Les premiers pas du S.M.E. — Une opinion française
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
Sans vouloir exagérer l'importance des ajustements de parité du 23 septembre (1 979) - réévaluation du mark de 2 %, dévaluation de la couronne danoise -, c'est un accident regrettable qui risque peut-être de stopper le processus.
Essayons de comprendre ce qui s'est passé. Le lundi 1 7 septembre, le Conseil des ministres des Finances de la Communauté constate que le S.M.E. a fonctionné de façon très satisfaisante depuis six mois. Il décide, par suite, qu'il n'y a pas lieu de procéder à des ajustements de parités. Six jours plus tard, les mêmes hommes se réunissent d'urgence à Bruxelles à la demande pressante de la République fédérale et décident qu'il est indispensable de réévaluer le mark et de dévaluer la couronne danoise. Entre-temps, le dollar avait connu un accès de faiblesse qui l'avait ramené au niveau de fin octobre 1 978.
Le premier élément d'explication, c'est l'attitude allemande. La précipitation de la République fédérale à demander une réévaluation de sa monnaie s'explique essentiellement par les effets néfastes pour elle de la stabilité, maintenue pendant neuf mois, de la parité du mark et avec le dollar et avec les monnaies de ses voisins européens. Tout se passe comme si la République fédérale ne pouvait plus se passer de l'appréciation permanente du mark.
Privée de cette arme, elle semble gérer difficilement son économie. Le malheur, c'est qu'un pays ne peut jouer ce jeu que seul, et au détriment de ses voisins. Toute réévaluation du mark, si elle allège les prix intérieurs en Allemagne, les alourdit en France et dans les autres pays de la C.E.E. L'Allemagne, malgré son adhésion au S.M.E., semble encore pleine de nostalgie pour les facilités des changes flexibles...
La leçon des événements de la semaine du 1 7 au 23, c'est surtout l'absence de politique concertée du dollar, entre les banques centrales des pays membres du S.M.E. Evidemment, c'est aussi l'absence de politique concertée entre la Réserve fédérale de New York et les autorités du S.M.E....
«
Exercices
d'application 1 81
La seco11de explication des difficultés du S.M.E.
tient à ses suc
cès antérieurs et à la crainte que le Système suscite dans beaucoup de
pays et de milieux.
En premier lieu, dans certains cercles du F.M.I.
et
chez les membres de l'administration américaine, pour lesquels le
F.M.I.
est toujours un pion important de la stratégie mondiale des
Etats-Unis.
Le S.M.E.
s'est déjà révélé un instrument d'actjon internationale
plus puissant qu'on ne le pensait.
Si les Etats-Unis ont mené avec tant
de détermination une politique de stabilité du dollar depuis novembre
1 9 7 8 n 1
, on peut être assuré que la crainte du concurrent Ecu y a été
pour beaucoup.
Si le compte de substitution du F.M.I.
(c'est-à-dire la
possibilité pour les banques centrales d'échanger à doses homéopathi
ques des dollars contre des D.T.S.), ce vieux cheval de retour qui traîne
dans les cartons du Fonds depuis dix ans, a été mis au point en quel
ques mois, c'est encore -h'en doutons pas - à cause du concurrent
Ecu.
Au F.M.I., c'est surtout le futur Fonds monétaire européen
(F.M.E.l qu'on a tendance à considérer comme un concurrent dange
reux.
Il doit entrer en fonction, si tout va bien, en mars 1 9 81 .
On ima
gine déjà les pays de la Convention de Lomé adhérant au S.M.E.
en
empruntant au F.M.I.
On craint qu'une bonne partie des 40 milliards
de dollars de disponibilité que la hausse du pétrole va laisser entre les
mains de l'O.P.E.
P.
121
ne se placent plus volontiers en euro-écus qu'en
dollars ou en euro-dollars.
La tâche difficile des dirigeants du S.
M.E.
c'est de déjouer les
pièges tendus à droite et à gauche et de mener le S.M.E.
à la réussite
sans en faire l'instrument d'un schisme monétaire occidental.
■ J.
Denizet,
Le dollar contre /'Ecu?
L'Expansion, 5/18 octobre 1979, extraits, pp.
187 et 189.
Notes pour un commentaire
Le rapprochement de ce texte avec les textes précédents (supra,
p.
1 70 à 1 79) permettra d'enrichir le commentaire.
On retiendra ici deux
ensembles d'idées.
i 1) Jusqu'à l'accès de faiblesse de décembre 197 9, en parallèle à la hausse vertigineuse du prix de l'or sur
les marchés libres.
(2) Et bien plus sans doute depuis les décisions désordonnées de la conférence de Caracas en décembre
1979,.
»
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