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Lecture Analytique Acte I scène 1 Phèdre

Publié le 11/12/2014

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Object d'étude : Théâtre Phèdre, Racine (1677) Lecture Analytique 1 Acte I, Scène 1 Racine, grand dramaturge du XVIIème siècle, est un représentant de la tragédie classique. Phèdre est une pièce écrite en 1677, inspirée des tragiques grecs Euripide et Sophocle. C'est l'une des dernières pièces de Racine, qui l'eu valu un immense succès. Elle présente l'histoire de la reine Phèdre, victime d'une malédiction lancée par Vénus la poussant à aimer son beau-fils, Hippolyte. L'interdit de l'inceste constitue le moteur principal de la pièce. Comme touts les scènes d'exposition, cette première scène est destinée à donner au spectateur les infos dont il a besoin pour comprendre la pièce. Celles-ci se présentent sous la forme d'un dialogue entre le jeun prince Hippolyte et son gouverneur et confident Théramène. C'est avant tout une scène d'aveu où Hippolyte va dévoiler son amour interdit pour Aricie, fille des Pallantides. Au-delà de la fonction strictement informative que doit avoir une scène d'exposition, cette première scène va mettre en place tout l'esthétique tragique de la pièce. Nous étudierons donc comment exposition met en place une instabilité menant au tragique. I. Une scène d'exposition A. Une scène qui remplit ses fonctions d'exposition On observe la présentation du cadre spatiotemporel, on nous informe sur le tems (v.5 : « depuis plus de 6 mois »), nous sommes à l'antiquité puisque le nom d'Hippolyte et de Théramène le montre, et sur les lieux de l'action (v.2 : «le séjour [...] de Trézène » + v.32) Cette scène d'exposition met la scène en relation avec le titre, puisque Phèdre est évoquée au v.36 « la fille de Minos et de Pasiphaé » et directement nommée au v.38 On nous informe sur les personnages et leur rapport en en plantant un univers « classique », avec la présence de personnages de haute lignée : ? ? ? ? ? Hippolyte : Il est fier, orgueilleux, austère et a une morale intransigeante (v.1+v.37). Théramène : Gouverneur, qui lui porte beaucoup d'attention+affection (vouvoiement). Il dresse la riche toile de fond géographique et mythologique (v.10+12,13, 14). Thésée : Héros, au sens grec du terme (v.21) + Roi (v.17) + on apprend qu'il a longtemps été volage (v.20-21) puis dévoué à Phèdre (v.25-26). Phèdre : Belle-mère redoutable (v.39) + haine (v.41) + reine d'un vaste royaume, elle est mourante (v.44-45). On comprend que ce personnage domine Hippolyte et le coeur de Thésée. Aricie : Personnage romanesque, belle (v.55), aimable (v.53) mais elle est soeur de traître (v.53-54). On nous informe sus les faits qui vont mener au noeud de l'action (v.45-46+v.50,56). Le départ d'Hippolyte a un intérêt dramatique puisqu'il lance l'intrigue au v.1 et l'atmosphère de la pièce, thématique de la lutte entre honneur et passion : c'est le dilemme. Cette scène d'aveu donne un ton dramatique à la pièce et annonce l'esthétique tragique, en effet, l'amour d'Hippolyte va à l'encontre de l'interdit que son père a lancé contre Aricie Quentin F. 2014-2015 Object d'étude : Théâtre Phèdre, Racine (1677) Lecture Analytique 1 Acte I, Scène 1 B. Une scène d'exposition plus qu'informative, une scène révélatrice (Révélatrice de l'esthétique et de l'esprit racinien) Tragédie ? caractères (action psychologique) ? l'aveu est déjà un crime Chez Racine, la parole est performative (dire=faire). On retrouve également la conception de la passion liée au mal, en effet, Hippolyte souhaite fuir ; pour lui la passion est assimilée à la souffrance. Cette première scène débute in medias res ? dynamisme+rebondissement dès les premiers vers. Hippolyte commence par annoncer à Théramène qu'il va partir à la recherche de son père (v.1,6,7), il nous apprend qu'il est à la fois déchiré par inquiétude (v.3) et qu'il éprouve un sentiment de culpabilité (v.4) Ce n'est que plus tard que nous comprenons que ces vers étaient empreins d'une certaine mauvaise fois, en effet, s'il se sent coupable vis-à-vis de son père, c'est beaucoup moins parce qu'il n'est pas parti à sa recherche, c'est parce qu'il ne peut s'empêcher d'aimer celle à qui la volonté paternelle lui interdit de songer. On attend encore la révélation de Phèdre (v.45-46) puisque l'on ignore l'origine de son mal ; on installe doucement l'idée de la catharsis. C. Le paradoxe de cette scène d'exposition On assiste à une scène d'ouverture mais aussi à une scène de fuite. On note des démarches d'évitement (je pars v.1 ; je fuirai v.28, fuis v.50, fuis une autre ennemie v.49) On note aussi une invitation au silence et au retrait par le statut héroïque de Thésée (v.23 «arrête, et respecte Thésée»). Il y a aussi de nombreux détours du langage (périphrases et atténuations v.36-3953-56). Hippolyte va jusqu'à parler de lui à la troisième personne (v.49), il ne sait plus qu'il il est. Ainsi, il se met en place la création de personnages antinomiques : Théramène questionne (v.8-16-18-32-33-44-47-52-54-55), il ouvre à la parole et attend une réponse. Contrairement à Hippolyte, interdit, qui nie la parole (« arrête », « respecte »,...) Phèdre rejette et évite Hippolyte (v.45-46), ce dernier souffre à avouer contrairement à Phèdre qui souffre de ne pas dire. Théramène évoque la puissance d'un héros et un amour glorieux ce qui l'oppose à Hippolyte qui, lui, parle de désir sexuel inconvenant. II. La mise en place d'une instabilité A. La généalogie, noeud de m'intrigue et moteur de l'action Les personnages sont évoqués très souvent par rapport leur descendance. Phèdre et la parenté fatale Elle est caractérisée par une périphrase au v.36, cela renvoie à la vie à l'affirmation de l'être (cf :Pasiphaé, fille du Soleil) et en tant que fille de Minos, elle est comparée à un monstre car c'est ainsi l'héritière de pulsions incontrôlables et de sa fureur. Mais elle représente aussi le délire, le désordre, la passion et tous ses excès. On note une certaine contradiction puisqu'elle refuse la lumière dès l'ouverture, elle cherche l'ombre Quentin F. 2014-2015 Object d'étude : Théâtre Phèdre, Racine (1677) Lecture Analytique 1 Acte I, Scène 1 (v.46 «lasse enfin d'elle mm et du jour qui l'éclaire»). N.B. : Le Soleil (son ancêtre) avait surpris les amours clandestins de Mars et Vénus (qui représente l'Homme et la Femme), qui de colère jette malédiction sur tous les descendants Hippolyte et la parenté mortelle C'est le fils de Thésée et il n'a pas de statut autonome. Il a un statut particulier puisque c'est le beau-fils de Phèdre, il a une mère bien à lui. Il est le fils d'Antiope, Reine des Amazones (héritier surféminisé opposée à Thésée qui séduit beaucoup). Aricie et la parenté interdite Elle incarne la fratrie fautive v.53-54 (elle est la fille de Pallas-demi-frère d'Egée-), qui s'opposa à Thésée lorsqu'il voulait le trône d'Athènes. Sa famille a été massacrée par Thésée, c'est la seule descendante (héritière potentielle) et dont ses amours interdits sont passibles de mort. B. La montée en puissance du tragique On note le trouble des personnages, avec le refoulement violent du soi (périphrases, v.49 où Hippolyte parle de lui à la 3e pers). Il y a un jeu, un quiproquo, sur le mot «ennemie». Très ambiguë sur le sens littéral, ici « ennemie » est assimilée à celle qui lui cause sa souffrance. Au vers 48, Théramène dit que Phèdre n'est plus l'ennemie qu'elle était. «sa vaine inimitié n'est pas ce que je crains», Hippolyte de pense qu'à Phèdre, mais a quelqu'un d'autre. Phèdre est également désignée comme une ennemie, on à même sa haine au vers 41. Aricie est la raison officieuse du départ => destin tragique, défavorable au jeune Prince Phèdre est évitée mais elle est elle même déjà absente. On observe aussi le trouble du spectateur, éveillé par le suspens : «mourante et qui cherche à mourir» ; on ne sait pas pourquoi elle l'est (passage passif/actif v.44). Il y a une surenchère au niveau de l'emploi des figures de style : «atteinte d'un mal qu'elle s'obstine à taire» = c'est une périphrase pour l'amour. Ainsi, on assiste à la mise en place du tragique, le personnage est une victime (Phèdre est mourante, Hippolyte cherche son père mais voit une ennemie en celle qui l'aime). Il y a un parallèle entre Hippolyte et Phèdre, en effet, ils sont dans la même situation, ils périssent d'un mal qu'ils taisent ; se taire=mourir mais parler=mourir. Le personnage d'Hippolyte n'a pas encore avoué son amour, mais son langage et son attitude le trahissent. Derrière les deux raisons officielles que sont échapper à Phèdre et rechercher Thésée, le jeune Prince fuit en fait la belle Aricie qu'il n'a le droit d'aimer. Cette peinture de la passion amoureuse nous montre d'hors et déjà le caractère inéluctable du destin et de la passion : aimer ouvre sur une maladie du corps et de l'âme. De plus, l'amour impossible, condamné, donne à la pièce un caractère tragique. Ainsi, cette première scène constitue un paradoxe puisqu'elle sert d'ouverture à la pièce mais exprime en même temps une sortie, d'abord dans le monde aventureux, puis dans la mort, puisque les personnages devront passer tous mourir au nom de l'honneur. Cette scène d'exposition fera écho à la scène 3 de l'Acte I où Phèdre avouera à Oenone, sa confidente, son amour interdit pour Hippolyte. Quentin F. 2014-2015

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