"Le vrai roman est comme une autobiographie du possible" - Albert Thibaudet.
Publié le 30/09/2010
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"Le vrai roman est comme une autobiographie du possible" explique Albert Thibaudet. Ce critique littéraire de l'entre deux guerres affirme qu'un bon roman doit avoir une part de réel. Le roman est un genre qui prend son essor au 19ème siècle. Il est novateur car il raconte une histoire qui semble vraie, même si le lecteur sait pertinemment qu'elle ne l'est pas, tout en étant basé sur l'illusion des événements. André Bellesort affirme que " le succès des romans repose sur notre éternelle besoin qu'on nous raconte des histoires où nous nous reconnaissons tel que nous voudrions être." Cette affirmation explique l'importance du personnage principal, du héros. Pour André Bellesort, poète et romancier Français du début du 20ème siècle, le lecteur s'identifie au personnage principal du roman. Son but est de transporter le lecteur, de l'imprégner de son histoire. Le roman est un lieu d'évasion et d'aventure. Mais pour que le lecteur soit complètement absorbé par l'histoire il faut qu'il puisse s'identifier au héros. De quelles genres de héros le lecteur peut-il s'identifier? Pour quelles raisons? Le roman se résume-t-il à ses personnages? Dans un premier temps, nous parlerons du héros aventurier, du héros plein de bravoure et de bonté, du héros héroïque. Puis nous nous intéresserons au héros simple d'esprit qui est plus facilement identifiable. Et nous terminerons en expliquant que le roman peut être intéressant par bien d'autres aspects.
La lecture est un bon moyen de distraction. Le genre romanesque semble le plus adapté à cela grâce à ses histoires d'aventures et sentimentales. Le lecteur ne veut pas d'une histoire plate sans rebondissement. Il faut que l'auteur tienne en haleine le lecteur. Il s'attend donc à lire une histoire de héros.
En effet, le roman ne doit pas raconter un épisode banale; il risquerait de lasser le lecteur. Il lui faut un héros. Et pas n'importe lequel. Un héros plein d'ambition et de réussite. Un homme brave comme par exemple dans les Aventures d' Arsène Lupin de Maurice Leblanc. Un homme du peuple, un héro presque familier et qui immédiatement inspire la sympathie au lecteur. Ce gentleman, beau et séduisant n'est autre qu'un cambrioleur. Mais cet homme plein d'élégance est en vérité une sorte de Robin des Bois. Il redistribue aux pauvres le butin qu'il a volé aux riches. Le lecteur admire ce héros qui lui fait vivre des aventures rocambolesques. Il peut vivre ces cambriolages à travers ce personnage. Les romans de capes et d'épées est aussi un genre qui fait rêver son lecteur. D'autres événements lui sont décrits. Et il y a de nombreux passages où le héros frôle la mort en se battent pour une quête. Dans le roman de Théophile Gautier Le Capitaine Fracasse Le baron de Sigognac et le duc de Vallombreuse se livrent une lutte sans merci. Le lecteur se met alors dans la peau de son héro et partage avec lui de belle bataille. Le lecteur à donc besoin de s'évader de son quotidien. Le roman évoque la plus part du temps des faits qui sortent de l'ordinaire.
Cependant, il ne suffit pas au héros d'avoir un destin exceptionnel. Il doit être en plus doté d'une forte personnalité. Le lecteur doit avoir une idée de certains traits du personnage qu'il incarne pour pouvoir totalement s'identifier. Les personnages hors du commun vont attirer notre attention. Les auteurs choisissent alors de donner des particularités aussi bien psychologiques que physiques à leur héros. Par exemple dans Vipère au poing une femme cruelle maltraite ses enfants. Celui-ci choisit de la surnommer Folcoche (à la foi folle et cochonne). Sa grande cruauté est une des caractéristiques que l'auteur Hervé Bazin décrit dans son roman. D'autres traits peuvent influencer le lecteur: les grandes passions amoureuses tel la princesse de Clèves et le duc de Neimour. Ou encore une particularité physique comme le bossu Quasimodo dans Notre Dame de Paris écrit par Victor Hugo en 1831. Les personnages complexes et hors du commun attirent notre attention à nous, lecteur. Le roman répond à nos attentes. Ses personnages sont le plus souvent extraordinaires, d'où la dérive du mot: romanesque. Les personnages avec une forte personnalité ou une caractéristique physique forte va permettre au lecteur de se mettre dans la peau du héros. Il va pouvoir sortir de sa vie quotidienne et de sa nature humaine pour se plonger dans le corps d'une autre personne et devenir quelqu'un hors du commun. Quelqu'un d'extraordinaire. Quelqu'un qu'il ne pourra jamais devenir dans sa vie réelle.
Le destin exceptionnel et la forte personnalité des héros poussent le lecteur à se glisser dans la peau de son personnage et enfin sortir d'une vie monotone. Le roman nous permet de rêver et de nous évader. Mais si la personnalité des héros est en trop grand décalage avec celle du lecteur, peut-on supposer qu'un héro plus proche de nous, plus simple et plus ordinaire n'est pas préférable? Les héros doivent-ils être héroïques pour que l'on s'identifie a eux? Nous verrons que certains personnages sont tout le contraire des héros: des anti-héros et par la suite nous verrons que certains écrivains prônent le réalisme romanesque.
Les héros ne sont pas toujours dotés de qualités et d'un destin exceptionnel. Et pourtant. Le personnage principale peut être médiocre et intéresser le lecteur. Même s'y reconnaître. En effet l'anti-héro se rapproche de nous par son caractère plus humain, plus "normal". Prenons l'exemple de Charles Bovary, le fidèle époux de Emma Bovary l'héroïne du roman de Flaubert Madame Bovary. Charles est depuis toujours médiocre et incapable de finir ses études de médecines. Tout au long du livre il va subir l'autorité de sa femme. Il se contentera toute sa vie de son quotidien banale. Et pourtant nous sommes touché par ce personnage innocent et finalement aux antipodes du héros. Certains peuvent n'avoir aucun sentiment ou très peu comme dans l' Étranger de Camus: Meursault n'est que peu attristé quand il apprend la mort de sa mère. D'autres romancier encore choisissent de faire de leur personnage centrale des gens détestables. Hors cela peut attirer notre attention et nous captiver. Les personnages absurdes ont finalement leur place dans les romans en tant que héros car le lecteur est autant intéressé par ceux qui sont héroïques que ceux qui sont ordinaires. Pas besoin d'avoir un destin hors du commun.
L'homme, par le roman, cherche à s'évader de son quotidien en se glissant dans la peau de personnages exceptionnels. Seulement, il sera difficile au lecteur de se l'imaginer. Nous ne connaissons pas tous le grand amour, ou le courage de vaincre une armée entière. Nous pouvons donc penser que le lecteur va aussi se reconnaître dans un héros proche de lui, réel. Un héros qui finalement sera comme tous le monde, comme le lecteur, comme nous. De là, naît le Réalisme. C'est un courant littéraire né au milieu du 19ème qui exprime le plus fidèlement possible ce qui l'entoure: Les personnages de romans ont des sentiments vraisemblables. Leur vie et leur physique sont peint sans artifices et sans idéalisation. Stendhal a d'ailleurs écrit que « le roman, c’est un miroir que l’on promène le long d’un chemin «. Ses romans décrivent le plus souvent les moeurs de la société. Ils sont le reflet de la réalité sociale et politique de son époque. Le roman qui révèle la vie Française et le Paris pauvre du début du 19ème est Les Misérables de Victor Hugo publié en 1862. L'auteur y décrit la vie de misérables dans le Paris du XIXe siècle et s'attache plus particulièrement aux pas du bagnard Jean Valjean. Les Misérables décrivent tout un univers de gens humbles. Son succès populaire tient au trait populaire avec lequel sont peints les personnages du roman. Le lecteur s'identifie au personnage car il se sent proche de lui. Il est dans le même contexte. Il se trouve ainsi des points communs avec le héro et peut se reconnaître en lui.
Nous nous reconnaissons aussi dans les héros qui sont proches de nous et ceux qui sont médiocres. Le réalisme romanesque se rapproche le plus possible du vrai, du réel. Le personnage sera donc plus facile à s'approprier. Or est-ce suffisant de dire que seul l'identification du lecteur fait le succès des romans? Devons-nous seulement nous contenter des personnages dans une histoire? Dans cette dernière partie nous allons découvrir les autres aspects essentiels qui font du roman, un succès.
Certes, André Bellsort souligne un point essentiel sur le succès du roman: l'identification. Mais peut-on réellement se limiter à cette affirmation? Le roman s'est progressivement installé depuis le XVIème siècle dans le genre dominant de la littérature. Il en existe plusieurs formes: le roman historique, le roman romantique, le roman épistolaire et le comique, etc. Bref le roman ne se résume donc pas à un héros. Il peut avoir différentes visées. Sans héros, il ne peut y avoir d'histoire. Mais sans histoires, il ne peut pas y avoir non plus de héros. Ils sont aussi important l'un que l'autre. On ne peut s'en passer. L'intrigue, par exemple, est importante dans un roman. Un personnage peut avoir toutes les caractéristiques inimaginables,mais sans une bonne intrigue le lecteur n'accrochera pas à l'histoire et ne finira pas le roman. Le ressort fondamental du roman est alors la curiosité du lecteur. Nous choisissons un roman à son titre, à ce qu'il nous intrigue, nous interroge et ouvre notre curiosité. Le roman est un bon moyen de faire passer un message, une idée, une philosophie. Il y a donc d'autres aspects importants dans un roman que nous ne pouvons pas nier. Le héro est indispensable tout autant que l'histoire, le fond, l'intrigue...
Il peut aussi y avoir une portée significative. Et délivrer un message. Prenons l'exemple des romans philosophiques. Bien que les philosophes utilisent d'autres genres ils prônent aussi le roman. Par exemple Voltaire est un des philosophe qui s'est que plus servis de ce moyen: Candide est le cas le plus célèbre. A travers les nombreuses aventures qui lui arrivent, le lecteur est pris dans l'histoire philosophiques. Le roman est un bon moyen de faire passer un message, une idée, une philosophie. D'ailleurs, Diderot, dans Jacques le Fataliste va jouer avec le lecteur. Le narrateur va dans quelques passages interrompre le lecteur pour le tenir en haleine. C'est une des caractéristique du roman. Le genre romanesque est tout de même assez libre. Ainsi les auteurs vont pouvoir se concentrer, non sur le héro ou les aventures mais, sur la beauté des textes. Proust est le premier auteur des romans modernes. Les thèmes tournent selon un plan musical et un jeu de correspondances qui touche à la poésie. Proust voulait saisir la vie en mouvement, sans autre ordre que celui des mouvements de la mémoire affective. Il nous laisse des portraits uniques, des lieux recréés, une réflexion sur l’amour et la jalousie, une image de la vie, du vide de l'existence, et de l’art. Il nous laisse surtout un style composé de phrases longues, pareilles à une respiration. Au delà de la beauté le roman permet l'amusement: George Perec, écrivains Français du XXème, a écrit La disparition. Premier roman oulipien, il se met la contraire d'écrire un roman sur l'absence mais un roman ou la voyelle E ne sera pas permise. Le lecteur a la fois touché par l'histoire est de même amusé et étonné de cette prouesse lexicographique. Le roman est un genre variable qui peut en intéresser plus d'un par ses multiples aspects.
En conclusion, le roman est un genre à succès car le personnage principale donne au lecteur un moyen de s'identifier. Le héros, grâce ces différentes caractéristiques extraordinaires, permet au lecteur de sortir de son quotidien, de s'évader, de partir dans un autre monde. Mais paradoxalement il va aussi avoir besoin de se reconnaître dans un personnage plus simple d'esprit, plus ordinaire. Le roman réaliste va permettre au lecteur de s'identifier à une personne proche de lui. Or le roman ne se limite pas aux personnages. Le genre romanesque à besoin d'une histoire, d'une intrigue, d'un fond pour intéresser véritablement le lecteur. De plus, le roman permet de transmettre des connaissances par exemple philosophiques. Le lecteur peut aussi s'intéresser au roman car il lui fait ressentir des émotions nouvelles grâce à la beauté de certains récits. Bref, le romans est un genre tellement hétéroclite que l'on ne peut pas se limiter aux personnages.
Aujourd'hui certains écrivains pensent que le héros n'est plus d'actualité. Ainsi Alain Robbe-Grillet écrit dans Pour un nouveau roman (1963) :"Le roman de personnages appartient bel et bien au passé, il caractérise une époque : celle qui marqua l'apogée de l'individu. Peut-être n'est-ce pas un progrès, mais il est certain que l'époque actuelle est plutôt celle du numéro matricule. Le destin du monde a cessé, pour nous, de s'identifier à l'ascension ou à la chute de quelques hommes, de quelques familles." Mais alors toute l'affirmation d'André Bellsort serait contredite.
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