Le Visiteur, d'Eric-Emmanuel Schmitt
Publié le 01/08/2010
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Sommaire : 1. Biographie de Schmitt 2. Bibliographie de l’auteur 3. Résumé 4. Contexte 5. Idées Travail 1. Courte biographie de l’auteur Eric-Emmanuel Schmitt est né en 1960. Il est diplômé de l’E.N.A et agrégé de philosophie en 1983 puis docteur en philosophie en 1997. Il écrit son premier succès pour le théâtre en 1991 puis un second en 1993, « Le visiteur « qui lui vaudra un Molière en 1994. D’autres pièces suivront ainsi que de très nombreux succès de librairie. Plusieurs de ses œuvres seront portées à l’écran et jouées par de grands acteurs. Il est aussi l’auteur de nombreux romans à succès. En 2001 il obtient le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. 2. Bibliographie Théâtre « La nuit de Valognes « 1991 « Le visiteur « 1994 « Golden Joe « 1995 « Variations énigmatiques « 1996 « Le libertin « 1997 « Milarepa « 1997 « Frédérik ou le boulevard du crime « 1998 « Hôtel des deux mondes « 1999 « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran « 1999 « Oscar et la dame rose « 2003 « L’évangile selon Pilate « 2004 Romans « La secte des égoïstes « 1995 « L’évangile selon Pilate « 2000 « La part de l’autre « 2001 « Lorsque j’étais une œuvre d’art « 2002 « Milarepa « « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran « « Oscar et la dame rose « « L’enfant de Noë « 2004 Essais ou traductions « Diderot ou la philosophie de la séduction « 1997 « Les noces de Figaro « « Don Giovanni « 3. Résumé de la pièce Nous sommes à Vienne dans le cabinet de Freud après l’annexion de l’Autriche par Hitler. Anna Freud est seule avec son père dans la pièce. Elle lui parle des exactions commises par les nazis viennois contre les juifs, alors que Freud lui dit qu’il n’existe pas de nazis viennois. Anna lui répond en lui disant tout ce qu’elle a vu dans les rues y compris les corps des juifs qui se sont jetés par la fenêtre en entendant des nazis monter leurs escaliers. Elle pousse son père à signer un papier rédigé par les nazis, moyennant quoi, grâce à ses appuis étrangers, ils le laisseraient quitter l’Autriche pour Londres ainsi que toute sa famille. Freud est fatigué et malade, il a un cancer, mais il estime que la solidarité l’oblige à ne pas quitter Vienne. On frappe à la porte et un nazi de la Gestapo entre dans l’appartement. Il regarde les livres et en fait volontairement tomber quelques-uns uns. Pendant toute la scène d’intimidation Anna se fâche et l’injurie alors que Freud soutient le dialogue avec humour. Il se moque du nazi désarmé car incapable de lui répondre sur le même ton. Pour finir il lui proposera de l’argent pour qu’il parte, ce que l’autre accepte avec plaisir. Mais comme Anna lui fait comprendre qu’il n’est qu’un impuissant complexé, il finit par l’emmener à la Gestapo. Freud, affolé, appelle l’ambassade américaine où il lui y est également conseillé de signer le fameux papier. Que dit celui-ci ? Tout simplement que Freud reconnaît avoir été parfaitement traité en Autriche par les nazis et plus particulièrement par la Gestapo et qu’il a reçu toute l’aide désirée pour pouvoir continuer ses travaux. Inquiet pour Anna il signe le papier. Et soudain le voilà qui se trouve face à un homme particulièrement élégant. Il n’a pas sonné, Freud n’a donc pas ouvert et il est là. Il demande une consultation prétendant être malade et avoir besoin de son aide. Freud n’est pas en état de faire cela et il est tard. Mais rien n’y fait, il n’arrivera pas à la faire sortir. Au cours de la discussion l’homme lui donne de nombreuses indications sur ce que sera le futur proche de Freud. Il quittera l’Autriche, passera par Paris, puis résidera à Londres où il terminera son dernier livre. Il en donne même le titre que Freud lui-même ne connaît pas encore… De plus en plus étonné, Freud va accepter de procéder à une consultation, considérant que de toute façon sa nuit est foutue. Il demande à l’homme de raconter une histoire. Celui-ci commence à lui parler d’un souvenir d’enfance et à mesure que le récit avance, nous constatons que Freud, comme prit par un souvenir, va poursuivre lui-même l’histoire racontée par l’homme. Il se reprend et lui dit que cette histoire est la sienne et qu’il se demande bien comment il peut la connaître… Freud le met en hypnose et lui pose des questions. Les réponses de l’homme sont étranges : il n’a pas d’âge, pas de parents, il n’est pas né, n’a pas de pays etc. Soudain, Freud commence à penser que cela pourrait être Dieu qu’il a en face de lui et l’autre de lui rappeler qu’il ne croit pas en Dieu et que son hypothèse est donc très bizarre. L’inconnu lui fait remarquer qu’il se met à croire parce qu’il est vieux, fatigué, malade et que sa fille vient d’être emportée par la Gestapo. A nouveau il se sent tout petit et a un soudain besoin de croire. On sonne et le nazi entre à nouveau. Il voit le papier enfin signé, le prend et le met en poche. Sa fille lui sera rendue, mais ils la garderont encore un petit moment. Le nazi sort un testament de Freud de sa poche et lui fait remarquer qu’il y mentionne de l’argent à l’étranger. Il exige qu’il le ramène de là car s’il donnait ce testament à la Gestapo celui-ci pourrait annuler le document qu’il a déjà signé. Puis il se tourne vers d’autres nazis toujours dans le couloir. Il leur crie qu’il n’y a personne ici et qu’ils doivent donc chercher aux autres étages. Il sort. L’inconnu se montre à nouveau et calme Freud en lui disant qu’il voit sa fille à la Gestapo, ce qu’elle fait, et que tout suit son cours normal. On sonne à nouveau et c’est le nazi qui revient. L’inconnu tend vite une photo à Freud et lui dit de s’en servir… Freud va comprendre et pendant tout l’entretien avec le nazi il va lui montrer la photo et lui faire remarquer à quel point lui, le nazi, y ressemble. Or, cette photo est celle de Simon, oncle de Freud, qui était rabin. Comme lui dit Freud, ce qui est terrible avec les Juifs c’est que l’on ne sait jamais si soi-même on n’en est pas un. Le nazi, à son tour, comprend le chantage et abandonne le sien aussi vite. Avant de partir, il explique à Freud que celui qu’ils cherchent se serait réfugié dans l’immeuble et qu’il s’est échappé d’un asile. Il serait mythomane… L’inconnu lui révèle que cet homme s’appelle Walter Oberseit. Freud se relâche de toute cette tension et se met à croire qu’il a Walter Oberseit devant lui. A quoi l’inconnu lui dit qu’il semble plus facile de croire en Walter Oberseit qu’en Dieu dès que la peur vous quitte. A partir d’ici, nous serons bien davantage dans les idées que dans une histoire et un long dialogue va s’installer entre l’inconnu et Freud. Tantôt calme, tantôt plein de révolte suivant que Freud pense parler à un malade ou à Dieu, car il va, par moment, se laisser prendre à l’idée que c’est Dieu qu’il a vraiment face à lui et alors c’est bien plus la colère qui dominera en lui plutôt qu’un autre sentiment. Freud passera un mauvais moment quand le nazi reviendra lui rendre son testament tout en lui disant que le fou a été récupéré et que les gens de l’asile étaient très heureux de l’avoir retrouvé… Il n’est donc plus devant Walter Oberseit… Sachez cependant que la fille de Freud rentrera bien à la fin de la nuit. Quand elle verre l’inconnu elle lui dira tout simplement : « Ah, c’est vous ? « et ira faire une tasse de thé. Les deux hommes sont ahuris devant cette réaction et Anna dira qu’en effet elle le connaît car il la suivrait depuis quinze jours en lui faisant de petits signes. Elle déclare ne pas l’apprécier du tout ! A Freud qui lui demande une explication, l’inconnu répond que personne ne peut le voir mais que chacun lui donne les traits de ceux qui les obsèdent. Encore une courte discussion entre les deux hommes pendant qu’Anna fait le thé et l’inconnu veut partir. Freud veut l’en empêcher, mais l’homme se met sur la fenêtre et disparaît. Quand Freud se penche, il voit qu’il descend le long de la corniche et se sent soudain roulé. Il va tirer sur lui, mais le rate. 4. Le contexte Il est très simple et évoqué en grande partie dans le texte. L’Anschluss est réalisée et les nazis se déchaînent dans Vienne comme dans toute l’Autriche. A ce sujet, il est intéressant de noter que beaucoup d’historiens prétendent que l’on a trouvé plus de nazis et d’antisémites en Autriche, en proportion par rapport à population, qu’en Allemagne elle-même. Le sort des Juifs y a donc été particulièrement dur. Quant à Freud, il est tout à fait exact qu’il a bénéficié de nombreuses interventions de la part de la communauté internationale et même de l’Italie. Il quittera donc l’Autriche libre, ainsi que toute sa famille, et s’installera à Londres Il y mourra d’un cancer de la gorge en 1939 après avoir fini son dernier livre « Moïse ou le monothéisme « 5. Les idées Ici, ce n’est vraiment pas ce qui manque. La plus grande partie de celles-ci ressortent du dialogue entre l’Inconnu (ou Dieu) et Freud. Mais il en est d’autres aussi. L’Amour - On sent de suite que Freud est prêt à tous les sacrifices pour sa fille et sa famille, mais il est aussi terriblement attaché à Vienne et à tous les souvenirs qu’il a dans cette ville. D’autre part, on peut comprendre que pour un tel homme abandonner les autres Juifs à leur sort et profiter d’un énorme avantage pour lui-même et les siens est quelque chose de difficile. Se couper de ses racines n’est jamais évident même si l’on sait que de l’autre côté c’est la paix et la tranquillité que l’on va trouver. - Mais Freud évoque aussi un autre amour : celui des hommes, quand il dit : « C’est l’homme qui a charge de l’homme. Je vous soignerai. « Puis encore : « J’ai passé toute ma vie …. à soigner, à me battre pour les hommes contre les hommes… « Et encore : « Sans amour il n’y a que solitude. Si je n’aimais pas Anna, Martha, mes fils, aurais-je pu continuer à vivre ? « Dieu, les hommes, le besoin de Dieu et la raison. Ici, il ne m’est pas possible de reprendre la totalité des arguments, pour ou contre, repris tout au long de la pièce. Ils sont bien trop nombreux et ne tiennent parfois qu’en une seule réplique. Je vais donc me contenter des idées les plus importantes et les plus développées. D’autre part, je pourrais utiliser le nom de Dieu ou celui de l’Inconnu. Je préfère ce dernier. - L’Inconnu fait remarquer à de multiples reprises que c’est quand l’homme est perturbé, malade, déboussolé et sans plus de repères qu’il se tourne vers la foi et Dieu. Il rappelle à Freud que la première fois que lui-même l’a fait c’est lorsqu’il s’est rendu compte que son père n’était pas infaillible et tout puissant comme il l’avait toujours pensé. Il avait alors treize ans. Il avait donc besoin d’une autre valeur, d’une autre protection, supérieure. Par la suite, s’étant consolidé, il a abandonné cette voie pour en arriver à nier Dieu. Maintenant qu’il est malade, fatigué et affolé pour sa fille, il est prêt à y revenir. La preuve de ceci c’est qu’à peine rassuré, il l’abandonne à nouveau et retrouve tout son scepticisme quand il déclare : « Freud – La raison a fait fuir les fantômes. Il n’y aura plus de saints désormais, seulement des médecins. « et un peu plus loin : « Freud - Tout à l’heure, j’ai failli céder, parce que c’était la peur qui pensait à ma place. « - L’inconnu : Il fallait céder. - Freud : Je prends assez de drogue, je ne veux pas de celle-ci. - L’inconnu : Pourquoi pas celle-ci ? - Freud : Parce que c’est l’esprit qu’elle anesthésie. « - Pour Freud l’athée sait qu’il n’y a pas d’autre fin que la sienne, pas d’autre secours que celui des hommes. La vie est donc bien plus dure pour lui et cela lui demande beaucoup plus de courage pour se comporter bien, « … la vie n’apparaît plus que comme une maladie mortelle. « Et l’Inconnu de lui répondre deux choses : « Votre athée n’est qu’un homme désespéré. « puis : « Tu es trop amoureux de ton courage. « - Arrive un moment où Freud va tenir un long réquisitoire contre Dieu dont chaque élément se terminera par ces paroles : « Faute à Dieu « La première idée est que la mort frappe par derrière, que l’homme n’y est pas préparé, c’est la promesse de la vie qui n’est pas tenue : « Faute à Dieu « La seconde c’est que dès la naissance l’homme se sent protégé par une mère, il est dorloté et caressé, mais quelques années plus tard tout cela est remplacé par une guerre constante au cours de laquelle l’homme souffre : « Re-faute à Dieu « Mais la pire faute de Dieu est d’avoir donné à l’homme une intelligence, mais une intelligence tout à fait limitée, comme s’il avait voulu que nous ne puissions pas tout comprendre. Freud dit qu’il pourrait vivre mille ans qu’il ne saurait toujours pas plus ce qu’il fait sur la terre, il est « condamné à rester les pieds dans la boue « la finitude de l’esprit est à ses yeux la pire des traîtrises ! A nouveau, faute à Dieu. - Pour Freud, si Dieu existait, il ne pourrait en aucun cas être satisfait de son œuvre, au Contraire : « Ce serait un drôle de Dieu, un Dieu cruel, un Dieu sournois, un criminel, l’auteur du mal des hommes…. Au fond, s’il y avait un Dieu, ce ne pourrait être que le Diable… « - Après cette grosse colère, L’Inconnu va lui répondre, et tout aussi durement !… Quoi, il se plaint ?… Lui qui va pouvoir partir, quitter ce pays où les autres vont souffrir ?… Il lui parle de la peste nazie et lui révèle ce que sera le véritable sort des Juifs : les camps et les chambres à gaz !… Et, dit-il, il y en aura encore d’autres, de pestes ! Ce siècle s’appellera le siècle de l’homme et l’origine de tous ces maux c’est l’orgueil ! L’homme nie Dieu et se prétend seul maître à bord et tout ce qu’il arrivera à faire ce sera de l’autodestruction et cela dans presque tous les domaines ! Mais, dit-il, le plus terrible viendra quand un jeune homme, déboussolé, se demandera quel est le sens de la vie, autre que l’argent. Et ce seront des hommes comme Freud qui lui auront enlevé tout espoir après avoir tout nié, avoir nié Dieu. La responsabilité de tous les penseurs, sera terrible ! - Freud va lui dire que s’il était vraiment Dieu il pourrait empêcher tout cela, arrêter le terrible massacre qu’il prédit aux Juifs, comme l’autodestruction de l’homme. Là, l’Inconnu rit carrément puis lui rappelle qu’il a créé l’homme libre et qu’il ne peut donc plus rien faire, qu’il ne peut pas intervenir. Pour garder le contrôle il aurait du fabriquer des automates et il prétend que c’est par amour qu’il ne l’a pas fait. Comme c’est aussi par amour qu’il a créé le monde. L’homme est donc libre pour le bien comme pour le mal. - Freud demande à Dieu pourquoi il est venu. Il lui répond qu’il s’ennuie. Il sait tout, connaît tout et n’aura même pas de fin. Et il termine cette réplique en disant : « Sais-tu ce que c’est, l’état de Dieu ? La seule prison dont on ne s’évade pas. « - Pour en finir, à Freud qui lui demande une preuve de ce qu’il prétend être, l’Inconnu lui répond que « …la foi doit se nourrir de foi, non de preuves. « et il dit adieu en prononçant ces paroles : « Jusqu’à ce soir tu pensais que la vie était absurde. Désormais tu sauras qu’elle est mystérieuse. «
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