L'exode des cerveaux
Publié le 15/05/2020
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L'exode des cerveaux, c'est le problème des compétences humaines, quittant des économies où leur contribution au bien-être humain pourrait être la plus grande, pour aller dans des économies possédant déjà en abondance du personnel scientifique et administratif formé et capable. Elle constitue une perte de ressources vitales en capital humain. Et cette perte ne donne pas lieu à compensation.
On a estimé, par exemple, qu'entre 1949 et 1961, 43 000 savants et ingénieurs, dont un \"grand nombre\" étaient originaires des pays moins développés, ont émigré, aux Etats-Unis. En 1 964-1965, 11 000 internes et médecins en poste dans les hôpitaux américains (sur le total de 41 000) étaient diplômés de facultés de médecine d'autres pays, et parmi eux, 8 000 venaient de nations en voie de développement. L'exode en provenance des nations d'Asie, en particulier de Taïwan et de Corée, est le plus grave. Plus de 90 % des étudiants asiatiques qui vont faire des études aux Etats-Unis ne retournent jamais chez eux. On estime que les Etats-Unis devront construire et faire fonctionner 1 2 nouvelles écoles de médecine pour utiliser la main-d'œuvre provenant de l'immigration (environ 1 200 par an). Chaque année, la valeur financière de cette « assistance de l'étranger » aux Etats-Unis est à peu près égale au montant total de l'assistance médicale totale (privée et publique) fournie par les Etats-Unis aux autres pays.
Cette situation n'est pas sans quelque ironie. La France s'enorgueillit de l'assistance qu'elle offre à ses anciennes colonies, et cependant le nouvel Etat du Togo a envoyé plus de médecins et de professeurs en France, que la France n'en a envoyé au Togo. La Grande-Bretagne, alarmée par l'exode de ses talents vers les Etats-Unis, compte de plus en plus sur les médecins étrangers, en particulier sur ceux qui viennent de l'Inde et du Pakistan, pour encadrer son Service national de la Santé. Selon les statistiques officielles, 44 % du personnel médical subalterne était constitué d'étrangers. Il y a davantage de
«
Exercices
d'application 1 67
spécialistes de toute sortes originaires des pays du Commonwealth qui
travaillent en Grande-Bretagne, qu'il n'y a de spécialistes anglais tra
vaillant dans l'ensemble du Commonwealth.
Il existe plus de médecins
iraniens formés aux Etats-Unis dans la seule ville de New Yard que
dans l'Iran tout entier.
Comme on l'a souvent répété, le capital humain est indispensa
ble au développement économique d'un pays.
Ceci est encore plus vrai
pour certaines compétences-clés, dont la perte peut provoquer des
conséquences «externes», cumulatives sur d'autres secteurs de la
société.
En outre, dans la mesure où la main-d'œuvre professionnelle
hautement qualifiée est chère à « produire », et dans la mesure où elle
suppose habituellement un investissement public important, sa perte
par suite d'émigration représente un « beau cadeau » d'un pays à un
autre -en particulier lorsqu'il s'agit, d'une part, d'un pays pauvre qui
n'a pas les moyens de le faire, et d'autre part, d'un pays riche qui n'en
a pas besoin.
Cette migration sans contrôle des cerveaux, favorise
aujourd'hui les nations les plus avancées et les plus riches.
Ceci conduit à penser que pour garantir les pays moins avancés
et les pays particulièrement sous-développés contre la perte de la
main-d'œuvre spécialisée dont ils ont un besoin vital pour réaliser leurs
objectifs de croissance, il est nécessaire d'intervenir en quelque
matière -tout comme l'on protège les industries naissantes contre
une concurrence internationale prématurée.
La migration est le signe soit d'un «appel» extraordinaire
venant de l'étranger, soit d'un « refus » à l'intérieur du pays.
Elle cons
titue la manifestation évidente d'une certaine inadéquation structurelle
- un déséquilibre -soit dans le pays d'émigration, soit dans le pays
d'immigration, soit dans les deux pays à la fois.
En dernière analyse, I'« exode des cerveaux » est bien le signe
d'un déséquilibre structurel, à la fois dans les pays « expéditeurs» et
dans les pays « destinataires ».
Dans le cas de ces derniers, elle témoi
gne d'une offre inélastique de certains talents et de certaines compé
tences, ceci provenant en partie des restrictions d'accès de type
monopolistique que l'on îaisse se manifester dans le secteur profes
sionnel de l'économie.
Elle peut également indiquer que l'aide à
l'étranger et l'assistance technique aux autres pays est insuffisante,
mal adaptée ou mal administrée.
Dans le cas des pays « expéditeurs »,
I' « exode des cerveaux » peut être le signe d'un retard de développe
ment ou d'un sous-développement.
En tout cas, elle n'est que _le
symptôme d'un mal plutôt qu'un mal en elle-même; une politique effi
cace doit donc s'attaquer aux racines du problème plutôt qu'à ses
manifestations de surface.
Ceci suppose avant tout que l'on envisage
les faits sans préjugé et sans passion, la tête froide..
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