« Les lettres nourrissent l'âme, la rectifient, la consolent. » Expliquez cette maxime de Voltaire. Peut-on la discuter? Dans quelle mesure votre approche des œuvres littéraires vous permet-elle de vérifier cette triple vocation des Lettres ?

I. Explication La maxime de Voltaire est tirée de sa fameuse lettre à Rousseau. Elle attribue à la littérature un triple rôle : a) intellectuel, culturel, formateur, b) moral, c) thérapeutique. II. Discussion A cet éloge dithyrambique, les adversaires de la littérature ripostent en insistant sur son caractère immoral et antisocial :

a) la littérature idéaliste déforme l'esprit, prépare mal à la vie : Don Quichotte victime des romans de chevalerie; Mme Bovary victime des romans d'aventures sentimentales. b) La littérature réaliste : décourageante par son pessimisme radical, son goût malsain pour les tableaux répugnants (romans de Zola et de Céline); dangereuse par les modèles qu'elle propose (Rastignac et Julien Sorel : arrivistes sans scrupules), c) prolifération d'une sous-littérature qui flatte les bas instincts (érotisme et violence des romans policiers et d'espionnage, des bandes dessinées pour adultes, etc.). III. La Culture de Voltaire Lui qui diffuse sous le manteau une littérature de contestation (pamphlets anticléricaux) reste attaché à la conception antique de l'enrichissement individuel par la lecture des chefs-d'œuvre, expression d'une sagesse intemporelle. [La littérature d'évasion, de délassement, n'a guère de place dans ce devoir.]