Les Odeurs Et Les Décors De La Pension Vauquer
Publié le 17/01/2011
Extrait du document
Extrait:
Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu’il faudrait appeler l’odeur de pension. Elle sent le
renfermé, le moisi, le rance : elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements ; elle a le goût d’une
salle où l’on a dîné ; elle pue le service, l’office, l’hospice.
Peut-être pourrait-elle se décrire si l’on inventait un procédé pour évaluer les quantité élémentaires et nauséabondes qu’y
jettent les atmosphères catarrhales et sui generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. Eh bien ! Malgré ces plates
horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contigue, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme
doit l’être un boudoir.
Cette salle, entièrement boisée, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd’hui, qui forme un fond sur lequel la
crasse a imprimé ses couches de manière à y dessiner des figures bizarres. Elle est plaquée de buffets gluants sur lesquels
sont des carafes échancrées, ternies, des ronds de moiré métallique, des piles d’assiettes en porcelaine épaisse, à bords
bleus, fabriquées à Tournai.
Dans un angle est placée une boîte à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses, de chaque
pesionnaire. Il s’y rencontre de ces meubles indestructibles, proscrits partout, mais placés là comme le sont les débris de
la civilisation aux Incurables.
Vous y verriez un baromètre à capucin qui sort quand il pleut, des gravures exécrables qui ôtent l’appétit, toutes encadrées
en bois verni à filets dorés ; un cartel en écaille incrustée de cuivre ; un poêle vert, des quinquets d’Argand[1] où la
poussière se combine avec l’huile, une longue table couverte en toile cirée assez grasse pour qu’un facétieux externe y
écrive son nom en se servant de son doigt comme de style, des chaises estropiées, de petits paillassons piteux en sparterie
qui se déroule toujours sans se perdre jamais, puis des chaufferettes misérable à trous cassés, à charnières défaites, dont
le bois se carbonise.
Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il
faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne
pardonneraient pas.
Le carreau rouge est plein de vallées produites par le frottement ou par les mises en couleur. Enfin, là règne la misère
sans poésie ; une misère économe, concentrée, râpée. Si elle n’a pas de fange encore, elle a des taches ; si elle n’ai ni
trous ni haillons, elle va tomber en pourriture.
Les odeurs et les décors de la pension Vauquer
Commentaire littéraire du Père Goriot
Introduction
On qualifie Balzac de réaliste, donc, on peut voir et sentir le dramatique de toute l’histoire par ses descriptions détaillées. Dans Le Père Goriot, la relation entre le narrateur et les lecteurs est intime. Balzac veut que ses lecteurs pénètrent aussi dans la pension avec lui comme si c’était une visite de musée et il était le guide. Balzac nous invite de visiter la pension Vauquer alors qu’il nous la présente de manière méprisante, subjective et ironique. Pour nous faire connaître le salon et la salle à manger, il décrit l’intérieur de façon scientifique. Nous pouvons constater que Balzac est érudit et qu’avant d’avoir écrit, il avait bien accumulé des informations et des expériences.
Pour bien connaître comment la pension influence Madame Vauquer, on peut commencer par :
I. L’emploi du temps : le présent et le conditionnel
II. Les sens physiques : le goût, l’odorat, la vision, et le toucher.
III. Les descriptions des décors basées sur des couleurs.
IV. Le pointe de vue du narrateur sur la pension
Développement
I. L’emploi du temps : le présent et le conditionnel
On peut voir que presque toutes les textes sont écrits par le présent et le conditionnel. Grammaticalement, le présent est employé pour décrire une vérité générale. Dans cet extrait, Balzac l’emploie pour nous faire croire que la pension est en fait existante et qu’elle n’est pas par hasard inventée pour coïncider l’intrigue et les personnages.
Par exemple, « Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue....Elle sent le renfermé, le moisi, le rance ; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements ; elle a le goût d’une salle où l’on a dîné ; elle pue le service, l’office, l’hospice. «, les champs lexicaux « exhale «, « sent «, « pue « qu’utilise Balzac expriment la vivacité de l’odeur de la pension. On peut le sentir comme si on était là.
L’autre emploi du temps, c’est le conditionnel. Grammaticalement, il est employé pour exprimer le désir, le souhait, le conseil..etc. Dans cet extrait, pour prouver la crédibilité, Balzac nous conseille avec ses descriptions de suivre le développement de l’intrigue.
Par exmple, « si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contïgue, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l’être un boudoir. «, « il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas.« Dans ces phrases, on peut voir que la relation entre le narrateur et les lecteurs est intime. Balzac raconte non seulement l’histoire mais aussi le sentiment et la réaction des lecteurs.
II. Les sens physiques : le goût, l’odorat, la vision, et le toucher.
La description des sens physiques est l’une des particularités dans cet extrait. Balzac nous invite de pénétrer dans la pension, il nous présente son odeur et sa vue alors qu’il n’y a pas de bruit dans cette pièce. Il implique que la pension est inanimée et qu’elle est abandonnée par ses occupants. Pour exprimer la misère, la pauvreté et la saleté de la pension, Balzac les décrit de façon très vivante. En plus de la description du sens de la vision qui domine dans l’extrait, on peut voir aussi :
- l’odorat
« Cette première exhale une odeur sans nom dans la langue...elle sent le renfermé, le moisi, le rance......elle pue le service, l’office, l’hospice. «
- le goût
« elle a le goût d’une salle où l’on a dîné. «
- le toucher
« une longue table couverte en toile, cirée assez grasse pour qu’un facétieux externe y écrive son nom en se servant de son doigt comme de style. «
III. Les descriptions des décors basées sur des couleurs.
Une autre particularité manifestée dans cet extrait, c’est l’emploi des couleurs inanimées que Balzac met l’accent sur le mauvais goût, la tristesse et la vieillesse dominant dans la pension de Madame Vauquer.
Voici les exemples que Balzac décrit les décors de la pièce pour l’accentulation sur la misère et la saleté :
- Le gris : « des ronds de moire métallique. «
- Le noir : « des gravures exécrables qui ôtent l’appétit, toutes encadrées en bois vernis à filets dorés. «, « des chaufferettes misérables à trous cassés, à charnières défaites, dont le bois se carbonise. «
- Le cuivre : « un cartel en écalle incrustée de cuivre. «
- Le vert : « un poêle vert. «
IV. Le pointe de vue du narrateur sur la pension
Dans ce roman, on voit que Balzac utilise de nombreux adjectifs péjoratitifs pour décrire la pension tels que « ternies «, « exécrables «, « estropiés «, « piteux « et « misérable « qui provoquent la narration sur « la misère sans poésie«. De plus, on remarque des champs lexicaux des adjectifs dépréciatifs qui sont servis à qualifer les meubles : « ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant. «. Il s’agit d’une hiérachie pour faire savoir les lecteurs que la pension et ses pensionnaires ont une maladie « incurable «.
Le point de vue sur cette pièce n’est pas objectif du tout. Pour susciter la curiosité et l’intérêt des lecteurs, Balzac utilise le prénom « vous « ainsi que du conditionnel. Sans doute, Balzac nous invite de découvrir ensemble la ridiculité de la pension. Dans cet extrait, on remarque aussi l’idée qu’exprime Balzac à la fin : « il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressée ne pardonnerait pas. «. Comme ce roman s’illustre basé sur les longues descriptions détaillées, il se moque de ceux qui n’ont pas de patience et de persévérance l’écoutent raconter cette histoire. Ça évoque aussi les critiques de la mode des salons au dix-neuvième siècle.
Conclusion
Balzac est digne d’être un réaliste parce qu’avec sa plume, il fait tourner les mots aux images. Il a l’esprit d’observation pour le monde où il se trouve. Par sa vision subjective et ironique, le paradoxe de cette pièce se manifeste. La misère qui se produit dans la pension n’est pas accidentelle parce qu’il y a beaucoup à voir avec sa propriétaire et ses occupants. C’est non seulement un roman, mais aussi un drame qui décrit la vie de MadameVauquer et de ses pensionnaires.
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