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L'Etranger de Camus dans le cycle de l'Absurde

Publié le 22/02/2012

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Comme toute grande oeuvre littéraire, L'Etranger ne tire sa force et sa légitimité que de lui-même. En ce sens, on peut lire ce roman en ignorant tout des autres livres qu'a signés Camus et du dessin d'ensemble que ceux-ci, dans leur réunion, composent. Camus, cependant, a toujours pris soin de distribuer ses différents ouvrages en une série de cycles qui se correspondent et se répondent : au cycle de l'Absurde succédera ainsi le cycle de la Révolte. C'est pourquoi il est préférable, sans doute, de ne pas présenter L'Etranger comme un texte isolé. Dans l'esprit de son auteur, il participait en effet à un ensemble littéraire et philosophique placé tout entier sous le signe de l'Absurde. Celui-ci devait être exploré simultanément dans le triple registre du romanesque, du théâtral et de l'essai.
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« Arrivé au terme de sa réflexion, Camus reprend son propos sous la forme d'une brève fable dont l'inspiration estempruntée à la mythologie grecque.

Selon la tradition, Sisyphe avait été condamné aux Enfers pour avoir bravé lesdieux.

Pour l'éternité, il devait rouler jusqu'au sommet d'une montagne un lourd rocher qui, parvenu en ce point,dévalait inexorablement jusqu'au fond de la vallée.

Châtiment perpétuel et particulièrement absurde dans lequelCamus choisit de voir l'image même de notre condition ! Mais cette forme particulière de la damnation, pour qui aperçu la vérité de l'absurde, devient la voie du salut : la «malédiction » se fait « bénédiction ».

Loin de haïr sonrocher, Sisyphe doit se reconnaître en lui.De même, au lieu de refuser en vain l'absurde, l'homme doit accepter ce face-à-face perpétuel avec lui qui,paradoxalement, donnera un sens à son existence, dans le refus de tous les faux-semblants et de toutes les issuesfactices.

Tel est le message d'espoir et la leçon —véritable stoïcisme moderne — que Camus nous délivre enconclusion de son ouvrage :«Je laisse Sisyphe au bas de la montagne! On retrouve toujours son fardeau.

Mais Sisyphe enseigne la fidélitésupérieure qui nie les dieux et soulève les rochers.

Lui aussi juge que tout est bien.

Cet univers désormais sansmaître ne lui paraît ni stérile ni futile.

Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagnepleine de nuit, à lui seul, forme un monde.

La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme.

Ilfaut imaginer Sisyphe heureux.

»Ce bonheur est-il aussi celui de L'Etranger? Meursault serait-il un nouveau Sisyphe? On tentera de répondre à cettedouble question lorsqu'on examinera la portée philosophique du roman.

Soulignons seulement dès à présent que cesinterrogations et ces thèmes apparaissent explicitement dans l'oeuvre de Camus juste après la rédaction deL'Etranger comme si le roman avait été le lieu de la maturation indispensable à l'expression de cette pensée. La parution de L'Etranger Le 21 février 1941, arrivé à Oran, Albert Camus notait dans ses Carnets : « Les trois "absurdes" sont terminés.

» Laquestion de leur publication se posait désormais.

Camus songea un instant à les regrouper en un seul volume qu'ilaurait confié à son éditeur algérois, Edmond Charlot.

Il adressa également à Pascal Pia — alors à Lyon — le texte deL'Etranger et celui de Caligula.

Pia fit parvenir les manuscrits au poète Francis Ponge et à André Malraux.

Fort dedifférents appuis, les trois ouvrages furent soumis en septembre 1941 aux éditions Gallimard.

Sans hésitation, ladécision fut prise de procéder à la, publication mais, malgré le souhait de Camus qui insistait fortement sur l'unité del'ensemble, les trois textes paraîtraient séparément.

L'Etranger ouvrirait la marche en attendant Le Mythe deSisyphe et Caligula.

Le livre fut dans les librairies en juin 1942.. »

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