L'homme injuste peut il être heureux ?
Publié le 10/01/2011
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L'Homme qui vit en société est soumis à un ordre juridique qu'il est prié de respecter sous peine de sanctions. Cet ordre juridique est censé garantir l'harmonie sociale et éviter la loi du plus fort, de telle sorte que les citoyens puissent vivre en paix. Or, l'Homme contrevient parfois à ces normes juridiques, il s'expose de jure à des sanctions, ce qui semble lui garantir la souffrance, et le priver de tout bonheur. Aussi, l'Homme injuste peut-il être heureux ? A priori, être injuste semble conduire au malheur du fait des remords que l'on peut ressentir en ayant porté atteinte aux normes juridiques du pays ou en ayant causé le malheur d'autrui. Et pourtant, parce que l'Homme est responsable de ses actes, parce qu'il a donc conscience de ses faits et gestes, l'injustice qu'il cause émane soit de ses désirs, soit d'une volonté raisonnée, préméditée, ce qui ne devrait donc que le satisfaire. En réalité, l'Homme injuste ne peut être condamné au malheur, car condamner un être à la souffrance perpétuelle, c'est condamner la rédemption des péchés, c'est donc être plus injuste que lui-même ne l'a sans doute jamais été. Il peut donc être heureux, s'il accepte l'amour des autres et de l'être transcendant qui l'a crée. I] L'injustice et les remords en découlant : le malheur de l'être coupable
Si l'injustice commise par l'Homme fait émerger en lui des remords, alors il semble que l'être coupable ne puisse être heureux et soit condamné au malheur. En effet, transgresser les lois, aller à l'encontre des intérêts d'autrui, prendre aux autres ce qui leur est dû, n'est-ce pas là une source de remords ? L'Homme injuste n'a-t-il pas conscience que les méfaits commis causent de la peine aux victimes ? L'être injuste est par définition celui qui n'agit pas selon la justice, c'est-à-dire celui qui contrevient au principe d'équité. Dans la société, chaque citoyen obtient ce qu'il mérite, ce qui est garanti par l'ordre juridique. Le locataire doit avoir l'assurance de l'inviolabilité de son logement, le salarié doit avoir l'assurance du versement légitime de son salaire, quant à l'acheteur, il doit être assuré de la qualité du produit acheté. De la même manière, dans la vie quotidienne, le citoyen est protégé par la loi des agressions, assuré du respect dû à sa personne. L'être qui contrevient à cette kyrielle de principes, parmi tant d'autres, parce qu'il est injuste, il aura des remords. Il a conscience du mal qu'il cause et en souffre. Le remords, c'est le sentiment moral douloureux, vif et obsédant, produit par la pensée d'être l'auteur d'une faute irrémédiable. Alors, cela semble le priver de bonheur, le condamner à la souffrance, parce qu'il a lui-même fait souffrir autrui. Porter atteinte au principe d'équité, que ce soit devant la justice, devant la loi, etc., c'est oublier que la vie en société conduit à la responsabilité de ses actes, qu'en société le respect de la loi et des autres est une nécessité, et dont la dérive est sanctionnée . La sanction, le sentiment de culpabilité, le regard des autres, autant de faits qui contribuent à faire de l'Homme injuste un Homme malheureux duquel le bonheur est exclut. D'ailleurs, René Descartes, dans Les passions de l'âme, rappelle que « le remords de conscience est une espèce de tristesse qui vient du doute qu'on a qu'une chose qu'on fait ou qu'on a faite n'est pas bonne «. Cette tristesse que rappelle Descartes met en lumière le malheur de l'être injuste, de celui qui a conscience du tord causé à autrui et à la société tout entière par le fait même d'avoir contrevenu aux lois. De ce fait, l'être injuste semble être condamné au malheur, rongé par le remords. Et pourtant, l'acte qu'il a commis n'était-il pas prémédité, ou tout du moins fondé ? En effet, considérer l'Homme comme responsable de ses actes, c'est supposer son libre-arbitre et sa capacité à agir sans être déterminé. Si l'Homme se veut être injuste, il le fait sans doute par nécessité, ou par plaisir. II] L'Homme : un être libre de ses actes et aspirant au bonheur
Si l'Homme agit de façon libre et éclairée, alors il semble que ses actes – qu'ils soient injustes ou non – aillent dans son intérêt et contribuent à son bonheur. En effet, l'Homme n'est-il pas prêt à sacrifier les intérêts d'autrui pour contribuer à son bonheur ? Quel être humain après tout voudrait son propre malheur ? De fait, l'Homme qui agit au détriment des intérêts d'autrui ne le fait non pas pour son propre malheur, mais pour être heureux, pour servir ses propres intérêts. Il agit ainsi car il en a besoin. L'être qui a faim et qui ne peut subvenir à ses besoins est sans doute prêt à voler des victuailles à un commerçant : certes il est injuste de par son vol, mais cela ne contribue t-il pas à son bonheur et à sa survie ? L'intérêt de soi semble donc conduire au bonheur, le remords semble quant à lui rejeté de l'esprit dans la mesure où l'acte est prémédité, jugé comme juste par l'Homme. A quoi bon rejeter les désirs même les plus malsains dans la mesure où le manque conduit l'Homme au malheur, à la tristesse ? L'Homme, parce qu'il a conscience du manque qui le ronge, parce qu'il veut faire cesser cette souffrance, il semble prêt à préférer sa personne et ses intérêts à ceux des autres. Afin d'être heureux, il est prêt à supporter les conséquences de son acte, et la sanction en découlant. C'est d'ailleurs Calliclès, personnage que met en scène Platon dans le Gorgias, qui prône la satisfaction de tous les désirs dans la mesure où ce serait « beau et juste selon la nature «. Il déclare que « qui veut vivre comme il faut doit donner libre cours à ses propres passions et les laisser grandir au maximum, et ne pas les réprimer, mais, aussi grandes soient-elles, être assez fort pour mettre son courage et son intelligence à leur service, et assouvir sans cesse tous leurs désirs. « Calliclès rejette le commandement des lois, la tempérance, il prône la démesure. Et seule cette démesure des désirs semble rendre heureux. Ainsi, l'être injuste agit par plaisir ou nécessité, du fait d'un manque qui le fait souffrir. Il semble donc prêt à préférer sa personne aux intérêts des autres et de la société, tout en obtenant la satisfaction du fait accompli. Seulement, le vrai bonheur auquel semble promis l'être injuste ne vient-il pas plutôt de la possibilité qu'il a de se voir pardonné de ses péchés ? En effet, cet être semble pouvoir se repentir et être pardonné en retour. III] Condamnation de l'injustice mais rédemption de l'être injuste
Si l'être injuste est condamné au malheur et privé de tout bonheur, alors il semble que cette condamnation soit plus injuste que l'injustice commise par cet être. En effet, l'être injuste et donc sanctionné par les lois du pays n'a-t-il pas droit à se racheter de son erreur ? La justice humaine serait-elle équitable en condamnant le coupable à un malheur éternel ? En effet, la justice en tant qu'institution a pour mission de garantir le respect des normes juridiques, elle garantit à chaque citoyen le respect de ce qui lui est dû. Mais doit-elle en plus de cela condamner un être au malheur ? Elle est censée le sanctionner pour ses méfaits et non pas le priver de tout bonheur. Comment alors lui permettre d'être heureux ? Permettre à l'être injuste d'être heureux, ce serait sans doute lui donner l'occasion – après qu'il a purgé sa peine – de se racheter de son erreur, de rebâtir une vie stable, dans le respect de la loi et des autres. Ce serait en l'espèce une justice mesurée et qui ne tomberait pas dans l'excès de sévérité. D'ailleurs, Charron dans son ½uvre La Sagesse confirmait cette vision en assurant que « toute justice humaine est mêlée avec quelque grain d'injustice, faveur, rigueur, trop et trop peu «. Il faut de fait un juste milieu permettant l'équité. L'être injuste pourrait donc se racheter et retrouver un bonheur véritable. Il a cru bon par ses méfaits de faire souffrir autrui pour ses propres intérêts, mais par son intelligence, par son c½ur sensible, il est à même de se repentir. Selon la doctrine chrétienne, le pécheur quoi qu'il ait fait est appelé à se tourner vers dieu, à accepter son amour. D'ailleurs, Blaise Pascal, dans ses Pensées, au fragment 220, reprend de façon prolixe les paroles du Magnificat : « Jésus-Christ est venu aveugler ceux qui voyaient clair et donner la vue aux aveugles, guérir les malades et laisser mourir les sains, appeler à la pénitence et justifier les pécheurs et laisser les justes dans leurs péchés, remplir les indigents et laisser les riches vides «. Il met en lumière que tout Homme est pécheur et que celui qui s'en croit épargné est donc condamnable. Pascal appelle à rejeter le « Moi « et à s'ouvrir à dieu en qui l'Homme trouve son salut. L'être injuste qui a préféré sa personne aux autres, mais qui a conscience de sa misère et qui se tourne vers dieu, qui accepte son amour, est donc appelé à connaitre le bonheur véritable. D'où l'importance du repentir chez l'être injuste, c'est-à-dire le fait par lequel la conscience coupable expie et répare. L'Homme, par le péché originel, ne cesse ne tomber, mais il peut se relever. Ainsi, l'Homme injuste peut être heureux non pas parce qu'il jouit de l'injustice commise, mais parce qu'il a conscience du mal commis et s'en repent. L'Homme, touché par le péché, commet des injustices, mais il n'en demeure pas moins que dieu promet à cet être en disgrâce la rédemption de ses péchés et la vie éternelle s'il s'ouvre à lui et accepte son amour. Justement, Pascal, dont l'½uvre est cité dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, assurait dans ses Pensées que « la grandeur de l'Homme est grande en ce qu'il se connait misérable «, en ce qu'il a conscience de son état de perfection initial duquel il a été déchu.
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Platon dans le Gorgias, qui prône la satisfaction de tous les désirs dans la mesure où ce serait « beau et juste selonla nature ».
Il déclare que « qui veut vivre comme il faut doit donner libre cours à ses propres passions et les laissergrandir au maximum, et ne pas les réprimer, mais, aussi grandes soient-elles, être assez fort pour mettre soncourage et son intelligence à leur service, et assouvir sans cesse tous leurs désirs.
» Calliclès rejette lecommandement des lois, la tempérance, il prône la démesure.
Et seule cette démesure des désirs semble rendreheureux.Ainsi, l'être injuste agit par plaisir ou nécessité, du fait d'un manque qui le fait souffrir.
Il semble donc prêt à préférersa personne aux intérêts des autres et de la société, tout en obtenant la satisfaction du fait accompli.
Seulement,le vrai bonheur auquel semble promis l'être injuste ne vient-il pas plutôt de la possibilité qu'il a de se voir pardonnéde ses péchés ? En effet, cet être semble pouvoir se repentir et être pardonné en retour.
III] Condamnation de l'injustice mais rédemption de l'être injuste
Si l'être injuste est condamné au malheur et privé de tout bonheur, alors il semble que cette condamnation soit plusinjuste que l'injustice commise par cet être.En effet, l'être injuste et donc sanctionné par les lois du pays n'a-t-il pas droit à se racheter de son erreur ? Lajustice humaine serait-elle équitable en condamnant le coupable à un malheur éternel ? En effet, la justice en tantqu'institution a pour mission de garantir le respect des normes juridiques, elle garantit à chaque citoyen le respectde ce qui lui est dû.
Mais doit-elle en plus de cela condamner un être au malheur ? Elle est censée le sanctionnerpour ses méfaits et non pas le priver de tout bonheur.
Comment alors lui permettre d'être heureux ? Permettre àl'être injuste d'être heureux, ce serait sans doute lui donner l'occasion – après qu'il a purgé sa peine –de se racheter de son erreur, de rebâtir une vie stable, dans le respect de la loi et des autres.
Ce serait en l'espèceune justice mesurée et qui ne tomberait pas dans l'excès de sévérité.
D'ailleurs, Charron dans son ½uvre La Sagesseconfirmait cette vision en assurant que « toute justice humaine est mêlée avec quelque grain d'injustice, faveur,rigueur, trop et trop peu ».
Il faut de fait un juste milieu permettant l'équité.L'être injuste pourrait donc se racheter et retrouver un bonheur véritable.
Il a cru bon par ses méfaits de fairesouffrir autrui pour ses propres intérêts, mais par son intelligence, par son c½ur sensible, il est à même de serepentir.
Selon la doctrine chrétienne, le pécheur quoi qu'il ait fait est appelé à se tourner vers dieu, à accepter sonamour.
D'ailleurs, Blaise Pascal, dans ses Pensées, au fragment 220, reprend de façon prolixe les paroles duMagnificat : « Jésus-Christ est venu aveugler ceux qui voyaient clair et donner la vue aux aveugles, guérir lesmalades et laisser mourir les sains, appeler à la pénitence et justifier les pécheurs et laisser les justes dans leurspéchés, remplir les indigents et laisser les riches vides ».
Il met en lumière que tout Homme est pécheur et que celuiqui s'en croit épargné est donc condamnable.
Pascal appelle à rejeter le « Moi » et à s'ouvrir à dieu en qui l'Hommetrouve son salut.
L'être injuste qui a préféré sa personne aux autres, mais qui a conscience de sa misère et qui setourne vers dieu, qui accepte son amour, est donc appelé à connaitre le bonheur véritable.
D'où l'importance durepentir chez l'être injuste, c'est-à-dire le fait par lequel la conscience coupable expie et répare.
L'Homme, par lepéché originel, ne cesse ne tomber, mais il peut se relever.
Ainsi, l'Homme injuste peut être heureux non pas parce qu'il jouit de l'injustice commise, mais parce qu'il aconscience du mal commis et s'en repent.
L'Homme, touché par le péché, commet des injustices, mais il n'endemeure pas moins que dieu promet à cet être en disgrâce la rédemption de ses péchés et la vie éternelle s'ils'ouvre à lui et accepte son amour.
Justement, Pascal, dont l'½uvre est cité dans le Catéchisme de l'Eglisecatholique, assurait dans ses Pensées que « la grandeur de l'Homme est grande en ce qu'il se connait misérable »,en ce qu'il a conscience de son état de perfection initial duquel il a été déchu.
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