L'être humain peut-il définir le temps à partir de la conscience qu'il en a ?
Publié le 25/01/2004
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Même s'il y avait quelque imprudence à dénier à l'animal tout pressentiment de sa fin, il semble en effet que la clarté et l'indubitabilité de cette certitude soient une propriété distinctive de l'homme. C'est bien pourquoi, du reste, les Grecs usaient généralement de l'expression « les mortels » pour désigner l'humanité, ainsi distinguée de ses dieux (les « immortels »), et des animaux : ces derniers, moins individués que les êtres humains, apparaissaient comme autant d'exemplaires interchangeables de telle ou telle espèce vivante, à jamais présente au sein de la nature. Cette conscience qu'a l'homme, non seulement de son individualité personnelle, mais, peut-être d'abord, de sa finitude, serait-elle à l'origine de la culture ? De fait, rites funéraires et culte des ancêtres sont présents chez l'homme dès la préhistoire, et absents en revanche des sociétés animales les plus évoluées. Comme si l'entrée dans la culture se signalait par l'effort de l'homo sapiens pour arracher ses morts à la nature. Social et familial, le rite funéraire « marie le parent aux entrailles de la terre », explique Hegel, et préserve, par-delà sa mort, son statut de « compagnon d'une communauté ». Est-ce seulement la dimension sociale de notre existence qui se trouve ainsi rythmée et en partie façonnée par notre relation à la mort et aux morts ?Exister, est-ce le propre de l'homme ?À l'échelle individuelle, aussi bien, l'existant conscient de sa mortalité et de l'écoulement du temps n'a pas la même manière d'« être » que les choses inanimées ou les êtres simplement « vivants », bêtes et plantes. On pourrait être tenté d'utiliser le terme d'existence, qui étymologiquement (lat.
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