Les Membres et l'estomac : une critique de la monarchie ?

   I. L’art de la fable

   a. la composition de la fable

2 phrases d’introduction sur 4 vers puis ouverture sur le récit que l’on peut diviser en quatre mouvements :

   * la révolte des membres lassés de travailler pour Maître Gaster (v. 6), leur revendication au style direct (V. 9-13) + les conséquences de la grève (14-20) et la leçon tirée par eux.

   * La phrase au vers 25 marque la transition entre le récit et sa morale entre le comparé et le comparant « Ceci peut s’appliquer à la grandeur royale «

   * Il s’agit ici d’un schéma narratif particulier : la narration commence d’emblée par la perturbation de la SI qui n’est pas évoquée mais ss entendue puisque chacun sait comment le corps fonctionne : « les membres se lassant, chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme « v. 6-7 => A partir du vers 18, le poète décrit la conséquence concrète de la décision : « les forces se perdirent « v. 20. La phrase du vers 21 « les mutins virent « introduit le raisonnement qui a suivi l’observation menée par les membres du corps. v. 24.

   * Les verbes sont au passé simple quand il faut introduire une action de rupture dans la narration v. 7, 18, 19 et au présent de narration. Cf le repère temporel « bientôt « vers 18 ancre déroulement du récit dans le temps.

   b. Les personnages

Les perso ne sont pas des animaux mais les différentes parties du corps – ils sont personnifiés, cf les vers 18, 21 et doués de paroles v. 9, 16. Le récit est aussi rendu vivant via l’emploi de questions rhétoriques, cf vers 11 « et pour qui ? «

Les parties du corps forment un groupe qui s’exprime à la première personne du pluriel. Au sens figuré, elles font bel et bien corps – elles sont ensemble – cf la pluralité des pluriels. 

Face à ces pluriels abondants, le sg de Gaster tranche. Seul Gaster n’a jamais la parole car les faits suffisent à le justifier. Il n’a pas besoin d’argumenter ou de raisonner. Son pourvoir, comme celui du roi, est assis définitivement. En effet, il a la justice et la tradition de son côté.

   c. la versification

Ecrite en vers, la fable ne lasse pas car le système des rimes est très varié : 

   * rimes croisées en intro, 

   * rimes embrassées à la fin

   * et alternance de rimes plates/ croisées/ embrassées dans le cours de la fable. 

De même, il faut noter l’alternance de vers mêlés : alexandrin et octosyllabe

   II. La portée de la fable

a. l’analogie entre le corps humain et la monarchie

L’analogie entre le rôle de l’estomac (cant) et le roi (cé) est d’abord préparée par le chp lexical du fonctionnement du corps à propos du roi (cf, « l’aliment « vers 29) et inversement l’utilisation de termes humains (travailler, gentilhomme, vers 6-7) , métier (vers 13) à propos des membres.

Elle repose aussi sur l’opp entre le sing (le roi) et le pluriel (les sujet)- l’un et l’autre sont au cœur d’un échange de services comme le montre le jeu des pronoms dans la phrase des vers 28-29. L’adverbe « réciproquement « entre les deux parties de la phrase contribue à montrer le va-et-vient nécessaire entre les groupes.

b. le refus de la tyrannie mais la nécessité de la royauté

le roi ramène tout à lui, mais le pronom « elle « renvoie à la grandeur royale, noter que le « Elle « est le sujet de tous les verbes, cf vers 26, 30-34.

L’enseignement de la fable est le suivant : c’est pour tout redonner que messer gaster, le roi, doit tout prendre. Mais en même temps, messer Gaster a besoin des autres pour pouvoir redistribuer… 

Les deux parties de la fable sont ainsi étroitement liées – leur unité est aussi assurée par la présence du Je de LF – l’auteur réapparaît à la fin du texte par son choix d’une nouvelle anecdote : la sécession de la plèbe

   d. L’exemplum antique, miroir d’un contexte politique actuel

La réf antique vers 35- 46, sert argt d’autorité. La comparaison du corps et du pouvoir royal n’est en effet pas nouvelle mais LF remotive l’anecdote dans un contexte politique différent du contexte antique. Ici, LF, comme Menemius Agrippa, a besoin de passer par l’apologue, par une histoire divertissante, pour convaincre les foules…