Les Liaisons Dangereuses de C. de Laclos, Etude de la Lettre IV, Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.
Publié le 15/09/2006
Extrait du document
Introduction :
L’extrait proposé correspond à la lettre IV dans laquelle le Vicomte de Valmont, en réponse à une lettre de la Comtesse, expose son refus quand à la requête qu’elle l’implore d’accomplir. En effet, venant d’apprendre que son ancien amant, le Conte de Gercours, avait pour projet d’épouser la jeune et prude, Cécile de Volanges, la Marquise projette en cette union une parfaite occasion de vengeance. C’est pourquoi, elle s’adressa à Valmont, le sollicitant de séduire la jeune fille afin de corrompre la réputation instaurée par son éducation au couvent et pour, de la même façon, souiller celle du Conte de Gercours. Grace à cette étude, il conviendra d’analyser le but et les intentions d’un libertin qui transparaissent à travers la personnalité de Valmont. Pour ce faire, l’étude du portrait de séducteur que détient Valmont s’achèvera ensuite à sur la définition du libertinage. Cette première lettre du Vicomte de Valmont expose le portrait d’un véritable séducteur qui met tout en œuvre pour achever ses projets. Le portrait d’un séducteur Ménager un être de pouvoir : la Marquise de Merteuil Dans un premier temps, le refus de Valmont donne à voir les liens qui unissent les deux personnages. En effet, dés les premières lignes, semble flagorner la Marquise, de sorte à ne pas la heurter quand à inacceptation de son compromis. Ce fait est illustré par la présence des oxymores «Vos ordres sont charmants « (l.1) ou encore « vous feriez chérir le despotisme « (l.2), et, de la même façon, les nombreuses laudatives apostrophes : « Ma très belle Marquise « (l .13), « Dépositaire de tous les secrets de mon cœur « (l.26) Ainsi, par un procédé habile, Valmont ménage la Marquise et effectue une progression croissante de son propos. D’autre part, Valmont et la Marquise semblent avoir été amants : « je regrette «, « je ne me rappelle «, autant de termes qui relatent la lamentation ou la présence inéluctable de souvenirs. Ce rappel d’un passé commun n’est pas insignifiant puisqu’il permet à la Marquise de Merteuil de renouer avec une histoire heureuse grâce à l’emploi du pronom personnel pluriel « nous « (l.10 ; l.12), et du possessif « notre « (l.10) et contribue aux louanges de l’ancienne amante : Valmont énumère des principes que la Marquise estime (« vous me suivez d’un pas égal « l.14). Cependant, bien qu’il évoque avec imploration le désir de « se réconcilier « avec la Marquise d’un point de vue charnel, son projet réside néanmoins dans l’intention de se dérober aux ordres de son « amie «. Pour ce faire, il prend garde de la placer comme alliée libertine. Le séducteur entreprend donc une approche qui mêle de troubles flatteries à de suspects assauts. L’ironie est donc continuellement sollicitée. C’est pourquoi, on relèvera l’afflue d’adjectifs fallacieusement complaisant qui jalonnent la lettre tels que, « aimable «, «douce « accompagnés de deux occurrences de « belle «. La périphrase « Dépositaire de tous les secrets de mon cœur « qui désigne la Marquise résume clairement les sarcasmes du personnage et sera inévitablement ravivé par la présence de la phrase « J’ai […] un sentiment de reconnaissance pour les femmes faciles, qui m’amène naturellement à vos pieds «. Aux bornes de la discourtoisie et de l’inconvenance, Valmont se plait à irriter sa rivale et à amorcer un processus d’intimidation. Cette relation nous apparait comme surprenante, quelque peu perverse et l’on peut facilement supposer que cette missive sera à l’origine de la succession de l’histoire. Il y a donc une lutte, un combat, un « grand projet «, une « entreprise «, un « but «, un « prix « à « emporter «. Son discours ne correspond nullement à celui d’un entiché épris mais plutôt à celui d’un accapareur de femmes, manant une bataille, cherchant un gibier à chasser. La femme est un trophée que Valmont veut posséder. De plus, le caractère « pieux «, « dévot «, « son amour conjugal et ses principes austères « (l.42) inspire en Valmont un désir de possession auquel il ne peut lutter. Bouleverser une fervente apparait comme l’un de ses projets les plus lucifériens et présomptueux. La destruction de cette femme sera d’autant plus importante et admirable à contempler. Portrait d’un libertin Le masque religieux Valmont se présente comme un libertin, ayant rompu avec tout dogme, pratique et précepte religieux, libéré de toute tutelle sociale. Cependant, son discours foisonne de termes bibliques : « messe (l.51), prières (l.53), pieux (l.54), ange (l.57), sacrifiais (l.59), éternelle (l.63), édifiée (l.66) «. Or, ce vocabulaire correspond au masque emprunté pour séduire La Présidente. Ce fait éclate alors grâce à la présence de la phrase : « ce langage vous étonne […] mais depuis huit jours, je n’en entends, je n’en parle pas d’autre «. De la même façon, la chasse amoureuse se hisse au rang de religion. Tel est le cas des termes : « prêchons la foi «, « prosélytes «, « ferveur «, « Dieu «, « patronne «, « saint «. Valmont endosse donc le déguisement du parfait dévot pour mieux saisir sa proie La réalité : un être charnel De la même façon, l’extrait proposé met en scène trois conquêtes que Valmont obtint ou va obtenir. En effet, Mme de Merteuil, ayant un passé commun, s’inscrit comme la première de ces conquêtes. On suppose ensuite que lui succèdera la jeune Cécile de Volanges et la douce Présidente de Tourvel. Cette première lettre de Valmont décline la duplicité de son caractère. Avide de sensation et de plaisir charnel, il tente, par tous les moyens, d’user de sa rouerie pour profiter des femmes.
Conclusion :
A l’issue de cette étude il apparait clairement que la lettre IV révèle les caractéristiques qui constituent le Vicomte. D’un séducteur affranchi qui tente d’amadouer ou de pervertir à l’image d’un perfide libertin qui déploie un éventail de masque pour séduire sa victime, Valmont se dévoile comme un homme sans morale et trivial, cherchant à desservir son intention à l’aide d’un éventail de fourberie.
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