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L'espagnolisme du Barbier par René Pomeau

Publié le 22/02/2012

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« L'Espagne du Barbier appartient [à un] système d'illusion théâtrale. Ce n'est pas l'Espagne que Beaumarchais a connue, où, disait-il, le genre humain n'est "que mal léché".[...] L'Espagne du Barbier de Séville est fort bien "léchée". N'y cherchons pas l'Espagne des Espagnols : un critique madrilène du xvme siècle a remarqué qu'il n'existait pas dans son pays de famille Almaviva, et que le comte portait un vêtement d'une autre époque que l'habit de majo endossé par Figaro. Objections accablantes, si Beaumarchais avait entrepris d'écrire une généalogie ou une histoire du costume. Mais c'est une comédie qu'il a faite, elles n'ont aucune portée. Le comte en capa y sombrero, Figaro en majo, les fenêtres grillées, la guitare en bandoulière paraissent à la scène suffisamment espagnols au public français.[...] Des noms propres aussi espagnols que Figaro, Bartholo, Almaviva complètent l'impression. Détails faciles certes. Mais, adroitement placés, ils créent l'ambiance qui convient à l'action. Beaumarchais, toujours attentif à décrire costumes et décors, sait combien une bonne mise en scène donne de relief au texte ». René Pomeau, Figaro ou la bizarre destinée, Paris, PUF, 1987, pp. 104-105.

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