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Lecture analytique de l'acte III scène 9 du Mariage de Figaro de Beaumarchais

Publié le 15/06/2012

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Le Mariage de Figaro, III,9.   Introduction : Ce dialogue entre le C. et S fait pendant  au duel verbal entre F. et le C.de la sc. 5 Les 2 scènes étant séparées par 3 courtes scènes de transition. A l'issue de la sc. 5, Le C. est persuadé que S. l'a trahi en dévoilant à F. sa volonté de faire d'elle sa maîtresse , et dans le court monologue de la sc. 8 , il exprime sa colère et sa détermination d'empêcher le mariage du "fripon" et de la "friponne". L'arrivée de S. -qui vient interrompre monologue du C.- découle du stratagème de la Comtesse. (Cf II,24:la Comtesse à S. :" Fais lui savoir promptement que tu te rendras au jardin.") But de S. : obtenir du C. un rendez-vous  Il s'agit donc d'une sc. de séduction  dans laquelle S. va user de ses charmes et de sa ruse pour retourner totalement le C..   On peut distinguer 3 mouvements dans la stratégie de séduction de la camériste : 1) Le prétexte du "flacon d'éther" pour engager la conversation ( jusqu'à : "..et qui perd son futur." 2) La contre-attaque de S. face aux menaces du C. :  "En payant Marceline…" jusqu'à " hors ce qu'il faut lui taire." 3) La victoire de S.   1)       S. feint d'être essoufflée et multiplie les signes de soumission face au C. qui manifeste sa froideur et sa colère. (cf.didascalie "avec humeur" et le vouvoiement de distance)       Enoncé du prétexte (les supposées vapeurs de la Comtesse ) prononcé "timidement" Menaces à peine voilées du C. S. aura elle-même des vapeurs  (sous-entendu , lorsqu'elle apprendra que son mariage n'aura pas lieu) Repartie spirituelle et impertinente de S. digne de F. "Est-ce que les femmes de mon état ont des vapeurs…"  S. alterne apparente soumission et impertinence car elle sait que ce mélange subtil est une arme de séduction redoutablement efficace face au C. Celui-ci précise sa menace, ce qui permet à S. de contre-attaquer.      2)      Jeu sur l'implicite dans les répliques qui suivent .En faisant allusion à la dot promise par le C. pour payer à Marceline la dette de F. , S. accepte (ou feint d'accepter )implicitement de se donner au C.      En jouant ainsi sur l'implicite, S. entraîne le C. dans le plaisir du marivaudage : à nouveau subtil mélange .de soumission (marquée par les didascalies (baissant les yeux…les yeux baissés) et d'esprit : jeu sur le verbe "entendre"         Le C. est  "ferré "mais il continue à se méfier, d'où une série d'objections que S. réfute avec malice notamment grâce à des réponses sous forme de questions rhétoriques .Ultime objection du C. " …un certain F. à qui je crains que vous n'ayez tout dit !" Mais S. vainc les dernières réticences du C. par une réplique dans laquelle elle affirme mentir à F. sur l'essentiel, sous-entendu sur sa relation avec le C.   3)   Face à tant d'esprit, le C. ne peut que rire et admirer la camériste. Pour la 1ère fois dans cette sc. ,il. tutoie S. - au "vous" de distance succède le "tu" de complicité - même s'il prend soin de rappeler à S. les termes du "contrat :  le "rendez-vous"(en clair l'exercice du droit de cuissage  est la condition du mariage.) Révérence de S. qui lui répond du tac au tac en inversant les termes du contrat. Au chantage du C., elle rétorque instantanément par un contre chantage. Devant tant de finesse et de charme, le C.est éperdu d'admiration :"Où prend-elle ce qu'elle dit ?…" C'est alors que S. abat sa dernière carte, chef d'½uvre de ruse argumentative , en dévoilant que le flacon d'éther n'était qu'un prétexte. La camériste scelle donc son mensonge en disant la vérité ! Il ne reste plus à S. qu'à se débarrasser du C. qui tente de l'embrasser : "Voilà du monde." Le C. en aparté savoure ce qu'il croit être son triomphe avant de s'enfuir : "Elle est à moi." Roulé dans la farine, d'autant plus ridicule qu'il n'en a pas conscience, le C. ne peut que susciter les rires du public. Mission accomplie pour S., et avec quel brio ! Il ne lui reste plus qu'à informer sa maîtresse et complice de son succès, sous les applaudissement du public, ravi : "Allons vite rendre compte à Madame."   Conclusion :  Certes, le C. n'est pas dupe très longtemps puisqu'il surprend le dialogue S./F. (sc.10)  et comprend qu'il a été joué.(monologue sc.11) Il faudra donc à la Comtesse inventer une nouvelle ruse ( le billet dicté à S. dans III,3) pour que le rendez-vous ait enfin lieu.

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