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Les relations maître valet dans le mariage de figaro et dom juan

Publié le 17/03/2011

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mariage

Beaucoup de valets, de servants, etc. sont rencontrés dans les pièces de théâtre. Ils vivent avec leurs maîtres, dans l’intimité de ceux-ci et de leur famille. Ils sont intégrés dans la vie quotidienne de la maison, ils assistent à chaque action de leurs maîtres. Ces derniers se comportent naturellement, tel qu’ils sont devant leurs valets, tandis que devant la bourgeoisie ou tout autre classe sociale supérieure, ils ne sont pas naturels car ils ont une réputation à tenir.

Les relations maître-valet sont souvent utilisées au théâtre, notamment dans Dom Juan de Molière, qui écrit au XVIIème siècle ou encore le Mariage de Figaro de Beaumarchais au siècle des lumières (XVIIIème siècle), ce qui rend le valet indispensable à l’histoire.

 

  1. La relation maître-valet dans le Mariage de Figaro

 

Dans le mariage de Figaro, les relations maître-valet sont complexes. En effet, on en retrouve

Plusieurs types de relations entre différents personnages. Ici, on va s’intéresser d’abord aux relations duelles entre le Comte et Figaro dans la scène 5 de l’acte III.

 

Dans l’acte III scène 5, Figaro est sur le point d’épouser Suzanne qui est convoitée par le Comte Almaviva. Au début de l’acte III consacré essentiellement au procès intenté par Marceline à Figaro, Le Comte prend ses dispositions par rapport à son valet qu’il soupçonne d’être informé de ses intentions par Suzanne.

Cette scène 5 présente l’affrontement de deux personnages dont l’enjeu est la possession de Suzanne. Cette rivalité leur donne à tout deux des avantages : Figaro possède l’amour de Suzanne tandis que le Comte a la supériorité sociale.

 

Le jeu du quiproquo mène l’intrigue, chaque personnage se demande ce que savent les autres, ils font des enquêtes, inventent divers stratagèmes pour savoir la vérité tandis que le spectateur, lui, est complice de chaque personnage et sait tout ce qu’ils savent.

Tandis que la Comtesse essaye de savoir ce que sait Figaro, celui-ci est très rusé.

 

Il y a 3 grandes étapes, marquées par des apartés, dans cette scène.

Chaque aparté permet aux personnages de faire le point sur la situation.

 

La première étape, c’est quand le Comte change d’avis, qu’il décide de ne pas partir à Londres car Figaro ne parle pas l’anglais. Tout ce qu’il sait dire, c’est une célèbre tirade de God-Dam.

 

Tandis que Figaro est rassuré car il est en position de supériorité, le Comte est aussi rassuré car il pense que Figaro ne sait rien quant à ses intentions. Les apartés font en sorte que Figaro reste en position de complicité avec le spectateur.

 

Dans la deuxième étape, le Comte fait de violents reproches à Figaro, ces reproches sont accentués par des répliques rapides et des reprises.

D’un coup le Comte fait un arrêt, tandis que Figaro attaque une nouvelle stratégie et que le spectateur est intrigué par celle-ci.

 

Puis, vient la troisième étape, où les personnages reviennent sur le voyage à Londres.

Le Comte est déstabilisé, ce qui met encore plus Figaro en position de supériorité, car il pense maintenant que Suzanne l’a trahi. Cet élément nous montre que Figaro résiste et que le Comte a du mal à s’en sortir.

Mais soudain il y a un retournement de situation : le Comte trouve la bonne conclusion tandis que Figaro se trompe.

 

Ensuite, les personnages se livrent à deux grandes tirades.

 

Dans la première, Figaro veut prouver au Comte qu’il connaît les habitudes anglaises avec God-Dam.

Les didascalies nous montrent les mimiques des personnages qui nous font penser à une scène de farce.

Figaro montre son coté satirique et se moque du Comte.

A ce moment, Figaro en profite pour dénoncer des comportements politiques dont l’hypocrisie est soulignée par des oppositions.

Ces deux tirades font en sorte qu’il ne veuille plus aller en Angleterre.

 

Figaro n’hésite donc pas à s’opposer à son maître et à donner son avis même s’il est opposé à celui du Comte.

 

  1. II.                 La relation maître-valet dans Dom Juan

 

Sganarelle est le valet de Dom Juan. Néanmoins on ne le voit jamais faire de travail généralement destiné au valet (ménage, corvées). On peut le considéré comme l’homme de confiance de Dom Juan. Il lui doit tout de même l’obéissance.

En fait, Dom Juan possède d’autres valets (Ragotin, La Violette et La Ramée) à qui il confie les diverses besognes serviles.

 

Mais Sganarelle a peur de Dom Juan, son maître (par exemple acte I, scène 1). Mais il ne craint pas pour autant de le défier, la plupart du temps indirectement. Il est ironique et applique les ordres de Dom Juan sans tenir compte des sous entendus de cet ordre : par exemple, il n’avertis pas son maître de la présence d’Elvire, car dans son ordre Dom Juan ne l’a pas demandé (« - Traître, tu ne m’avais pas dit qu’elle était ici elle-même. – Monsieur, vous ne me l’avez pas demandé. » Acte 1, scène 2). Il dit même à son maître ce qu’il pense de lui, mais avec l’accord de ce dernier.

 

Malgré sa peur, il ressent de la fierté de servir cet homme hors du commun. Il l’admire comme en témoigne l’exclamation « Oh ! Quel homme ! Quel homme ! » dans l’acte V, scène 2. Il va même jusqu’à imiter son maître malgré son manque de connaissances, en faisant l’éloge du tabac.

 

 

Dom Juan a sa propre vision du monde. Il prend plaisir à être un tyran avec son valet. En faisant cela, il veut prouver sa force et dominer son monde. C’est pourquoi Sganarelle dit « Il me vaudrait mieux d’être au diable que d’être à lui ».

 

Lorsque les frères d’Elvire décident de tuer Dom Juan, celui-ci demande à son pauvre valet, Sganarelle de porter ses vêtements. Il trouve cela normal qu’un valet se sacrifie pour son maître et pour le convaincre il lui dit « Allons vite, c’est trop d’honneur que je vous fais, et bien heureux est le valet qui peut avoir la gloire de mourir pour son maître » dans l’acte II, scène V.

 

Dom Juan a tout le temps besoin de son valet, il ne s’en sépare jamais. Il lui donne une existence et Sganarelle n’a aucune autre existence que celle-ci.

 

On remarque que Sganarelle est un serviteur exceptionnel et irremplaçable : il aide son maître dans ses démarches amoureuses, Dom Juan se débarrasse des ses corvées en les donnant à Sganarelle (affrontement avec d’autres personnages, etc.) et il se confie à lui.

 

 

Cette relation est un véritable paradoxe : Dom Juan et Sganarelle sont inséparables. Ce dernier oublie son rang de valet lorsqu’il est avec son maître, il l’imite, le suis partout et a l’impression de lui ressembler. Sganarelle ne peut vivre sans Dom Juan puisqu’il vit à travers cet homme. Il n’utilise jamais la première personne du singulier, se définit à travers Dom Juan, il est fasciné par son maître. Toute cette admiration explique que la mort de Dom Juan provoque une véritable tristesse pour Sganarelle.

 

Quant à Dom Juan, il ne peut pas vivre non plus sans Sganarelle. En effet, après beaucoup de médisance, il est détesté de tout le monde. La seule personne qui reste auprès de lui et à son écoute est son fidèle valet Sganarelle.

 

Ces deux hommes que tout oppose deviennent complémentaires grâce à leurs relations ambigües mais fortes et complices. Ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre.

 

 

 

 

Donc, on observe que dans Dom Juan, au XVIIème siècle, les rapports maîtres valets sont très traditionnels : le valet obéis à son maître en toute circonstance, il l’écoute, donne son avis uniquement si on le lui demande, … tandis qu’avec le Mariage de Figaro, écrit un siècle plus tard, le valet s’oppose à son maître, parfois violement, ils enchainent les tirades pour donner leur avis respectif, le valet prend une position parfois supérieure à celle de son maître et n’est plus « soumis » à lui.

On peut se demander si cet état d’esprit à évoluer depuis le XVIIIème siècle, si il est encore coutume de prendre des valets, quelle est la position de ceux-ci par rapport à leur maître,…

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