Lecture analytique « A la musique » d'Arthur Rimbaud
Publié le 08/12/2010
Extrait du document
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Toutefois cet univers se voit perturbé dans le sixième quatrain qui évoque « les voyous ».
Ce quatrain occupe uneplace et une fonction particulière : le monde des voyous semble en contradiction avec l'atmosphère précédente,mais le lien entre les deux mondes est assurée par l'idée de contrebande qui suppose finalement cette présence desvoyous.
Dans le second univers, le rire domine.
Aux vêtements étriqués s'oppose l'adjectif « débraillé », aux « grosses dames» les « alertes fillettes ».
Les pelouses sont graduellement devenues « gazons », la vieillesse cède la place àl'évocation de la jeunesse, et les discussions sérieuses sont supplantées par les jeux de séduction.
Importance desallitérations en [S] qui témoignent de cette sensualité débordante.
Axe 2 : la satire de la bourgeoisie ou le monde de l'ordre.
Ce monde bourgeois est donc un monde perclus d'habitudes.
A - la caricature générale :
- « les mesquines pelouses » : hypallage : figure de construction qui lie un mot syntaxiquement à un autre (ici adjmesquines à pelouses) alors qu'il se rattache par le sens à un autre : c'est la bourgeoisie qui est mesquine : il y aune sorte de transfert de l'adjectif.
Idée d'une nature contrôlée, mais en partie fausse.
- La caricature s'appuie sur des termes dépréciatifs comme « poussifs » ou le curieux COD « leurs bêtises jalouses ».Le pluriel de ce groupe étonnant accentue la dimension caricaturale.
On a l'impression qu'ils arborent la bêtisecomme un emblème.
« Portent » : tout comme on pourrait arborer les couleurs d'une dame au moyen âge, leursvisages présentent les stigmates de leurs stupidités.
- L'allitération en [s] donne à entendre le ton persifleur du poète.
- Le verbe « étranglent » au v3 suggère une existence étriquée
- « L'orchestre militaire » participe de cette caricature.
Charleville = certes une ville de garnison, mais la présencede l'orchestre précisément militaire suppose peut-être des choix musicaux étriqués.
Au fil des strophes, on se rapproche des personnages (effet de zoom) et le poète va alors se livrer à des mini-portraits individualisés.
Portrait charge.
Sa peinture cherche l'effet de réel, précision dans le vocabulaire, avec lamention des « schakos » par exemple.
B - Les bourgeois, des pantins ridicules :
Il apparaît tout d'abord que ces bourgeois se donnent en spectacle, ils se font voir.
Mise en scène où lesspectateurs-auditeurs deviennent eux-mêmes un spectacle.
- au v 5 « parade le gandin » : un gandin est un jeune homme très élégant, raffiné et assez ridicule, qui pose.
Leterme connote l'oisiveté et la lâcheté.
C'est un terme dévalorisant surtout dans la proximité du verbe « parader » :la bourgeoisie s'exhibe, s'étale dans les rangs, ainsi que le confirme la précision « Sur les bancs verts » au v 13.
- Ces bourgeois se pavanent, exhibant leur bien-être et leur luxe : énumération des vêtements et des objetsemblématiques des bourgeois.
Au v 8 « breloques à chiffres », au v 9 « lorgnons » « les volants » des robes et au v14 « canne à pomme »...
- Cette classe est souvent considérée comme inculte, imperméable à l'art : or ces personnages semblent peuattentifs exceptés ceux qui soulignent « tous les couacs ».
Strophe 4 ils discutent politique et économie sur fond demusique.
- Vision ridicule du notaire.
Il pend à ses breloques alors qu'on attendrait l'inverse
- Les « couacs » terme peu élogieux pour qualifier la musique, = les fausses notes.
Terme prosaïque, onomatopéequi prend une force particulière à la rime, d'autant qu'il rencontre ensuite à la rime le terme « cornacs »particulièrement dépréciatif dans ce contexte
- Pantins car englués dans les habitudes (notaire pendu à sa montre - breloques à chiffres - + présent itératif +CCT les jeudis soirs -
- Moqueries sur leur embonpoint qui stigmatise leur aisance matérielle : « bourgeois poussifs » « gros bureaux bouffis».
la caricature devient paroxystique avec la mention de « leurs grosses dames » renchérie par l'image de leurssuivantes et la métaphore du « cornac » (maître des éléphants) + strophe (« les rondeurs de ses seins » pour unhomme et « bedaine flamande »..
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