LETTRE 85 des Lettres Persanes
Publié le 02/08/2010
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La lettre 85 aborde la difficile question de la tolérance religieuse. Au 17-début 18ème, cette tolérance est svt bafouée. Sous le règne d Louis 14, les protestants vont avoir a subir un certain nombre de brimades c'est pourquoi la masse des protestants ont quittés la France En 1721, date où paraît les LP, sa va mieux, plus de tolérance mais tout les abus n'ont pas encore disparus. Pour éviter de heurté de façon trop direct l'Eglise, M va reporter la faute sur l'islam. M va se mettre dans une position pas dominante : en faveur de la tolérance religieuse. Pour défendre cette cause, M a recours a des exemples historiques et des arguments. I- Le plaidoyer du philosophe a-composition du texte : 2 parties Lignes 1 à 20 : Usbeck expose 2 événements survenus en Perse et leurs conséquences attendues ou constatées. Ainsi, il utilise le discours narratif et la 3ème personne. Il permet au lecteur de tirer une leçon : la tolérance a appauvri la Perse. Lignes 22 à 54 : Intervention d'Usbeck (porte parole de l'auteur) explicite comme le montrent les emplois du présent et de la 1ère personne. Montesquieu fait ainsi un plaidoyer en faveur de la religion. b-La question du pluralisme religieux : Pour Montesquieu, la religion doit être sous l'intérêt national, qui peut être menacé par les abus et le fanatisme d'une seule religion. Or s'il y a plusieurs religions, l'une corrigeant l'autre, ce sera leur fonction sociale qui primera et non leur contenu religieux. II - Un tableau implicite de la France - Montesquieu fait le parallèle entre les faits survenus en France et les faits survenus en Perse, comme par exemple " le dessein d'obliger tous les Arméniens de Perse de quitter le royaume pour toujours ou de se faire mahométans " fait allusion à la révocation de l'Edit de Nantes en 1685 par Louis XIV (comparé à Chah Soliman) aboutissement d'une politique de persécution et de répression des Protestants et notamment avec les dragonnades (1680). Montesquieu fait porter aux " ministres " la responsabilité de cette politique, qui selon les historiens correspondait pourtant aux convictions personnelles du roi et à sa conception de la monarchie absolue. La France s'appauvrit d'au moins 200 000 protestants, industriels, artisans, commerçants, agriculteurs… qui émigrèrent en Prusse et en Hollande (ici : royaumes de l'Inde voisins de la Perse). Les protestants reprirent les armes dans les Cévennes (1702-1705) et les persécutions se prolongèrent au XVIIIème siècle. -L'avant dernier paragraphe fait évidemment allusion aux guerres de religion, auxquelles avait mis fin l'édit de Nantes promulgué par Henri IV, peut-être évoqué ici à travers la figure du " grand Chah Abas ". III - La stratégie argumentative de Montesquieu La thèse est énoncée dans la phrase des lignes 22-23. Elle est formée de manière atténuée comme une hypothèse que le locuteur s'emploie ensuite à justifier par une série d' arguments : Montesquieu affirme en fait qu' " il […] est […] bon que dans un état il y ait plusieurs religions. " donc que la tolérance est utile à l'Etat. à Argument 1 (l. 24-28) de type économique : les adeptes d'une religion minoritaire cherchent à se valoriser par le travail et la fortune ce qui est bénéfique à la nation.( M ne critique pas: il voit un bénéfice. Il ne réclame pas l'égalité d'accès à un emploi) à Argument 2 : (l. 29-35) de type politique : toute religion présentant des principes d'organisation sociale, leur multiplicité les places en position de rivales et cette émulation est profitable à la société. à Argument 3 : (l. 36-37) de type religieux : une nouvelle religion corrige les abus de la religion établie. à Argument 4 : (l. 38-41) de type politique : aucune religion ne s'oppose à l'autorité politique. à Argument 5 : (l. 42- 48) de type historique : c'est l'intolérance et non la multiplicité qui est à l'origine des guerres de religion. à Argument 6 : (l. 49) de type humain : les persécutions religieuses sont inhumaines (rappel d'une évidence) Montesquieu se place essentiellement sur le terrain de la nation. Il s'adresse au pouvoir monarchique censé gouverner dans l'intérêt général, et par là même signale sa responsabilité dans la politique d'intolérance. Par ailleurs, il souligne que l'unité politique ne suppose nullement l'unité de foi contrairement à ce que pensait Louis XIV. M annonce la thèse exprimée au terme de son raisonnement. Elle sans ambiguïté favorable à la tolérance religieuse, à la multiplicité religieuse dans un Etat. M adopte une démarche scientifique: part de la réalité à une loi générale. Cette démarche est celle utilisé au siècle des lumières. Ce texte concerne encore l'actualité : pour bcp de gens, cette tolérance est loin d'être acquise.
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