Devoir de Philosophie

Les Misérables, Victor Hugo, Jean Valjean, Cosette : La Petite Toute Seule

Publié le 12/09/2006

Extrait du document

hugo

Victor Hugo a commencé les Misérables en 1845 sous le titre les Misères. Dans sa préface, en effet, il défend l’utilité de ce livre « tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère « . Les personnages principaux de cette œuvre suscitent notre pitié par leur état de faiblesse, de pauvreté et de souffrance. Or, Quoi de plus faible qu’un enfant ? Dans cet extrait, la petite cosette , fillette de huit ans, est forcée par ses tuteurs d’aller chercher de l’eau dans la foret en pleine nuit. Avec l’enfant nous allons être plongés dans un monde angoissant ou tout repère disparaît. Il s’agira d’abord d’étudier cet effroi de la fillette devant une nature hostile ou comment elle est, selon les termes mêmes de l’auteur « atrophiée par la nuit « Puis nous verrons comment l’auteur lui-même est plongé dans une angoisse morbide.

 

Les deux premiers paragraphes s’apparentent a une description du paysage tel que cosette le voit : « l’enfant regardait «, et à travers son « oeil éloigné «, le narrateur nous décrit ce qu’elle ressent. Jusqu'à la ligne 14 d’ailleurs les verbes sont a l’imparfait, temps de la description. Ces sens sont mis en éveil, sa vue est troublée par la lune dont le halo de brume déforme la taille et diminue la visibilité,les buissons sont « difformes « ,l’ouie est sollicitée par le sifflement du vent rendu plus vif par les allitérations en (s) « soufflait « « froissement « et « sifflait « , et en même temps effrayant par des silences inhabituels «aucun froissement de feuilles «. L’enfant est perdue dans un monde qu’elle ne connaît pas : son ouïe est égaré et elle ne reconnaît pas un astre aussi familier que la lune.

Non seulement, c’est un monde inconnu, mais aussi hostile et menaçant dans lequel elle est comme une bête traquée : cela est rendu par l’usage du mot proie ainsi que par de nombreux pluriels qui sont d’autant plus d’ennemis tapis dans l’ombre. La nature est peuplée de ces être multiformes, ou bien elle est personnifiée en monstres redoutables : « armés de griffes «, et un peu plus loin, « torses d’arbres « .Le narrateur se sert a deux reprises de l’outil de comparaison comme pour faire vivre un monde animal(« fourmillaient «), « griffes « et « anguilles « , dans un monde végétal. Les allitérations en [r] , les assonances en [o] et [a] ou encore la gradation(« sans l’éclipse dans la nuit, dans l’opacité fuligineuse «) accentuent le caractère terrifiant du cadre.

Finalement , cette plongée dans les ténèbres est une descente aux enfers où règnent le néant et la mort. En effet , le champ lexical du sang (ici symbole de la mort et non de la vie) est présent dès la quatrième ligne : « une rougeur horrible « la métaphore filée (ligne suivante) de la plaie lumineuse « évoque la souffrance redoutée par l’enfant Dans le troisième paragraphe c’est un monde de fantômes vers lequel on avance au fur et a mesure que la fillette pénètre dans la forêt. La mort la menace de  toutes parts :  elle est présente dans l’évocation des tombes , « cavité «, « sépulcrale « comme un cimetière lugubre.

Nous avons donc vu comment l’auteur avait réussi a décrire l’effroi d’une enfant face a une nature terrifiante. Regardons désormais comment il nous plonge nous aussi dans cette angoisse existentielle.

 

Tout d’abord, le changement  du temps des verbes ligne 15 ( passage de l’imparfait au présent) élargit la description a une vérité générale et universelle de la peur . Quiconque est valable pour tous, Ainsi que le « on « impersonnel répété juqu’a la ligne 32 : Le narrateur et le lecteur sont désormais impliqués dans cette expérience de l ‘angoisse avec la peur classique du noir, de l «obscurité « , « contraire du jour «. La liste redondante des substantifs évoquant la nuit et l’accumulation des adjectifs « redoutables «, « taciturne funèbre, effrayant « … rend l’atmosphère pesante. Avec la phrase construite comme aphorisme : «quand l’oeil voit noir, l’esprit se trouble « l’espace (ici l’obscurité et la brume influe sur le psychisme. D’ailleurs, Les frontières entre la réalité et l’imaginaire s’amenuisent : « On voit flotter dans l’espace ou dans son propre cerveau «

Les contours de la réalité ont donc fondu. La brume et la nuit ont envahi l’espace et l’esprit. Ce flou augmente la peur. La plume de l’auteur décrit donc avec une précision remarquable cet univers sordide. On trouve dans ce texte des marques du romantisme où les sensations occupent toute laplace.

Le lecteur se surprend a trembles .Il est tiraillé par « la peur et l’envie de regarder derrière lui « La longueur de la phrase (l.20 à 30) élargit l’espace a une nuit sans fin. Nous sommes presque dans le monde fantastique de Maupassant, si l’on peut se permettre cet anachronisme, où s’enchevêtrent rêve et réalité. Rien n’est là pour nous rassurer et a fortiori pour rassurer une enfant de huit ans : «cette pénétration des ténèbres est inexprimablement sinistre dans un enfant «.

 

Dans une prose lyrique qui lui est propre, Victor Hugo nous conduit sur les sentiers de la peur dans une atmosphère de fin du monde. Plus largement que cosette, c’est le symbole de l’humanité misérable qui marche dans un monde hostile juqu’a sa perte.

Liens utiles