L'ÉLOGE PARADOXAL

Ce type de discours argumentatif appartient au genre épidictique, qui consiste à faire soit l'éloge, comme ici, soit le blâme, comme dans le texte suivant, écrit par Saint-Simon. L'éloge paradoxal constitue une catégorie à l'intérieur du genre de l'éloge dans la mesure où il n'implique pas l'adhésion immédiate de l'auditoire : par définition, le PARADOXE prend le contre-pied de l'opinion reçue. Donc, l'éloge paradoxal commence par déstabiliser l'interlocuteur. Ici, Pantagruel est un bon gouvernant, ouvert à toutes les propositions ; quant à Panurge, il incarne le provocateur, qui représente la contre-idéologie destinée à équilibrer des prises de position conventionnelles. L'insolent non-conformiste renverse les schémas de pensée admis pour mieux faire progresser la réflexion en introduisant une antithèse constructrice et en soulignant la relativité des points de vue. L'éloge paradoxal se rencontre dans des textes polémiques à portée idéologique, comme, par exemple, l'Eloge de la folie d'Érasme. Dans le domaine scientifique, il permet de faire avancer la recherche en émettant des hypothèses nouvelles. Loin de se réduire à un pur exercice ludique de la pensée, l'éloge paradoxal dénonce les préjugés émis par la prétendue sagesse populaire.