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Les Etats-Unis et l'URSS, deux modèles en compétition (1945-1991) - Histoire

Publié le 16/01/2011

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Les Etats-Unis et l’URSS, unis contre l’ennemi nazi pendant la Seconde Guerre Mondiale, sont les grands vainqueurs de la guerre en 1945. Ils s’affirment alors comme les deux seuls modèles servant de référence et sont choisis pour être reproduits par la plupart des pays du monde entier. La détention de l’arme nucléaire par l’URSS en 1947 la rend égale en puissance aux Etats-Unis et c’est alors que commence la Guerre froide. Cette « guerre « fut en réalité un état de tension qui opposa, de 1945 à 1991, les Etats-Unis, l’URSS et leurs alliés respectifs, qui formaient deux blocs dotés de moyens militaires considérables et défendant des systèmes idéologiques et économiques antinomiques. Elle prendra fin lors de l’effondrement de l’URSS en 1991. 

Nous verrons tout d’abord qu’entre 1945 et 1991, ces deux modèles sont en compétition sur le plan idéologique, et dans un second temps nous étudierons la compétition qu’ils se font dans les domaines technologique et militaire. Enfin, nous étudierons la remise en cause de ces deux modèles pendant cette période.

 

Tout d’abord, la raison fondamentale de la compétition entre les Etats-Unis d’Amérique et l’URSS tient en ce que leur régime politique et doctrine respectifs sont antinomiques.

 

En effet, les Etats-Unis sont la plus vieille démocratie occidentale du monde. Fondée en 1787, elle repose sur les principes de liberté et d’égalité des chances, et sa Constitution garantit la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Sur le plan économique, c’est le libéralisme et le système capitaliste qui triomphent. 

Tandis que l’URSS, créée en 1917, n’est que le résultat de la prise du pouvoir par un parti unique, le communisme, qui contrôle tout, et dont le Secrétaire général, chef de l’Etat et du gouvernement, a les pleins pouvoirs. C’est un régime totalitaire, fondé sur la lutte des classes, le culte de la personnalité, et l’égalité sociale. La prise du pouvoir en URSS s’est faite dans la violence et son maintien se fait par la force et la terreur. La liberté d’opinion, la liberté de la presse, les libertés individuelles n’existent pas. L’économie soviétique est planifiée et fonctionne sur le système de la collectivisation des biens et des terres.

Ainsi, ces puissances essayent par tous les moyens de convaincre les autres pays que leurs idéologies respectives sont les meilleures, et qu’il faut donc suivre leur doctrine. La France, l’Italie (dès 1945, et ce malgré des partis communistes puissants) se rapprocheront des Etats-Unis, tandis que la Bulgarie (1946), la Roumanie (1947) ou la Tchécoslovaquie (en 1948, le parti communiste prend le pouvoir par un coup d’état), se placeront automatiquement sous protection soviétique puisque communistes.

 

On peut ainsi considérer que les Etats-Unis et l’URSS sont en compétition sur le plan idéologique et économique car chaque doctrine de l’un est suivie d’une doctrine de l’autre. 

Aux Etats-Unis, la doctrine Truman, politique de containment (endiguement), s’adresse aux pays désireux de s’opposer aux pressions communistes, et propose une assistance militaire et financière. 

Le plan Marshall, qui en découle, propose une aide à la reconstruction en Europe, à l’agonie à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, et est accordé pour peu que les bénéficiaires soient impérativement des pays de libre-marché. Staline le refusera et il contraindra les pays satellites de l’URSS à le refuser également car le libre-marché est incompatible avec l’économie contrôlée pratiquée dans les pays communistes. 

En réaction, la doctrine Jdanov donne en 1947 une nouvelle orientation à la politique soviétique face au monde occidental : la collaboration avec les pays impérialistes est terminée. Le monde est désormais officiellement séparé en deux blocs. 

Et face au plan Marshall, l’URSS met en place le Kominform qui est l’organisation centralisée du mouvement communiste international, et dont le but est de contrôler étroitement l’évolution idéologique et politique les états ou partis communistes participants.

 

De même, ces deux puissances sont en compétition sur le plan politique et militaire. La création de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord en 1949 aura pour conséquence le Pacte de Varsovie en 1955 et on parlera désormais de « rideau de fer « entre les deux blocs : à l’Occident, les pays sous influence américaine (France, Angleterre, Italie…), tandis que les pays d’Europe de l’est  seront eux sous influence soviétique (Roumanie, Pologne, Tchécoslovaquie …). Ainsi, toute initiative de l’un est suivie d’une contre-mesure équivalente. De plus, elles s’affronteront indirectement pour établir leur domination en Corée (1950-1953), au Viêtnam (1958-1975). En Corée, le conflit aboutira à la  création de la République de Corée, au sud, capitaliste et de la République populaire démocratique de Corée, au nord, communiste. La guerre du Viêt Nam opposera de 1959 à 1975, d'une part la République démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Vietnam) soutenue matériellement par les soviétiques et la Chine et, d'autre part, la République du Viêt Nam, militairement soutenue par les États-Unis à partir de 1964, à la suite des incidents du golfe du Tonkin. L’Allemagne (1949-1989) est un cas à part, qui symbolisera à elle seule la Guerre froide. Le « rideau de fer « y aura sa représentation concrète : Berlin est se trouvera sous tutelle soviétique (blocus de Berlin par Staline) et Berlin Ouest sera divisé en 3 secteurs, français, américain et anglais. La situation de Berlin est le reflet de la situation générale en Allemagne : à l’Est, ce sera donc à partir de 1947 la République démocratique allemande, et à l’Ouest la République fédérale d’Allemagne.

 

La compétition entre ces deux pays sera toutefois évidente dans le domaine technologique et militaire.

 

Ainsi, le fait que les Etats-Unis soient les seuls détenteurs de l’arme nucléaire, bombe A puis bombe H, déplaît souverainement en URSS. Les soviétiques s’empresseront donc de mettre au point leur propre bombe atomique et ce sera chose faite à compter de 1947. Ils deviennent donc les égaux des Etats-Unis. Tout conflit direct devient donc impossible, par peur que l’adversaire utilise son arme nucléaire. C’est donc le début de la Guerre Froide.

 

Toute nouvelle arme dans l’un des deux pays a pour conséquence la création d’une nouvelle arme équivalente dans le pays adverse. On parlera désormais de « course aux armements «. 

Cette course aux innovations militaires peut être illustrée par l’obtention en 1959 du premier missile balistique intercontinental opérationnel par l’URSS en 1959, suivi par les Américains en 1960. Puis par le premier essai de missile de croisière stratégique en 1976 par les Etats-Unis, suivis par les Soviétiques en 1979, ou encore par la première interception antisatellite par l’URSS en 1968 et par les Américains en 1985 seulement. Chacun essayera par la suite de posséder le même nombre de missiles que son rival.

 

La possession de l’arme atomique aura sa traduction concrète surtout lors de la crise des fusées à Cuba en 1962. En effet, l’île, considérée auparavant comme chasse gardée des Etats-Unis, est aux mains de Fidel Castro, un guérillero marxiste qui a noué des liens étroits avec l’Union soviétique depuis 1958. Les Américains soutiendront un débarquement de Cubains armés par leurs soins dans la baie des cochons en 1960, qui sera un échec. Le régime cubain sera dès lors soutenu et armé par les Soviétiques. En 1962, les Américains découvrent que l’île abrite des rampes de fusées (qui peuvent être dotées de charges nucléaires) dirigées vers leur pays, et sentent dès lors menacés, car tout les sud-est de leur territoire peut être touché par une fusée dont la portée est de 1800 kilomètres.

Toutefois, en 1968, les armes étant de plus en plus perfectionnées et donc de plus en plus coûteuses,  les deux puissances signent un traité de non-prolifération des armes atomiques.

Mais, en 1977, les Soviétiques installent des missiles sol/sol à moyenne portée (de 500 à 5 000 km) sur leur territoire. C’est la crise des euromissiles. Les Européens, alliés des Etats-Unis, craignent alors une attaque de l'URSS. Ces missiles, dont la mise à feu est très rapide, avaient pour but de frapper des objectifs principalement militaires. En 1979, l'OTAN prend la décision d'installer des missiles en Europe occidentale en riposte et d’obtenir le retrait des missiles soviétiques. Les négociations n’ayant pas abouti, l’OTAN décide de déployer des fusées Pershing II, équivalentes des missiles soviétiques, en Europe, dès 1984 en RDA, puis dans d’autres pays membres de l’Organisation. 

 

Cette guerre froide terrestre se poursuit même dans l’espace : l’URSS part à la conquête de l’espace avec  le lancement du Spoutnik, premier satellite terrestre en 1957 et le premier vol dans l’espace de Youri Gagarine en 1961. Les Etats-Unis feront alors encore mieux lorsque Neil Armstrong marchera sur la Lune en 1969.

Cette compétition atteindra son paroxysme lorsque les Etats-Unis monteront un programme totalement utopique, nommé IDS. C’est la « guerre des étoiles «. En URSS, c’est la panique : comment faire pour contrer ce programme ? Car elle n’a plus les moyens financiers. Ce projet aurait en effet coûté 200 milliards de dollars aux Etats-Unis s’il avait été mis en pratique. Les Américains savaient pertinemment que ce programme ne serait jamais réalisé, mais les  Soviétiques l’ignoraient et ont tenté de réaliser leur propre programme, mais cela n’aboutira pas car les problèmes tant économiques que sociaux et politiques conduiront à la chute de l’URSS en 1991. Les innovations technologiques dans le domaine de l’informatique dans les années  70-80, comme l’ordinateur et internet, avaient initialement un but uniquement militaire, qui par la suite a été développé dans le civil, et dans ce domaine ce sont les Etats-Unis qui ont sans aucun doute dépassé l’URSS.

 

Cependant, ces deux modèles seront remis en cause à de nombreuses fois tout au long de cette période.

 

A l’étranger, ces deux modèles sont remis en cause dès 1956 par la création du mouvement des « non-alignés « qui se définissent comme n'étant alignés ni avec, ni contre aucune grande puissance mondiale et qui promeut la solidarité entre les pays du Tiers-Monde. En 1961, 25 pays sont présents à la conférence de Belgrade des « non-alignés «, réaffirmant les grands principes de rejet des deux blocs soviétique et américain et du colonialisme. Même si certains des pays membres sont clairement communistes (bien qu’indépendants de l’URSS comme la Chine ou la Yougoslavie) l’idée est séduisante. Toutefois, ce mouvement est nettement anti-américain.

 

D’une part, la politique des Etats-Unis est remise en cause dans les années 60 par la population qui désapprouve la guerre au Viêtnam. Les jeunes ne comprennent pas cette guerre, et les intellectuels et les artistes participent à ce mouvement de contestation en faveur de la paix (John Lennon qui chantera « Give peace a chance « par exemple). Une « contre-culture « en émergera, ce sera le mouvement hippie.

De plus les Américains pratiquent la ségrégation à l’encontre des Noirs, qui luttent désormais pour la reconnaissance de leurs droits civils et l’égalité des chances. En effet jusqu’en 1964, les Noirs n’avaient pas le droit de voter ni les mêmes droits que les Blancs.

Egalement, l’économie libérale induit le chômage, qui touchera bien plus les populations à la suite de la crise pétrolière de 1973 (ce qui n’était pas le cas auparavant car, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, tout était à reconstruire, donc les pays étaient dans des situations de presque plein-emploi).

 

D’autre part, le système soviétique est confronté à des crises dans les pays satellites. En 1968, le parti communiste tchécoslovaque introduit une certaine libéralisation de l’économie, la liberté de la presse, de circulation. Moscou intervient alors en envoyant ses troupes et ses chars sur place pour inciter à un retour à la « normale « soviétique et les troupes doivent faire face à des manifestations pacifiques. La Tchécoslovaquie est envahie par les troupes du Pacte de Varsovie et les manifestations sont écrasées dans le sang (plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés.).

De plus le système est remis en cause de l’intérieur de l’Union soviétique. La déstalinisation est lancée en 1956 par Krouchtchev, les prisonniers du Goulag sont partiellement libérés et la censure est assouplie. L’arrivée de Brejnev au pouvoir en 1964 marque un retour en arrière. Les dirigeants ont alors en majorité un âge avancé, même la population ose s’en moquer. 

Des dissidents parlent de leurs expériences avec le KGB (police politique de l’URSS) ou de leur vécu dans les camps, par exemple Aleksandr Soljenitsyne avec son ouvrage « L’archipel du Goulag «. Cet ouvrage aura un retentissement international et marquera une prise de conscience des réalités communistes par les étrangers qui jusqu’alors idéalisaient le régime soviétique.

Toutefois, la population, bridée par la censure et muselée par la peur du  KGB n’ose contester franchement le système établi. Les réformes initiées par Mikhaïl Gorbatchev vont changer cet état de fait. En effet, il veut réformer le communisme, c’est-à-dire en garder les valeurs tout en changeant son fonctionnement. En 1987 il supprime la censure, libère les dissidents, en 1988 il établit les libertés d’expression et de religion. En 1986 les entreprises individuelles sont autorisées. Mais les pénuries persistent, l’inflation continue à progresser. En 1989 de grandes grèves éclatent. Boris Eltsine est élu président de la République de Russie en juin 1991. Le 25 décembre 1991 Gorbatchev démissionne d’un Etat qui n’existe plus.

 

En conclusion, les Etats-Unis et l’URSS ont été en compétition pendant presque ¼ de siècle. Cette compétition a eu des conséquences négatives sur le plan géopolitique au vu des zones de conflits actuels, on pense au Moyen-Orient par exemple, cependant la conquête spatiale a permit de grandes avancées technologiques, et le développement de l’informatique, et d’internet qui au départ était réservés à l’usage militaire exclusivement. Et ces deux modèles ont chacun été remis en cause. Si le modèle américain reste une valeur sûre, le modèle soviétique a bel et bien été enterré avec la chute de l’URSS. Cependant, l’ex-URSS, aujourd’hui la Russie, se relève petit à petit des ses cendres. Mais les Etats-Unis, embourbés dans les guerres en Iraq et en Afghanistan, et affaiblis par le krach boursier de 2009 auront-ils les capacités de conserver leur statut de superpuissance ?

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