L'Etranger: Moment crucial du procès jour du verdict, derniers discours du procureur juste avant la demande de peine. Montrer que ce discours est une satire de la justice.
Publié le 11/09/2006
Extrait du document
I. Langage qui a pour fonction de tromper A. Discours rapporté objectivement par Meursault * Aucun commentaire, impartialité totale. * Propos rapportés au style direct l.10 à 20 et l.30, 33 et l.47 à la fin, quelquefois au style indirect : formules marque exactitude propos « selon-lui « (l.33-40), « dit-il « + « ils s’étaient penchés…messieurs les jurés « au style indirect libre. B. Mise en scène du discours * Procureur = acteur donc il travaille sa voix : effets de mise en valeur arrêts pour faire monter la pression (M se réveille), parle à voix basse, effet de crescendo à la fin (« j’en suis très…la voix « [l.48]) pour donner de l’autorité façon de parler pas du tout naturelle. * P qui s’assure que auditoire écoute : « Messieurs les jurés «, « cette même cour Messieurs « [l.31], « j’en suis persuadé, Messieurs « [l.48]. C. Procédés rhétoriques * Phrases longues, bien tournées, complexes pour impressionner le peuple, beaux enchaînement [l.39], contrastes avec phrases courtes (« il doit être puni…conséquence «). * Il emploie des mots que l’on ne connait pas pour impressionner. * « je n’en avais point « négation avec un caractère précieux. * « saurit acquérir « on aurait pu mettre le verbe « pouvoir « à la place. * Voc soutenu, peu hésité : « doit se nuer « [l.15] (= se transformer), « le cédait « [l.38]. * Figures de style : « celui qui tuait «…de ces jours « belle phrase bien construite + périphrase : « l’auteur de ses jours « = manière emphatique de dire les choses. * Images : âme présentée comme un creux métaphore filée : « creux « [l.4], « vide « [l.14], « gouffre « [l.15] + « imagination recule « personnification, allégorie. * P opposé langage naturel, sincère, langage GRANDILOQUENT (éloquence emphatique). Habile usage rhétorique mais pas honnête. II. Un jugement injuste A. Meursault n’est pas jugé pour son crime * P parle de tout sauf du crime : parle de l’âme de M (« le P s’est mis à parler de mon âme «) notion religieuse, personne ne peut prétendre connaître l’âme de qui que ce soit : P avec prétention folle, déplace le sujet. * « mais il a été… de mon crime « : au lieu de parler crime, autre chose il veut susciter la haine du public contre M. * M s’endort lorsque ça ne l’intéresse pas : « je n’ai plus senti que la chaleur de cette matinée « sensations qui dominent M qui a le souci de la justesse. * M plus jugé pour la mort de l’arabe mais pour ce qu’il est : « l’homme qui est assis…juger demain « raisonnement faux qui passe pour vrai. B. Un raisonnement spécieux (= apparence rigueur mais enfaite absurdité) * « cette même cour…d’un père « : à partir de là, le P assimile ce crime à celui de M. * M coupable d’ « insensibilité «, « il a tué moralement sa mère « + gradation : « préparait «, « annonçait «, « légitimait « raisonnement qui a l’air logique et P dit que le meurtre de M est plus grave que le parricide. * Groupe ternaire (gradation) puis à la fin non sens, contre-vérité « l’homme assis…juge demain «. * Enchaînement habile, effets qui rendent invisible la fausseté du raisonnement sophistes (gens qui font des raisonnements). C. Enjeu : présenter M comme un monstre à éliminer * M présenté comme un monstre (= qqn qu’on montre du doigt) car il n’a rien « d’humain « à cause de son attitude et « pas d’âme «. * Il devient forcément dangereux pour la société, devient un « gouffre « [l.15] P veut susciter un sentiment de haine, de peur auprès des jurés. * P dit que M « s’est [retranché] de la société des hommes « : la société doit se protéger de lui, pas de scrupules à condamner un homme qui s’est lui-même retiré de la société. * « la tolérance…de la justice « [l.12-13] ici, justice = condamner purement et simplement.
Conclusion :
* Satire justice car pas juste, méchants = juges (surtout P) * Texte objectif car rapporté par M * Satire institution judiciaire car on juge le P qui est haineux pour M. * Habileté du P qui sait s’adapter à son public, choisit ses arguments (pas par hasard). * Finalement M condamné pour sa personnalité et non pas pour son crime. * Rhétorique grossière mais public non initié qui s’y laisse prendre. * Pouvoir du langage : texte pas impartial. Camus s’exprime pour faire abolir la peine de mort (il ne verra pas l’abolition).
Liens utiles
- Commentez ces lignes d'André Maurois : «La plupart des écrivains, consciemment ou non, fardent la vie ou la déforment ; les uns parce qu'ils n'osent pas montrer la vanité de tout ce à quoi s'attachent les hommes et eux-mêmes ; les autres parce que leurs propres griefs leur cachent ce qu'il y a, dans le monde, de grandeur et de poésie ; presque tous parce qu'ils n'ont pas la force d'aller au-delà des apparences et de délivrer la beauté captive. Observer ne suffit pas ; il faut pénétrer
- « On ne peut déterminer rationnellement [...] si, pour être conforme à la justice, il faut, pour un délit, infliger [...] une peine de prison de un an ou de trois cent soixante-quatre jours ou encore de un an et un, deux ou trois jours. Pourtant, [...] une semaine ou un jour de prison en trop ou en moins sont déjà une injustice. » Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821. Commentez cette citation.
- discours procès Meursault plaidoyer
- Comme Jean Valjean, il vous est arrivé un jour, d’être tenté de faire quelque chose de répréhensible. Racontez ce moment et votre décision finale, en insistant sur les sentiments contradictoires que vous avez éprouvés.
- Corpus : une satire de la justice