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L'expérience est elle nécessaire à la connaissance ?

Publié le 22/09/2010

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Intro:

 

Cette interrogation pose un problème fondamental, qui hante depuis toujours la philosophie et qui fait appel à nos connaissances sur l'empirisme (Locke, Hume) et sur la thèse de Kant. L'empirisme s'oppose au rationalisme dogmatique selon lequel: « Toute connaissance certaines vient de principes irrécusables, a priori, évidents, conséquence et d'eux seuls, les sens ne pouvant fournir qu'une vue confuse et provisoire de la vérité. « Il s'agit donc là de se demander si les données sensibles avec lesquelles l'esprit est en rapport représentent un besoin formel envers les actes par lesquels nous saisissons un aspect du monde, avec une représentation généralement adéquate.

 

 

I) Analyse de la notion d'empirisme.

 

- Définition: « Nom générique de toutes les doctrines philosophiques selon lesquelles la connaissance humaine dérive toute entière directement ou non de l'expérience sensible, y compris les princpes rationnels de la connaissances et qui n'attribue à l'esprit aucune activité propre «. 

 

- L'empirisme est avant tout une critique de l'innéisme. Locke soutient qu' « il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait d'abord été dans les sens «. Il n'y a pas d'idées et de principes innés. L'esprit est une table rase, une cire vierge sur lequel viennent s'imprimer les données de l'expérience. Nos idées sont le reflet de nos impressions sensibles. L'ordre que nous mettons dans les phénomènes ne procède pas de principe a priori (antérieur à l'expérience s'oppose à « a posteriori « qui découle de l'expérience), il est le reflet de notre esprit de ce que l'expérience nous montre. La répétition des même expériences fait, avec l'habitude, naitre les idées d'identité, de ressemblances et toutes les généralisations nécessaires à la connaissance.

 

-Dans la célèbre analyse que Hume fait du principe de causalité, ce dernier affirme que c'est de l'expérience que nous tirons l'idée qu'un phénomène A est cause d'un phénomène B. Le rapport causal est un rapport chronologique. Nous constatons une conjonction constante entre 2 phénomènes et c l'habitude, l'accoutumance qui nous détermine à attendre l'un qd paraît l'autre. La prétention qui est la notre d'énoncer une relation necessaire entre A et B n'a aucune validité rationnelle. En réalité, il s'agit d'une impression subjective produite par l'expérience réitérée d'une succession dans le temps. Car en toute rigueur, que cette succesion ait été observée par une grand nombre de fois dans mon expérience passée me permet seulement de me dire quil est probable qu'elle sera observable demain, cela ne me permet pas de dire qu'il est nécessaire qu'il en soit ainsi.

 

-Exemple: J'attends lorsque je mets une casserole d'eau sur le feu parce que j'ai l'expérience de conjonction constante de l'échauffement et de l'ébullition. l'habitude de cette conjonction suscite le sentimen d'un rapport nécessaire mais cette nécessité n'est pas rationnellement fondée car "l'expérience nous apprend bien que quelque chose est de telle ou telle manière mais non point que cela ne peut être autrement" Kant. L'expérience ne donne à voir que du contingent et du particulier; elle ne permet pas de formuler des rapports nécessaires et universels.

 

-Il s'ensuit que l'empirisme ruine la prétention de la science à formuler des propositions universelles et nécessaires en ce qui concerne les faits. Or, seules l'universalité et la nécessité d'un énoncé lui confèrent la certitude. l'empirisme conduit donc au relativisme et au scepticisme.

 

-Le positivisme logique: option empiriste en matière scientifique. Selon cette théorie de la connaissance, la science se réduit à une desciption scrupuleuse du réel permettant un bon système de prédictions. La méthode consiste à relier une observation à la suivante, au moyen de formules appropriées, en évitant de recourir à des variables imaginaires ou a des observat° non vérifiées. La science peut énoncer que des relat° probables càd des relations susceptibles dêtre confirmées par des observations répétées, elle ne peut pas formuler des relations nécessaires et universelles.

 

II) Les difficultés de l'empirisme, l'alternative kantienne: le criticisme.

 

-On a déjà souligné les difficultés de l'empirisme au niveau de l'observation des faits. Il suppose que l'objet s'imprime sur un etre passif or la plus simple perception montre quil n'en est rien; l'objet est moins donné que construit. La perception est, comme l'établit Descartes dans l'analyse du morceau de cire une opération de l'entendement qui synthétise dans l'unité et l'idéntité d'un objet une multiplicité et une diversité dimpressions sensibles. je ne vois pas la cire, "je juge que je la voit" dit Descartes.

 

-Ce qui est vrai de la perception, de l'observation des faits, l'est a fortiori (forcément) de l'activité théoricienne. en prétendant la fonder sur la seule experience, l'empirisme remet en cause son caractère rationnel et conduit au scepticisme. Or, la physique de Newton n'est elle pas un désaveu d'un tel scepticisme? Kant interroge sur les conditions de possibilité de la science  telle quelle vient de donner sa mesre avec le génie de newton. elle a un double caractère expérimental et mathématique. elle établit des lois dont la formes necessaire et universelle s'enonce dans des formules mathematiques. comment cela serait il possible si l'expérience etait le fondement de la connaissance? ne faut il pas substituer à l'option empiriste l'option rationaliste consistant à admettre qye la theorie suppose lintervention de principes internes à l'esprit, principes organisant l'expérience mais ne découlant pas d'elle?

 

-Telle est l'analyse que Kant propose de la causalité. ce que l'expérience fournit ce sont les éléments liés par la relation causale, non la relation elle même. celle ci est une catégorie de l'entendement posant que "tout ce qui arrive suppose qqch dont il résulte suivant une règle". Sans ce principe, dit Kant, nous serions dans l'impossibilité de connaitre quoi que ce soit et le réel serait intelligible pour nous. l'esprit donne la règle selon laquelle nous mettons en ordre le divers donné dans l'expérience. loin d'etre dérivée de l'expérience, la causalité est la condition de l'expérience, le cadre a priori sans lequel "les intuitions sensibles seraient aveugles" càd désordonnées et confuses. réciproqement, sans les intuitions sensibles, les catégories seraient "vides" puisquelle nauraient rien à relier.

 

-Il s'ensuit que l'expeience fournit la matière de la connaissance mais sa forme relève de l'esprit. l'expérience est donc un mélange de réceptivité (passivité) et de spontanéité (activité) de lesprit. sans une matiere l'esprit n'aurait rien à connaitre.. L'expérience est donc bien nécessaire à toute connaissance possible, même si elle n'en est pas le fondement car la forme qui est appliquée à cette matiere relève de la spontanéité de l'esprit.

 

-Les principes de l'esprit mis en oeuvre dans la connaissance sont dits transcendantaux. est transcendantal, au sens kantien, ce qui est anterieur a l'espérience (a priori) indépendant d'elle mais ne trouve à sappliquer quen elle. comme tel, le transcendantal est la condition de toute expérience possible.

 

III) Les implications de la thèse kantienne

 

-la distinction du penser et du connaitre: la connaissance (science) exige que lactivité de lesprit sapplique à des objets donnés dans l'expérience (ce qui est objet dintuition sensible). un concept (par ex Dieu, la liberté)  auquel ne correspond aucune intuition sensible est bien une pensée mais ce n'est pas une connaissance. il s'ensuit quon ne peut rien connaitre au dela de l'expérience (erreur de la theologie rationnelle ou de la psychologie rationnelle).

en revanche, ce quon ne peut connaitre il est permis de le penser, de nous en faire une Idée "j'entends par Idée un concept rationnel, nécessaire auquel ne peut correspondre aucun objet donné dans les sens" dit Kant

Il en va de soi que le penser ne peut prétendre à aucune vérité objective. nous pouvons penser l'âme, la liberté, Dieu, mas nous ne pouvons pas en élaborer une connaissance.

 

-la distinction du phénomène et du noumène: les phénomènes sont les choses telles que nous les connaissons càd telles que nous les informons par la structure de notre esprit. il faut distinguer le reel phénoménal et le reel tel quil est en soi indépendamment de notre maniere de le connaitre. celui ci est un x inconnaissable; mais ce que nous ne pouvons connaitre il est permis de le penser. étymologiquement, les noumènes sont les choses pensées.

il n'y a pr nous de connaissance que du phénoménal, nous ne pouvons savoir ce quest le reel en soi, mais a condition de ne pas nous contredire nous pouvons le penser.

-Ex: dans la mesure où le savant organise le réel par la catégorie de causalité ou de déterminisme, le réel est pour la connaissance scientifique un reel déterminé. cela n'interdit pas de penser que l'homme est libre. mais alors la liberté n'est pas concue comme une capacité phénoménale, elle l'est comme une capacité nouménale exigée à titre de "postulat de la raison pratique"

 

-la révolution copernicienne:  par cette analyse, Kant dit quil a réalisé en théorie de la connaissance une veritable révolution copernicienne. comme copernic a substitué l'héliocentriste au géocentrisme, il faut substituer l'option idéaliste à loption réaliste en matiere de theaorie de la connaissance. 

Le réalisme consiste a croire que la connaissance saisit le reel tel quil est en soi. or toute connaissance met en rapport un sujet et un objet et c moins le sujet qui gravite autour de l'objet que linverse. c'est le reel ou l'objet qui gravite autour de lesprit ou du sujet. en conséquence, la connaissance scientifique ne peut pas prétendre a lobjectivité si lon entend par là ce que lépistémologie appele "lobjectivité forte" càd la conformité ou la fidélité des énoncés à lobjet. elle doit ce contenter de revendiquer une objectivité définie comme accord de tous les esprits, conne intersubjectivité; ce que l'épistémologie appelle "lobjectivité faible"

 

Conclusion:

 

De fait, si la démarche scientifique neutralise la subjectivité empirique, elle ne neutralise pas toute forme de subjectivité. Les catégories de l'esprit sont à rapporter au sujet traditionnel. un tel sujet étant universel, il peut élaborer des énoncés capables de faire l'accord des esprits. cela ne l'empeche pas detre une subjectivité (pour la distinquer de subjetivité empirique, on parle de subjectivité transcendantale)

Le reel scientifique est un reel construit par la subjectivité transcendantale. la question reste donc posée de savoir si cette construction rationnelle est adequate au réel en soi. Le physicien Léon Brillouin par exemple propose de dire que "la science est l'image du réel dans l'esprit de lhomme"...

 

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