Leskov, Nikolaï - écrivain.
Publié le 28/04/2013
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Leskov, Nikolaï - écrivain. Leskov, Nikolaï (1831-1895), romancier et nouvelliste russe, dont les récits pittoresques composent une fresque de la Russie profonde. Nikolaï Semenovitch Leskov est né à Gorokhovo, dans la province d'Orel, d'un père pope et d'une mère appartenant à la petite noblesse héréditaire. Le plus souvent confié à sa grand-mère maternelle, il l'accompagne en pèlerinage dans des monastères dont l'atmosphère poétique et pieuse l'impressionne vivement. Orphelin à l'âge de seize ans, contraint d'assurer sa subsistance, il parcourt les régions les plus contrastées de l'empire russe -- la Sibérie, le Grand Nord, les steppes bachkires et tatares -- et acquiert, ce faisant, une grande connaissance des coutumes, des légendes, des parlers et des types sociaux. Différent de ses contemporains écrivains par son origine, par sa formation et par son expérience, il en différera aussi par son oeuvre et, toute sa vie, se trouvera à contre-courant. Ses débuts de journaliste à Saint-Pétersbourg, dans l'atmosphère d'effervescence créée par les réformes d'Alexandre Ier, sont marqués par le scandale : son éditorial sur les incendies de mai 1862 est mal interprété, et il est mis au ban de la société progressiste et libérale ; provincial autodidacte et orthodoxe, Leskov est aussitôt et définitivement classé parmi les réactionnaires et chassé pendant plusieurs mois de son pays. Il répond à ces attaques par deux romans ( Sans issue, 1864 ; À couteaux tirés, 1870-1871) dans lesquels, soucieux de participer aux réformes, il dénonce l'utopie nihiliste et souligne la nécessité de s'informer des besoins réels du peuple. Mis au ban de la littérature, Leskov persiste dans sa conviction et, pour avoir été dès l'enfance au contact de la vie et du peuple, il choisit de raconter les « coins perdus « de la Russie. Des années 1880 jusqu'à sa mort, il ne cessera de critiquer le pouvoir civil et religieux. Son activité journalistique, menée tout au long de sa vie dans de multiples quotidiens ou revues spécialisées, laisse son empreinte dans ses écrits littéraires, où il invente la forme de l'« essai-reportage «, sans pour autant verser dans la description ethnographique. Abondante, son oeuvre peut être décomposée en plusieurs cycles : les années 1860 sont celles des nouvelles naturalistes, auxquelles appartiennent Boeuf musqué et Lady Macbeth au village (1865), sombre récit shakespearien dont Chostakovitch a tiré un opéra, la Batailleuse (1866), histoire d'une dentellière, entremetteuse à ses moments perdus, Vie et passion d'une paysanne, les insulaires. À la fin des années 1860, se sentant « à l'étroit « dans le roman, Leskov élabore une nouvelle technique narrative, la chronique ; l'auteur, cessant d'intervenir en médiateur, laisse se dérouler les faits au gré des hasards de la vie. Ainsi, dans les chroniques Gens d'Église (1872), Années d'antan au village de Plodomassovo (1869), le Déclin d'une lignée (1875), à une fable centrale extrêmement réduite se greffent des éléments narratifs hétérogènes, au temps réel se superpose un temps mythique, et à la voix de l'auteur se mêle celle du narrateur dans laquelle s'imbrique à son tour celle d'un personnage, le processus se répétant plusieurs fois. Au cycle de type hagiographique appartient notamment l'Ange scellé (1873), description du milieu des vieux-croyants et de leur adoration des images. Le cycle des « Justes « est illustré par le Vagabond enchanté (1873), Golovane l'immortel (1880), le Gaucher (1881). Ayant fustigé les tares de la société dans Faut-il en rire ou en pleurer ? (1871), dénoncé les moeurs cléricales dans les Menus Faits de la vie des évêques (1878, ouvrage brûlé par la censure), Leskov compose dans ses dernières années des contes cruels, l'Enclos (1893), sombre vision de la vie russe, Une journée d'hiver (1894), satire du tolstoïsme, la Remise aux lèvres (1895). L'oeuvre de Leskov apparaît comme une vaste enquête sur les couches les plus diverses de la société russe : plus qu'aucun autre, il a scruté l'âme et la vérité de l'homme russe, à travers ses comportements et ses attitudes, décelant avec une remarquable perspicacité, mais aussi avec ironie et poésie, sa résistance passive, anarchique et passionnelle aux formes civilisatrices européennes et aux forces coercitives de l'État. Non destructeur comme celui de Gogol ou de Saltykov-Chtchedrine, l'humour de Leskov, qui parcourt toute son oeuvre, est source de vie et rend plus humains les multiples personnages qui peuplent ses récits. Riche en couleurs et en nuances, sa langue, parfois débridée et burlesque, intègre tous les registres stylistiques et contribue à faire de son auteur l'un des maîtres de la prose russe moderne. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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