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Les greffes d'organes et de tissus humains

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

 

III- L' aspect psychologique, polémique et éthique des greffes:

 

 

Un greffé ou une personne en attente d'une greffe, rencontre bien sûr des problèmes physiques, mais aussi parfois psychologiques. Voilà pourquoi les médecins leur recommande un suivi par des psychiatres, mais malheureusement, celui-ci n'est pas obligatoire.

Une greffe est pour le patient très éprouvante et peut entraîner certaines séquelles psychologiques. En effet, tout d'abord, l'attente pour recevoir un greffon est longue, le plus souvent plusieurs années. Par ailleurs, l'opération est lourde puisqu'elle dure plusieurs heures ( 16h pour la greffe du visage par exemple ) ce qui est aussi très difficile pour le médecin, qui a une très lourde responsabilité: celle de sauver une vie. Les retombés de l'opération sont difficiles à endurer. Effectivement, le rétablissement est long car le traitement immunosuppresseur qui suit la greffe affaiblit le système immunitaire du patient. De plus, ce dernier peut garder des cicatrices impressionnantes.

 

Voici par exemple, la cicatrice d'une personne, deux semaines après une greffe de foie :

 

 

 

  1. L'effet placebo

 

Pour résoudre le problème du traitement anti-rejet, certains chercheurs pensent que l'effet placebo, pourrait un jour permettre une transplantation d'organes sans ce traitement ou en complément pour diminuer le risque de rejet.

L'effet placebo est un phénomène capable de soulager, d'atténuer les souffrances d'un patient. Par le biais de nombreuses études scientifiques, des chercheurs ont découvert que l'efficacité d'un médicament dépendait surtout de l'apriori du patient. En effet, lorsqu'on donne une gélule placebo (qui ne contient pas de substance active, c'est-à-dire de médicament), mais qui a la même apparence du médicament: même couleur et même forme, si il est convaincu de l'efficacité de celui-ci, il va remarquer un progrès de son état de santé. Il est donc possible d’envisager l’utilisation de cette méthode pour les personnes qui viennent de subir une transplantation d’organe. Ces patients ont besoin d’une grande quantité de médicaments aux nombreux effets secondaires, qui affaiblissent leur système immunitaire et peuvent entraîner des risques d'infections et de cancers. C’est la seule façon d’éviter un rejet de l’organe greffé. Si l’organisme des transplantés pouvait limiter la réaction de rejet, on aurait besoin de moins de médicaments. Cela représenterait un progrès considérable pour de nombreux patients. Cependant, on a encore jamais testé cette méthode sur des personnes greffées, et il va sans doute s’écouler beaucoup de temps avant que l’on puisse mettre tout cela en pratique.

 

Je vais à présent, vous parler d'un cas qui a provoqué de nombreuses polémiques:

 

  1. La greffe du visage

 

Pour la première fois dans le monde, le dimanche 27 Novembre 2005, une femme de 38 ans, gravement défigurée par une morsure de chien deux mois auparavant, a bénéficié de la toute première greffe d'une grande partie du visage (nez-lèvre-menton). Cette première mondiale, a été réalisée en France ( à Amiens ) par les équipes des professeurs Devauchelle et Testelin du CHU d'Amiens et du professeur Dubernard du CHU de Lyon. Il va sans dire, que cette nouvelle greffe a créé de nombreuses polémiques et a entraîné de nombreuses conséquences psychologiques pour la patiente, aggravées par la médiatisation de son cas exceptionnel. Beaucoup de médecins se sont interrogés sur les risques d'une telle intervention. Il était difficile de connaître le résultat final et de savoir si la greffée accepterait sa nouvelle apparence. Celle-ci l'ammenerait elle à une nouvelle identité ? Nous allons donc voir pourquoi certains médecins et psychologues étaient contre une telle intervention.

 

Tout d'abord, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) , où des professionnels de la santé se concertent et pèsent le pour et le contre en fonction de l'éthique, c'est-à-dire ce qui est bien et ce qui est mal, s'est opposé, en France, en 2004, à une greffe totale du visage, alors qu'elle pourrait redonner espoir aux personnes gravement défigurées.

 

Techniquement possible, cette chirurgie suscite des débats d’ordre éthique, psychologique et médical, tant le visage se trouve être le cœur de la personnalité. Il constitue aussi une sorte d’étiquette sociale dans les relations que l’on construit avec autrui, c'est-à-dire l'identité de chaque personne.

Cette opération fut très contestée car les médecins ne pouvaient pas garantir sa réussite. La technique proposée n’est donc pas sans risque pour le patient, déjà très vulnérable. En effet, elle nécessite une ablation des autogreffes et de toutes les interventions réalisées précédemment. Dès lors, l’échec de la greffe de visage conduirait à une situation dramatique pour la personne opérée. Elle se retrouverait dans une situation pire qu’au point de départ, à l'inverse de la greffe de la main,» où le patient, en cas d'échec de l'intervention, retrouve son état originaire, le résultat peut devenir pire qu'avant la greffe, la greffée peut perdre la mobilité de son visage, voire décédée. La greffe du visage, considéré par le patient comme son dernier espoir serait donc en cas d'échec encore plus difficile à supporter moralement.

Par ailleurs, l'attente pour connaître le résultat de la greffe est très long. Effectivement, le risque d'avoir un rejet ou une modification de l'apparence cutanée peut durer plusieurs mois , voire des années.

En cas de réussite, le patient présenterait de nombreuses conséquences psychologiques. En effet,d’autres risques apparaissent. Il est possible que le greffé n'accepte pas/refuse sa nouvelle apparence. Nul ne connaît le nouveau visage du patient.

Le patient pourrait être complètement déstabilisé de ne pas se reconnaître ou qu’on ne le reconnaisse pas. Une femme pourrait-elle avoir le visage d’un homme, un fils celui de son père ? N’y aurait-il pas aussi un fantasme à faire survivre un mort, un proche et à le voir dans sa glace (risque de dédoublement de la personnalité et de refus d’assumer son identité)mais cela est en réalité impossible car l'identité est donné par le squelette osseux, cependant, la personne n'aura pas le même visage. Il est aussi très difficile de reconstruire sa propre identité avec un nouveau visage qui est la marque même de la personnalité. La première greffée du visage, Isabelle Dinoire, a avoué avoir beaucoup changée depuis son opération. Il fut très difficile pour elle d'accepter de vivre. Je cites: « Je me sentais revivre alors qu'elle était partie. »

Pour la première fois, une personne a porté le visage d'une autre. On comprend bien, qu'on ne peut pas comparer une greffe de visage avec celle d'un foie, ou encore d'un rein, car depuis le début des greffes, c'est-à-dire les années 50 environ, les transplantations pratiquées étaient celles d'organes, non visibles à l'extérieur, à l'exception de la greffe de la main en 1998, mais qui avait mal terminée puisque le greffé, ne supportant plus sa nouvelle main, a souhaité se faire amputer. Alors, les médecins se demandaient comment envisager les impacts psychologiques pour cette patiente, qui devrait accepter plus qu'une main, un visage. Pourquoi prendre tant de risques, alors qu'elle n'était pas réellement malade? ... mais dans le cas où on ne peut se rendre dans un lieu public sans devoir supporter le regard des autres, ou manger tout simplement au restaurant car il vous manque une bouche, la greffe de visage ne serait-elle pas vitale ? « Il est donc très difficile de pouvoir dire quel était le meilleur choix »

 

L'opération, qui a été une greffe partielle a tout de même été accepté par le conseil éthique en 2004, et fut un réel succès. Cependant, la greffe du visage ne doit pas être banaliser. Cet acte chirurgicale reste extrêmement coûteux, complexe et avec de réelles et nombreuses complications. Une telle intervention exige un traitement immunosuppresseur très lourd à vie. C'est pour cela, qu'elle est réservée aux cas les plus graves.

 

aussi difficile pour la famille:

- longue attente car opération longue

  • La mort encéphalique est l'arrêt définitif de toutes activités du cerveau. Cet état est irréversible.

    : témoignage d'une mère --> arriver à faire son deuil alors que don d'organe de sa fille mais les corps sont très bien rendus aux familles

    « elle nous a été rendue environnée de mimosas, elle était très belle. [...] J'ai été contente de savoir que grâce à ma fille, quatre vies avaient été sauvées... Aujourd'hui, je cherche de toute mes forces à accompagner avec des mots une chose aussi dure que la perte d'un enfant et le don de ses organes pour tenter d'humaniser l'intolérable... et de faire mon deuil. »

Que devient le corps du donneur ?

Le prélèvement est un acte chirurgical effectué au bloc opératoire, dans les mêmes conditions et avec le même soin que pour une personne en vie. Les incisions sont refermées par des points et recouvertes par des pansements. Si les cornées (fines membranes à la surface des yeux) sont prélevées, elles sont remplacées par des lentilles transparentes.

    Après l’opération, le corps est habillé et rendu à la famille, qui peut réaliser les obsèques qu’elle souhaite. Aucune cicatrice n’est apparente, aucun frais n’est demandé.

     

  • position des religions

    Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les religions monothéistes (catholicisme, protestantisme, judaïsme et islam) sont favorables au don d'organes. La vie humaine est pour eux une valeur essentielle et l’on ne doit pas s’opposer à ce qui peut la sauver.

 

pénurie de greffon, le plus souvent les familles disent non dans le doute mais aussi car prélevé dans cas spé

Le prélèvement d’organes n’est possible que dans des circonstances rares. Moins de 1 % des personnes qui décèdent à l’hôpital sont en état de mort encéphalique ; or il s’agit de 95 % des greffes réalisées en France.

Par ailleurs, près d’un prélèvement possible sur trois est refusé. Soit par le défunt lui-même, qui avait déclaré son opposition au don d’organes. Soit par la famille, souvent parce qu’elle ignore ce que le défunt aurait souhaité et qu’elle préfère donc refuser le prélèvement par précaution.

--> trafic naïveté, besoin de survie des personnes en attente de greffe qui se font exploitées, escroquées par des profiteurs.

 

 

 

LOI DEFINIT PAR LA BIOETHIQUE

La famille du donneur et les personnes greffées ne peuvent pas se contacter. C’est la règle de l’anonymat entre donneur et receveur, inscrite dans la loi, qui vise à protéger les familles, afin qu'elles réussissent à faire leur deuil.

Sujet: La philosophie nous détache-t-elle du monde

 

Introduction

Le langage commun a emprunté à la philosophie nombre de ses termes. Ainsi en est-il de mots tels que sceptique, cynique, stoïque, etc., qui désignent dans ce langage commun essentiellement une attitude particulière à l'égard de la vie; c'est aussi le cas des mots mêmes de " philosophe " ou de " philosophie " lorsque l'on dit de quelqu'un : " il prend les choses avec philosophie " ou " c'est un philosophe ", entendant par là une conduite qui consiste à se désengager du monde, à s'en détacher.

Toutefois, Nietzsche a souligné que cette acception populaire de la philosophie révèle souvent une méconnaissance de ce qu'est la vraie philosophie. " Quand de nos jours, écrit-il, on entend dire d'un homme qu'il mène la vie du "sage" et du "philosophe", cela ne signifie presque rien de plus qu'une vie "prudente" et "retirée". La sagesse, aux yeux du vulgaire, c'est un refuge, un moyen, un artifice pour tirer son épingle du jeu. " Or, nous dit Nietzsche, " le véritable philosophe " est précisément celui qui " ne vit ni en "philosophe" ni en "sage", ni surtout en homme prudent, et sent peser sur lui le fardeau et le devoir des cent tentatives, des cent tentations de la vie"?

La question se pose donc de savoir si la philosophie nous détache ou non du monde, à moins qu'elle ne soit paradoxalement ce qui nous détache du monde pour nous y attacher plus fortement.

 

 

 

1. La philosophie comme détachement

On connaît la célèbre mésaventure survenue au philosophe Thalès, que nous ont rapportée Platon (Théétète, 174 a) et Diogène Laërce : Thalès, étant sorti de chez lui pour contempler les astres, tomba dans un puits. " Comment, lui demanda en se moquant une vieille femme qui passait par la, Thalés, toi qui n'es pas capable de voir ce qui est à tes pieds, t'imagines-tu pouvoir connaître ce qui est dans le ciel  ", Cette anecdote nous dépeint &emdash;de façon caricaturale certes&emdash;le philosophe comme celui qui, plongé dans ses méditations et sa contemplation d'un autre monde, se détache du monde dit " réel " jusqu'à l'oublier. Mais quel est le vrai sens de ce détachement ?

 

a) Se détacher des fausses valeurs mondaines

• Diogène le cynique, qui pour toute maison avait un tonneau, s'appliquait à mépriser systématiquement les valeurs établies : gloire, honneurs, argent, mariage, position sociale, etc. La philosophie, pour Diogène, est ce qui nous détache du monde en ce sens qu'elle nous permet de ramener certaines valeurs à leur juste valeur, c'est-à- dire à une valeur à peu près nulle. Semblablement, Épicure conseillait de " vivre caché " pour ne pas subir les inconvénients liés à la vaine quête des richesses, du pouvoir, des honneurs. Cette idée que la démarche philosophique consiste à procéder à une estimation objective des valeurs qui conduit à distinguer les vrais des faux biens, et ainsi à parvenir au véritable bonheur, était partagée par l'ensemble des écoles philosophiques de l'antiquité gréco-latine, qui ont, à partir de principes souvent opposés, presque toutes abouti à préconiser une attitude consistant à se détacher du monde, entendons à se détacher de ce que la majorité des hommes recherche avidement. Ainsi que ce soit les stoïciens, qui condamnent la recherche du plaisir, ou les épicuriens, qui la louent, les uns comme les autres finissent par convenir que le vrai bonheur consiste dans l'ataraxie, cette tranquillité de l'âme détachée des passions du monde, que plus rien ne peut venir troubler.

• La philosophie ne nous détache donc pas réellement de la vie en ce sens que l'exercice quotidien de la réflexion ferait oublier au philosophe, comme à son insu, le monde qui l'entoure. Au contraire, c'est un détachement conscient, volontaire et rendu possible par la philosophie elle-même, un détachement à l'égard de ce qui est susceptible d'empêcher d'atteindre au souverain bien.

 

b) Se détacher de l'opinion pour atteindre à la connaissance vraie

 

Le mythe de la caverne

Si la jouissance du bonheur, en quoi consiste le souverain, bien exige un détachement des faux biens et des fausses valeurs du monde, la connaissance du vrai, au reste également nécessaire au bonheur, passe elle aussi par un certain détachement de ce monde des apparences et de l'opinion qu'est notre monde. C'est ce qu'entend montrer Platon avec le célèbre " mythe de la caverne ".

• Pour Platon (cf. République, VIII, 514 a), en effet, l'homme ressemble à un captif qui, enchaîné depuis son enfance dans une caverne, le visage tourné vers le mur, ne verrait que les ombres d'objets qui défilent derrière lui, éclairés en amont par la lumière du soleil. N'ayant jamais rien vu d'autre que ces ombres, I'homme les prend pour la réalité. Qu'on le détache, qu'on l'oblige à sortir de la caverne, il sera d'abord ébloui, les yeux blessés par la lumière, préférant même retourner à sa condition antérieure. Mais, qu'il s'habitue à l'éclat du jour, alors il comprendra que le monde qu'il tenait pour réel n'est qu'une illusion; que la réalité est d'un autre ordre, comme la vérité et la beauté. En sortant de la caverne, l'homme découvre le monde des idées pures, de l'intelligible.

• Cette conversion vers la lumière symbolise cet effort de la philosophie &emdash;la démarche philosophique même, selon Platon&emdash;pour nous détacher du monde de l'illusion et nous faire découvrir le monde réel. Mais chacun n'est pas capable d'opérer cette conversion, ou ne le veut pas; et ce qui distingue le philosophe du non-philosophe, c'est précisément la capacité à se détacher du monde pour accéder à la connaissance vraie: "Sont philosophes, dit Platon, ceux qui sont capables d'atteindre à ce qui existe toujours de façon immuable ".

 

c) Se détacher du langage commun est-ce un détachement du monde et des hommes ?

• Mais cette ambition d'atteindre au vrai justifie-t-elle l'usage par le philosophe d'un langage technique incompréhensible au commun des mortels ? Le philosophe ne se coupe-t-il pas, ce faisant, des autres hommes à qui il devient inintelligible ? Pourtant le savant use lui aussi d'un langage technique inaccessible à la plupart des hommes, et ce reproche de se couper du monde ne lui est pas adressé. C'est que la science ne prétend pas, comme la philosophie, procurer aux hommes le bonheur, ni la sagesse, ni donner un sens à leur vie; elle n'a pas en vue, comme la philosophie, "la fin ultime et catégorique qui consiste à rendre les hommes meilleurs " (Kant). Par sa méthode, ses concepts, son mode abstrait d'interrogation, son caractère purement spéculatif, la philosophie se détacherait donc elle-même de ces hommes qu'elle prétend justement éclairer.

• Faut-il, dès lors, comme le proposaient Marx et Engels, que les philosophes transposent simplement leur langage dans le langage ordinaire dont il est abstrait ? Cela est le plus souvent possible, et des philosophes &emdash;non des moindres&emdash; l'ont fait lorsqu'ils s'adressaient aux non-philosophes. Il n'en reste pas moins qu'un langage technique demeure nécessaire à la philosophie, comme il est nécessaire à la science : si les concepts de la philosophie se détournent du langage commun, c'est pour parvenir à cette connaissance certaine que le langage commun, en se prêtant, comme le dit Alain, " sans résistance à toutes les combinaisons du mots " ne permet pas précisément d'atteindre.

 

 

2. Un authentique engagement dans le monde

• Jules Lagneau déclarait que " la philosophie c'est la recherche de la réalité par la réflexion d'abord, et ensuite par la réalisation " (Célèbres leçons et fragments). Le recul, le détachement par la réflexion est une nécessité pour qui veut véritablement comprendre le monde, et cette compréhension est à son tour nécessaire pour qui veut le maîtriser, ou simplement s'y engager en suivant une marche droite et assurée. Ainsi la philosophie peut n'opérer chez le philosophe un détachement du monde que pour le conduire à s'y mieux engager; au reste, ne convient-il pas à celui qui a pu sortir de sa caverne et contempler la vérité de retourner auprès de ses anciens compagnons pour les aider à se délivrer de leurs chaînes et de leurs illusions ?

 

Descartes: la philosophie, guide de notre conduite dans la vie

" C'est proprement avoir les yeux fermés, nous dit Descartes, sans jamais tâcher de les ouvrir que de vivre sans philosopher; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que ne l'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas. " (Lettre Préface aux Principes de la philosophie). L'acquisition d'une connaissance véritable, comme la constitution de " la plus haute et plus parfaite morale ", suppose, nous l'avons vu, que l'homme ait déjà pris du recul par rapport au monde, qu'il s'en soit détaché. Mais ce détachement n'a de sens que si la connaissance qu'il autorise nous permet ensuite de nous mieux guider et engager dans le monde. Alors le philosophe n'apparaît plus comme l'éternel penseur détaché du réel, méditant dans la solitude de son cabinet, il est au contraire l'homme d'action qui, après s'être arraché au monde des fausses évidences, a trouvé un fondement ferme à partir duquel il peut distinguer le vrai d'avec le faux, le bien d'avec le mal, voir clair en ses actions et " marcher avec assurance en cette vie " (Descartes, Discours de la méthode, première partie).

 

Un engagement politique

" Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe, c'est de le transformer " (L'idéologie allemande, Éd. sociales, p. 490). Cette fameuse formule de Marx (lui-même philosophe) est une accusation quelque peu injuste : s'ils n'y ont pas toujours réussi, bien des philosophes ont tenté de le faire. Si pour Platon le premier moment de la philosophie consiste à se délivrer du monde, à sortir de la caverne, pour contempler le Bien, pour lui le philosophe doit, une fois connue la réalité vraie, redescendre dans la caverne. Le philosophe est désormais investi d'une fonction particulière: celle de réaliser, sous la forme du meilleur gouvernement possible, le bien dans la Cité. Connaissant les véritables réalités, le philosophe saura constituer un État véritable, et non " un rêve d'État, comme c'est le cas de la plupart, dont les gouvernants se disputent sur des ombres les uns contre les autres, et forment des factions pour la conquête du pouvoir comme s'il s'agissait d'un grand bien " (République, VII, 520c). Loin de rester à l'écart du monde, le philosophe trouve donc toutes les raisons de s'y réangager.

 

 

 

Conclusion

La philosophie nous détache du monde, certes, mais cela ne signifie nullement désintérêt du monde. Ce détachement consiste en un recul, une distance délibérément prise avec le monde des préjugés et des fausses évidences. En ce sens, ce détachement est examen critique, et la seule façon de renouer solidement, authentiquement avec la réalité. " Les vrais philosophes, disait Fontenelle dans ses Entretiens sur la pluralité des mondes, sont comme les éléphants, qui en marchant ne posent jamais le second pied à terre avant que le premier ne soit bien affermi ".

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