscience de sa propre existence, il se sait exister. Cela induit qu’il a conscience du temps qui passe, et qu’il peut de ce fait associer une progression chronologique à son existence dans la mesure où il jouit de la mémoire, qui découle nécessairement de la conscience de soi dans le temps, et réciproquement. La mémoire permet la conscience réflexive. L’animal est un caméscope qui tourne sans qu’on est enclenché l’enregistrement, l’homme lui, pour quelque obscur raison, est né avec le bouton enfoncé. C’est par cette conscience de soi que l’homme brise le lien ténu qui existe entre le reste des êtres et la nature. En effet l’homme, puisqu’il existe dans son intériorité, se dissocie naturellement de son environnement, de ce qui l’entoure. Il sépare le monde en deux catégories : lui-même, dans son intégrité physique et psychique, et tout le reste, la nature. Quand bien même les caractéristiques préalablement exposées définissent l’homme dans son essence, il n’en demeure pas moins qu’il en revient à lui et à lui seul, par le travail de sa réflexion, par l’étude de ce qu’il a été, de ce qu’il sait, et de qu’il peut prévoir, de déterminer le sens de son existence. Pic de la Mirandole dans De la dignité humaine nous parle de cet admirable « caméléon « qu’est l’être humain. L’homme, parce qu’il a toujours le choix, et parce qu’il pare ses actes d’une intension, quand bien même il est définit par des caractéristiques naturelles, les commande en en faisant ce qu’il veut. Sa conscience associée à sa volonté, lui laisse le loisir de déterminer lui même le sens (la direction) de son existence. Et quand bien même sa condition physique ou ses facultés intellectuelles semblent l’aiguiller dans l’une ou l’autre direction, elles sont elles aussi soumises au sens que la volonté voudra bien leur dicter, tout comme le reste de son être.
Tâchons de voir plus en avant comment l’homme évolue dans la nature. On donnera au mot « nature « le sens de tout ce qui est extérieur à l’homme. L’homme vit dans un environnement naturel.
L’homme dispose donc d’une faculté toute particulière qu’est la conscience de soi. Nécessairement il projette cette conscience sur son environnement, sur le monde extérieur. Il peut l’observer, étudier ses mutations, et établir des liens logiques entre différents phénomènes puisque son esprit sait les juxtaposer dans le temps. Comme il est une créature de faible constitution, il doit, parce qu’il le peut, se prémunir des nuisances naturelles. L’homme de ses mains, prolongement physique de son intelligence, mettra en place ses propres dispositifs de protection contre la nature, et de soutient à sa nature. En effet la nature semble se mouvoir et s’équilibrer seule, et tout ce qui la compose apparaît soumis à une sorte de force supérieure qui guide les êtres indépendamment de leur volonté, ou parce qu’il n’en ont pas ou parce qu’il n’en ont pas la conscience, et sans donc susciter ni leur approbation ni leur désapprobation. On serait amener à penser que la nature ne ferait qu’un tout, comme un organisme articulant tous les être qu’elle comprend. Or L’homme sait aller contre cet organisme. Ce qui nous permet de l’affirmer est sa capacité à comprendre les règles, des « lois universelles « qu’il établit après observation, et de les utiliser ensuite à son plus grand avantage. Il découvre la formule de la chute des corps et apprend à voler, chose à laquelle il ne semblait pas avoir été prédisposé. Il apprend à faire du feu et se sédentarise sur l’ensemble des terres immergées, découvrant ainsi toute sorte d’être naturels. Tout cela n’est pas anodin, on a vu précédemment que l’homme par la conscience réflexive dispose d’une intériorité infinie, qui ressemble en quelque sorte à l’image qu’on peut observer dans un miroir mis face à un autre miroir. Cette intériorité infinie, il peut la redéployer sur le monde, en une infinité d’interprétations, de choix, de résolutions, de prétentions et d’initiatives, que seules limitent son entendement et sa perception. Et la nature qui devrait intégrer l’homme dans un endroit déterminé du mécanisme de son mouvement, semble au contraire, en maîtresse laxiste ou impuissante, le laisser aller au gré de sa volonté assouvir les plus reptiliens de ses désirs, accomplir les plus rationnels de ses desseins. La encore, l’homme ne fixe pas de nouvelles règles universelles qui ordonnent l’univers, il est toujours soumis à celles qui existent, mais se les approprient en les utilisant. C’est à dire qu’au lieu de regarder passivement le cheval détaler, il le monte, l’arnache comme il se doit, l’éperonne, et le fait aller ou lui veut se rendre. Il se déplace désormais aussi vite que l’animal sans pour autant être devenu un équidé. C’est simplement que l’homme subordonne le cheval à ses intentions, à sa volonté, lui commande. Il commande à cet être exterieur à lui-même. L’homme est depuis toujours soumis au mêmes lois, mais a su en quelque sorte leur commander en les parant de ses intentions.
Enfin, l’intelligence même de l’homme le place dans une situation extraordinaire dans l’ordre naturel, lui donnant en quelque sorte une ultime maîtrise sur son existence.
Nous avons parler précedemment de ce qui est exterieur à l’homme en employant le mot nature. Kant, dans la critique de la raison pure, nous met en garde de conceptualiser de la sorte ce qui semble après tout n’être rien dautre qu’une somme de phénomènes objectifs sans liens nécessaires manifestes. Et le terme de nature ne serait qu’un raccourci de l’entendement humain, le fruit de son imagination, qui incapable de concevoir des réalités objectives, en forme une seule autre subjective à partir des différentes manifestations accidentèles qu’il a pu observer. C’est à partir de ces observations que l’homme établit de prétendues lois universelles. Aussi l’homme par le travail de son intellect, d’une certaine façon recrée le monde à sa mesure. C’est à dire que par l’effort systématique de conceptualisation que fait son intelligence sur ce qui l’entoure, cette dernière lui donne à voir, à vivre, un environnement épuré. Il établit des « lois universelles « qui en vérité ne le sont que dans la mesure elles sont restreintes aux perceptions humaines. Si la nature correspond à tout ce que perçoit l’homme d’exterieur à lui, on peut donc affirmer que l’homme vit dans un environnement qu’il limite en fonction de ses propres capacités d’entendement et de perception. Ce qu’il ne perçoit pas, ce qu’il ne peut entendre (entendement), n’existe pas. Aussi le monde qu’il veut asujettir est en quelque sorte un monde à sa porté, un monde épuré. Un monde qui correspond à ce que l’homme peut comprendre (englober). Cependant ce raisonnement pose la question de l’existence d’une nature (au sens d’exterieur à l’homme), qui quand bien même elle serait inconnue à l’homme, lui serait en plus imperceptible et incompréhensible.
Puisque l’homme dispose d’une capacité de perception et d’entendement limités, et que l’univers est précisément illimité, il pourrait être judicieux d’étudier son rapport à la nature non plus depuis son interiorité, mais depuis l’univers même. Nous parlerons tout d’abord des hommes, en tant qu’espèce grégaire, puis de l’art et des productions humaines, enfin de l’illusion du commandement et de la réelle capacité d’agir de l’homme.
L’homme considéré d’un point de vue plus général à l’air d’une espèce bien moins extraordianire. Il vit en communauté tout comme les abeilles, les fourmis ou les rats. Les hommes batissent des villes, les fourmis des fourmilières, les abeilles, des ruches. La société humaine est hierarchisé, chacun s’occupe à une tâche différente et contribue indirectement à la survie de tous. Chez les fourmis et les abeilles il en va de même. Hobbes nous explique dans le Léviathan la nécéssité d’un chef tout puissant qui détiendrait lui-seul toute la force pour empêcher à tous les autres de se nuir, et vivre en paix. Cela semble digne seulement d’un esprit raisonnable. Pourtant les rats agissent exactement de la même façon. Ils n’ont pas de système social dira-t-on ? Pourtant une autre étude affirme que les éléphants soient suceptibles de pitié, qu’ils aident les plus faibles, et veillent les cadavres de leurs congénères plusieurs jours. A l’echelle du groupe la différence entre les hommes et les animaux ne semble être qu’une différence de degré, degré d’intelligence, et non de qualité. Nous ne nions pas la nature singulière de l’homme, nous remarquon simplement qu’elle semble se noyer comme une chose insignifiante dans l’immensité du nombre dès lors qu’on s’échappe de l’être particulier, pour en revenir au général. Nietzsche dans Le gai savoir dit: « J’ai beau considérer les hommes (…) tous et chacun en particulier, je ne les vois jamais appliquer qu’à une tâche : à faire ce qui est profitable à la conservation de l’espèce. Et cela en vérité (…) parce que rien n’est aussi invétéré , puissant, inexorable, irréductible que cet instinct – parce que cet instinct est absoluement l’essence de l’espèce grégaire que nous sommes. « C’est à dire que même individuellement, et parfois inconsciemment, l’homme et toute sa prudence, sa vertue, sa temprance, sa justice, sa raison tout entièrement déclinée, ne peut résister à cet instinct animal, et absolue de conservation de l’espèce. Il semblerait que cette capacité à vouloir donner un sens décidé ne pèse pas lourd dans la balance de « l’essence de l’espèce « ; et l’homme en tant qu’espèce d’obéir en premier chef à cet instinct primordial.
Toujours de ce point de vue exterieur, interressons nous à ce qui indéniablement semble différencier l’homme du reste des animaux, l’art. il est vrai que les fourmis n’ont pas encore envoyer de fusée sur la lune. En effet l’homme semble capable comme nous l’avons vu plus haut de commander à la nature par la technique. Dire que l’homme commande à la nature signifierait que la nature lui obéisse. Nous utiliserons icile terme nature dans le sens de forces physiques exterieurs à l’homme. Quand bien même nous définissons ici le terme nature nous sommes tenter d’utilier au lieu d’ « exterieur « le terme indépendant. Car c’est bien ce que sont ces forces. Elles sont indépendantes, c’est à dire qu’elles agissent toujours de la même façon que l’homme essaye ou non de les inclures dans quelque mécanisme de leur fait. La nature n’obéit pas à l’homme car elle ne lui est pas soumis puisqu’elle est indépendante. Elle est indépendante parce que – comme nous l’avons dit plus haut – elle n’est pas une. La nature n’est que le raccourci conceptuel de phénomènes divers et différents fonctionnant d’après un principe de mouvement universel. A partir de telles données nous pouvons conclure assurément que l’homme ne peut commander à quelque chose qui en réalité n’existe pas, ce serait comme prétendre commander au déssin d’une licorne, à l’idée d’une licorne. La nature est en quelque sorte un être mythologique dans lequel on a regroupé toute sortes de manifestations. Par définition la nature ne peut ni commander, ni obéir.
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