Les Liaisons Dangereuses: Une Leçon Morale ?
Publié le 16/10/2010
Extrait du document
On remarque que la préface est complètement en désaccord avec l’avertissement de l’éditeur. Dans la préface du rédacteur, de Laclos explique qu’il a simplement réorganisé toutes les lettres d’une correspondance ne venant pas de lui et a même voulue modifier quelques parties inutiles de certaines lettres mais celas lui as était refusé. Alors que dans l’avertissement de l’éditeur il est dit qu’ils sont certains que ces lettres là ne sont pas vrais et que ce recueil n’est qu’un roman écrit pas Laclos. On voit donc qu’ils sont totalement opposés dans leurs propos et ne concèdent aucun argument de l’autre par exemple l’éditeur dit : « malgré le titre de cet ouvrage et ce qu’en dit le rédacteur dans sa préface, nous ne garantissons pas l’authenticité de ce recueil et nous avons de fortes raisons de penser que ce n’est qu’un roman. « (l.1 à 4). Cet argument cherche à détruire complètement le doute que laisse planer le rédacteur sur la véracité de ces lettres.
La visée morale du roman est formulée dans la « préface du Rédacteur « où l’on peut lire :
« L’utilité de l’Ouvrage, qui peut-être sera encore plus contestée, me paraît pourtant plus facile à établir. Il me semble au moins que c’est rendre un service aux mœurs, que de dévoiler les moyens qu’emploient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont de bonnes, et je crois que ces Lettres pourront concourir efficacement à ce but. « Cette intention édificatrice, bien qu’elle suscite quelques questionnements lors de la lecture du roman, doit être donnée à Laclos. On remarque qu’il dit : « ON y trouvera aussi la preuve et l’exemple de deux vérités importantes qu’on pourrait croire méconnues, en voyant combien peu elles sont pratiquées : L’une, que toutes femmes qui consent à recevoir dans sa société un homme sans mœurs, finit victime ; l’autre que toute mère est au moins imprudente, qui souffre qu’un autre qu’elle ait la confiance de sa fille. « (Lignes 66 à 70) dans ces deux extraits, Laclos parle d’une forme générale et simplifiée de ce qui se passe dans les liaisons entre Valmont, Cécile et Mme de Tourvel. Cette façon de le mettre à une forme générale met en évidence la morale et la « gravité « des actes de Valmont.
Tout d’abord, le pacte romanesque est basé sur la confiance établie entre Laclos et ses lecteurs. En effet il dit « Chargé de la mettre en ordre par les personnes à qui elle était parvenue, et que je savais dans l’intention de la publier […]. Ma mission ne s’étendait pas plus loin. « (Lignes 3 à 5 et l.13). Laclos se définie donc comme un simple intermédiaire entre les correspondants réels et le lecteur afin de ne pas divulguer le nom des auteurs et aussi de réordonner les lettres.
Mais le fait de ne pas divulguer le nom des correspondants laisse au lecteur un léger doute sur la véracité de cette correspondance, qui est profondément accentuée par l’avertissement de l’éditeur : « malgré […] ce qu’en dit le Rédacteur dans sa préface nous ne garantissons pas l’authenticité de ce Recueil (…) «. (l.1 à 4). Le pacte romanesque qui est clairement remis en cause par l’éditeur ce qui laisse le lecteur dans le doute et le pousse à lire plus attentivement ce roman. Ce doute forçant à intriguer le lecteur pourrait mous faire penser que cet avertissement de l’éditeur n’est enfaite écrit par personne d’autre que par Laclos.
Premièrement, la situation finale correspond au dénouement du roman. Dans chacune des trois dernières lettres des Liaisons Dangereuses, on retrouve des éléments correspondants à la situation finale d’un roman. En effet on apprend la chute de Mme de Merteuil et le départ de Danceny : « Madame de Merteuil, en arrivant de la campagne, avant-hier jeudi, s’est fait descendre à la Comédie Italienne, où elle avait sa loge ;
Ce que l’on peut remarquer c’est le style narratif qu’utilise Mme de Volanges pour décrire la situation dans laquelle chaque personnage du roman se trouve à la fin. Elle joue le rôle de narrateur en rapportant des faits dont elle n’a pas été témoin : “la même personne qui m’a fait ce détail m’a dit que madame de Merteuil avait pris la nuit suivante une très forte fièvre, qu’on avait cru d’abord être l’effet de la situation violente où elle s’était trouvée; qu’on sait depuis hier soir, que la petite vérole s’était déclarée confluente et d’un très mauvais caractère.” (Lignes 67 à 70.) Cette fonction de narrateur, prise par Mme de Volanges se trouve dans les lettres 173 et 175, où elle s’adresse à Mme de Rosemonde. On pourrait aussi remarquer que Laclos a tourné cette fin en un dénouement tragique, comme dans les tragédies théâtrales de l’antiquité. Ils y ont plusieurs éléments qui en sont très proches par exemple, Mme de Volanges aurait le rôle de Chœur dans lequel elle raconte les morts de Valmont et de Mme de Tourvel et aussi ce qui est arrivé à tout le personnage du roman. Finalement Laclos découpe son roman en quatre parties que l’on retrouve dans théâtre tragique : il y a les scènes d’exposition, la montée de la tension, le nœud tragique de l’intrigue puis le dénouement final. Le dénouement final dans ce cas là, correspond à l’élément de résolution et la situation finale.
On voit que dans les trois dernières lettres, qui sont “la situation finale” ont une visée moralisatrice : dans la lettre 173 Mme de Volanges dit à Mme de Rosemonde : “Adieu, ma chère et digne amie. Je vois bien dans tout cela les méchants punis ; mais je n’y trouve nulle consolation pour leurs malheureuses victimes. " (Lettre 173, lignes 74-75)
Au cours des trois dernières lettres, on apprend aussi le sort de tous les personnages : La Présidente de Tourvel meurt d’avoir aimé Valmont. Prévan est (temporairement) humilié par la Marquise de Merteuil, qui voulait simplement prouver sa supériorité au Vicomte en perdant un homme qui avait la réputation de perdre les femmes. Le Vicomte de Valmont meurt en duel, contre Danceny, parce que son ancienne alliée, la Marquise de Merteuil l’a trahi. La Marquise de Merteuil perd son prestige et sa réputation par les lettres envoyées à Valmont et remises par ce dernier au Chevalier Danceny, qui les fait circuler. Danceny perd ses illusions, son amour pour Cécile de Volanges, et s’exile. Cécile, trompée par Valmont et par Merteuil, mais aussi par Danceny, rentre au couvent.
Ces liaisons sont d’autant plus dangereuses qu’elles n’épargnent personne : Mme de Volanges, qui avait prévu un mariage prodigieux pour sa fille se résout à la voir partir dans un couvant, et découvre à quel point la Marquise de Merteuil la trompée et voir même trahit ; la mort lui enlève une très bonne amie qui était la Présidente de Tourvel. Mme de Rosemonde elle-même, pourtant éloignée des instabilités de la vie mondaine, perd son cher neveu, le Vicomte de Valmont, à qui elle vouait un amour aveugle, sans limites, tout maternel. De plus, destinataire des lettres qui finissent les liaisons dangereuses, seule à connaître l’ampleur des dégâts
Si le dénouement était parfaitement moral, les personnages positifs seraient les grands gagnants, contrairement aux personnages négatifs comme Valmont et Mme de Merteuil. Or Mme de Tourvel, la figure féminine la plus bienveillante de l’œuvre, meurt d’avoir trop aimé. Cécile, qui est loin d’être entièrement bonne, du fait de sa naïveté, sort du couvent au début de l’œuvre pour y retourner à la fin. Danceny, qui n’a pas résisté au charme empoisonné de Mme de Merteuil part pour Malte, désappointée. Seule Mme de Volanges et Mme de Rosemonde restent. Mais la première a contribué au désastre en se faisant l’écho des rumeurs qui font et défont les réputations, et en restant aveugle et sourde à ce qui se tramait dans son entourage. Quant à Mme de Rosemonde, si elle incarne un certain bon sens et paraît assez aimable, son grand âge la tient toujours en dehors de la société. De plus, les personnages négatifs ne sont pas punis de façon édifiante. L’amour de Valmont pour la Présidente, qui transparaît dans certaines lettres, sa mort en duel, qui s’apparente à un suicide d’amour, rachète le personnage. Quant à Mme de Merteuil, on peut penser à deux interprétations : la première c’est que : Mme de Merteuil est la seule rescapée de cette fin tragique : bien qu’aveugler et ruinée, elle peut encore survivre, et même peut-être redémarrer une nouvelle vie, selon ses principes de libertinage. Son apparence pourrait devenir un certain atout pour simuler l’austérité, et son esprit est toujours le même. La seconde interprétation possible prône la défaite de Mme de Merteuil, puisque celle-ci a perdu des armes principales : la beauté et l’argent. Quoi qu’il en soit, Mme de Merteuil a survécu au désastre, certes complètement dévasté physiquement et mentalement. Enfin, il est intéressant de se pencher au cas de Prévan : grand rival du vicomte de Valmont, qui tout comme lui a perdu bien des femmes, et a été humilié par Mme de Merteuil, il en est, in extremis, réhabilité à la fin. Ceci serait une contre-morale de l’histoire.
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