Les hommes ont ils besoin d'un maître
Publié le 08/11/2014
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L'homme a -t-il besoin d'un maître? "Ni dieu, ni maître" tel est la devise des anarchistes rejetant toute forme de pouvoir exercé sur l'homme. Cette doctrine se caractérise par le refus de tout principe extérieur, d'autorité, une critique de l'état. Ainsi cette proposition viendrait réfuter la nécessite pour l'homme d'avoir un maître. Mais qu'est ce qu'un maître ? Un maître est une personne qui détient une autorité, qui est en état de décider de diriger. Mais c'est aussi quelqu'un qui a des disciples, qui sert de modèle dans le sens où il a des connaissances poussées dans un domaine. Cependant l'Homme par définition est cet individu qui se différencie de l'animal par sa liberté de choix, son libre arbitre. Ces deux définition ne sont-elles pas paradoxales dans la mesure ou donner un maître à un homme c'est renier sa liberté ? Ainsi on peut se demander dans quelle mesure l'homme-a-t-il besoin d'un maître ? Mais aussi de quel type de maître a t'il besoin ? L'homme peut-il vivre sans contraintes et sans limites que fixe le maître ? Nous verrons tout d'abord que les hommes sont libres et autonome, ils n'ont pas besoin de l'autorité d'un maître. Puis nous verrons de quel type de maître l'homme a besoin et qu'il ne s'agit par forcément d'une servitude dans le rapport entre le maître et celui qui lui obéit. Les hommes sont libres et autonomes. Ils n'ont pas besoin de l'autorité d'un maître. Certains philosophes défendent cette idée notamment Rousseau dans , Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, écrit : "Il est donc incontestable, et c'est la maxime fondamentale de tout le droit politique, que les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir. " Pour Rousseau un pouvoir n'est légitime qu'à la condition d'assurer l'ordre dans la liberté. Il réfute donc ainsi l'idée s'une servitude volontaire qui assurerait la sécurité des hommes mais au prix de perdre leur liberté, liberté qui qualifie l'humanité. Le respect que les hommes se doivent à eux-mêmes suppose en effet que dans celui à qui ils obéissent, ils ne voient pas un maître qui les opprime , mais d'une loi garante de leur liberté. Prenant l'apparence pour la réalité les hommes politique et les philosophes, notamment Hobbes, pensent que les hommes se seraient soumis à une autorité suite à un contrat dans lequel les hommes aurait échanger une liberté dans l'insécurité du profit avec une paix dans la servitude. Mais pour Rousseau cette thèse est absurde pour plusieurs raisons. Tout d'abord dans cette thèse la soumission est une donnée naturelle alors qu'elle est historique contingente et par conséquent réfutable; ensuite il n'est pas logique que les hommes se soient soumis à un pouvoir aussi dangereux que l'état d'insécurité dans lequel il se trouvait auparavant. Enfin car la liberté étant le naturel de l'homme et inaliénable, tout contrat qui viserait à supprimer la liberté serait dépourvu de valeur. L'homme ne peut vouloir que ce qui accomplit sa nature, et non pas se qui porte atteinte à son humanité. Ainsi Rousseau prône le contrat social sur lequel on reviendra plus tard dans le raisonnement. Mais l'homme peut par son devoir moral remplacé le droit dans le cadre ou il ne serait pas gouverné. Une volonté libre et une volonté soumise à des lois morales sont une seule et même chose, dit Kant. La liberté ne consiste pas à faire ce qui nous plaît mais agir selon la loi de la raison. Ainsi il faudrait agir selon son impératif catégorique. Il s'énonce de la forme suivante : agis toujours de telle manière que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature. Ainsi si l'homme agit selon son impératif catégorique, il est difficile d'imaginer un monde apocalyptique malgré l'absence d'une autorité supérieure. Un homme sans maître n'est donc pas impossible, si l'homme suit des règles morales qui sont les siennes et non celles d'autres personnes. On retrouve également des idées du stoïcisme dans cet impératif catégorique. Le stoïcisme prône le détachement des passions et donc empêcher l'homme de se faire de nouveaux maîtres tel que l'argent, le sexe, ou l'orgueil. Nous pouvons retrouvé dans cette idée ce qui apparait en Europe moderne comme l'expression philosophiquement élaborée de l'universalisme chrétien. Revenons sur le point de vue anarchiste, pour Proudhon l'état n'a jamais qu'engendré la violence, l'aliénation et l'abus de pouvoir. Selon cette doctrine, avoir un maître et croire en lui c'est effacé sa volonté personnel, et ainsi l'homme devient esclave du maître. Si les hommes sont gouvernés par un pouvoir abusif ils perdent leur liberté , car ayant un pouvoir sur des hommes un maître peut rapidement rentrer dans l'oppression pour garder une emprise sur eux, ce fut notamment le cas avec la nazisme d'Hitler. L'homme n'a pas besoin de maître dans le sens ou nous pensons à un dictateur. Ainsi si nous prenons le mot maître dans le sens de celui qui domine, l'homme n'en a pas besoin de maître et par ses actions morals il doit savoir se détacher de ses passions qui ne font pas de lui un homme libre, car on pourrait penser qu'une passion est un choix mais l'homme passionné est aussi esclave. Ainsi nous pouvons penser que l'homme a besoin d'un maître, en effet l'homme à besoin de règle pour l'encadrer car vivre dans un Etat sans loi pourrait vite apporter le chaos. Vivre dans une forme d'anarchisme ou de nihilisme permettrait à n'importe qui de prendre le pouvoir par la force et donc aboutir à une autocratie. En effet si l'homme pense que n'être soumis à aucune loi est une voie pour la liberté il peut se tromper car il aboutirait à une autocratie dans lequel il deviendrai le dominé dans une relation dominant dominé. Kant écrit que la colombe dans son libre vol, volerait bien plus vite dans le vide parce qu'elle ressent la résistance de l'air. On pourrait utiliser cette image de la colombe pour décrire notre rapport à la loi. La colombe, dans son vol, éprouvant la résistance de l'air se plaît à imaginer qu'elle volerait bien mieux sans cet obstacle : elle ignore que sans l'air , elle ne volerait pas du tout et que ce qu'elle ressent comme un empêchement est aussi une condition de possibilité. Nous aussi nous nous plaisons à imaginer une vie sans règles, au-delà des lois : suppression d'impôts, du code de la route... En faisant cela nous sommes comme la colombe, nous oublions que sans la contrainte subjectives, notre prétendue liberté ne pourrait plus s'exercer sur tout. Nous ressentons comme un obstacle ce qui est en réalité une condition d'exercice de nos actions. Ainsi l'homme à besoin d'un régime démocratique comme le veut Rousseau avec son contrat social. Celui-ci ne légitime pas un pouvoir absolu, comme Hobbes, mais le pouvoir démocratique. Pour Rousseau le souverain n'est ni Dieu, ni le Pape, ni le roi, c'est le peuple. Ainsi l'état social n'aliénera pas la liberté naturelle de l'homme, mais au contraire la garantira. Le contrat social selon Rousseau est l'ensemble des conventions fondamentales qui, bien qu'elles n'aient jamais été formellement énoncées, sont cependant impliquées par la vie en société en tant que celle-ci repose sur la reconnaissance de la volonté générale qui transcende la volonté particulière. Grâce au contrat social, la loi civile se substitue à la régulation spontanée de l'état de nature. Kant écrit dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, (Sixième proposition): " l'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître." Pour Kant nous ne naissons pas homme mais devons le devenir. Lorsque que Kant dit que l'homme est animal il veut dire que l'homme à des désirs qu'il veut satisfaire même au dépend d'autrui. Mais l'homme est un être raisonnable qui sait que dans un monde où tout le monde veut assouvir ses désirs, c'est le plus fort qui domine. Ainsi l'homme demande des lois qui limitent la liberté de chacun. Mais le désir existant toujours il lui faudra un maître qui lui permettra de suivre ces règles. Ce maître doit être un homme, forçant les sujets à obéir à la loi universelle. Le maître possède les mêmes caractéristiques que nous tous : c'est un animal égoïste ayant besoin d'un maître. Ainsi ceux qui ont l'autorité doivent faire passer l'intérêt commun avant leurs désirs personnels pour ne pas tomber dans un abus du pouvoir, il faudrait donc un maître au maître selon un principe infini. Nous cherchons donc un idéal où l'homme serait capable de renoncer à ses désirs sans contraintes extérieures. Et c'est par l'éducation qu'il faut apprendre à l'enfant à ne pas toujours assouvir ses désirs , en lui apprenant que les désirs sont une forme de soumission. C'est l'éducation qui fait de nous des hommes dotés de raison . Et si l'homme ne peut pas être juste par lui même, il lui faudra un maître qui lui apprendra à viser un idéal dans lequel l'homme appliquera la loi sans contrainte. L'homme a besoin d'un maître, ou plutôt un tuteur qui va lui apprendre à devenir indépendant, car pour être libre il faut avoir connu un maître. Ainsi, il résulte que l'homme à besoin d'un maître, mais pas de n'importe quel maître. Si on prend le mot maître au sens de celui qui exerce un pouvoir totalitaire, l'homme n'a pas besoin de maître. Mais si on choisi de donner au mot maître, celui qui a un rôle dans l'éducation, alors l'homme a besoin d'un maître pour s'affranchir de ses passions et devenir maître de lui même. Pour atteindre un idéal dans lequel l'homme ne agira moralement en respectant les lois sans y être contraint. On peut toutefois se demander si cette idéal existe réellement, où ne faut-il pas désespérer et tomber dans un monde où l'homme n'aurait pas de maître et ne répondrait qu'à ses besoins.
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