Le tourisme en France métropolitaine (CPGE Hypokhâgne)
Publié le 29/03/2014
Extrait du document
Géographie Le tourisme en France métropolitaine. Plan du chapitre. I°) La France métropolitaine : le premier pays touristique au monde. A - Des aménités et des conditions exceptionnelles. B - Un grand pays touristique : pour une géographie du tourisme en France métropolitaine. C - Un territoire qui s'enrichit par le tourisme : un secteur clé de l'économie française. II°) La mise en tourisme de la France : des territoires aménagés. A - Le tourisme balnéaire et les aménagements des littoraux. B - La mise en tourisme des montagnes françaises. C - Approche spatiale des autres grandes formes de tourisme. III°) Les enjeux du tourisme en France métropolitaine. A - Des territoires à ménager. B - De nouvelles formes de tourisme et un tourisme renouvelé. C - L'inégale place du tourisme dans le développement Introduction. En 2011, le château de Versailles enregistre 6,7 millions de visiteurs contre 2,9 millions en 2000. La France a un patrimoine historique exceptionnel et est très prisée depuis la massification du tourisme qui date des années 1950. Autrefois, les formes de tourisme consistaient en villégiatures aristocratiques et bourgeoises. L'OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) dénombre en 2000 700 millions de touristes internationaux et un milliard en 2012. L'Europe est la première destination au monde avec 535 millions de touristes. La massification du tourisme et sa démocratisation s'est faite grâce aux facilités de mobilité et à l'émergence d'une classe moyenne mondiale. 1992 : La France figure comme la première destination touristique du monde grâce au bicentenaire de la Révolution Française (1989), des jeux olympiques d'Albertville (1992) et de la coupe du monde de football (1998). Tourisme = acteur économique ayant des effets structurant sur les espaces et les territoires. OMT : « Le tourisme regroupe les activités déployées par des personnes au cours de leur voyage et de leur séjour dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas un an et à des fins de loisirs et autres motifs non liés à une activité rémunérée dans le lieu visité. » Le mot tourisme vient du « Grand Tour » de l'aristocratie anglaise du XIXème siècle. Les jeunes hommes nobles devaient faire un voyage culturel à travers l'Europe. En géographie, le tourisme constitue un système d'acteurs, de lieux, de pratiques permettant aux individus la récréation par le déplacement et l'habitation temporaire dans des lieux différents du quotidien. Les acteurs sont les entreprises (hôtels, « tour operator »), les touristes, les institutions (Etat, régions, collectivités territoriales). Les lieux touristiques se développent au gré des aménités et des volontés politiques et économiques. Ces espaces ont bénéficié d'une mise en tourisme. France métropolitaine : 551 695 km². Population française : 63 millions en 2011. Le tourisme est générateur d'aménagements et de paysages spécifiques. Aucun lieu n'est touristique par essence et un lieu qui l'est ne l'est pas obligatoirement pour toujours. Alain Corbier montre que le tourisme du XIXème siècle n'était pas présent sur les littoraux car ils étaient vus comme laids. Ils sont devenus attractifs par des constructions mentales et sociales du XXème siècle. Il s'agira de mettre en évidence la dimension spatiale du tourisme, de décrire et expliquer les éléments et les interactions au sein de ce système ; le tout dans une approche multiscalaire (plusieurs échelles). I°) La France métropolitaine : le premier pays touristique au monde. A - Des aménités et des conditions exceptionnelles. La France bénéficie d'un patrimoine historique et naturel exceptionnel qu'elle a su judicieusement mettre en valeur. « La France se nomme diversité. » Paul Vidal de la Blache. Les facilités de circulation et la qualité des infrastructures touristiques ont forgé le tourisme du pays. 1°) Des horizons variés. Exceptionnelle mosaïque de paysages avantageuse pour le tourisme. 4 mers : Méditerranée, Manche, océan Atlantique, Mer du Nord. 5000km de côtes avec une diversité de paysages importante (côté à falaises en Normandie avec le Pays de Caux, côtes rocheuses avec la pointe du Raz en Bretagne, les calanques entre Marseille et Cassis, côte sableuse avec la côte d'Argent, côtes marécageuses avec le Marais poitevin ou la Camargue). Ces côtes sont propices au tourisme balnéaire sous plusieurs formes. Les touristes peuvent choisir où ils veulent aller. Il existe aussi des lacs le long de la côte Atlantique (lac de Cazaux). Paysages montagnards : haute montagne (étagement de la végétation) et moyenne montagne. Alpinisme, ski-alpin, randonnées. Alpes : stations de ski les mieux équipées du monde (La Plagne, Avomaz), parc naturels nationaux (Les Ecrins, Mercantour). Le Massif Central offre également des stations de ski (Super Lioran) tout comme le Jura (Les Rousses) et les Vosges (Bussangs). Climatisme : séjours atténuant ou soignant des maladies grâce aux bienfaits du climat. Nombreux lacs en période estivale (baignade, pêche, nautisme). Sites naturels d'exception : gorges du Tarn, gorges du Verdon. APPN : activités physiques de pleine nature. Beaucoup de diversité, d'aménités. Les fleuves et les rivières participent au tourisme fluvial (canal du midi). 2°) Un patrimoine culturel très important. Etymologie « patrimoine » = qui est hérité du père. Ensemble des biens ayant une importance artistique et/ou historique certaine appartenant à des entités privées ou publiques. Ce patrimoine est restauré, préservé et sauvegardé, puis présenté au public soit de manière permanente, soit de manière exceptionnelle (journées du patrimoine). Plusieurs sites français sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO qui est un véritable atout : Baie du Mont Saint-Michel, la cathédrale de Chartes, le pont du Gars, le bassin houiller du NPDCalais. 28300 monuments classés au patrimoine français et un millier de musées. Ce tourisme embrasse toute l'Histoire de l'humanité en partant des grottes de Lascaux en passant par les arènes de Nîmes et la cité de Carcassonne, Versailles ou encore la ligne Maginaux. Folklores régionaux, terroirs = gastronomie, langue, architecture. La gastronomie française est très reconnue dans le monde est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO : Lyon, Sarlat, oeunotourisme (vin). 3°) Des équipements adéquats. Le secteur touristique nécessite des infrastructures (logements, transports). Complémentarité entre les acteurs et les espaces potentiellement touristiques. En clair, ces lieux sont touristiques grâce à ces acteurs. Réseaux de communication français les plus denses du monde avec le secteur autoroutier qui facilite les déplacements au moment des vacances. Ces autoroutes sont en continuation avec les pays voisins. Le réseau ferroviaire est considéré comme l'un des plus performants au monde (TGV) et est relié avec les autres pays européens, sauf l'Espagne qui n'a pas le même écartement de rail. Aéroports de Paris (Orly + Roissy CDG) = 88 millions de passages entrants en 2011. Ces aéroports sont complémentaires avec les aéroports régionaux (Nice, Lyon, Marseille). Ports de voyageurs : Calais, Nice, Toulon, Marseille. Espace Schengen facilitant le tourisme car pas besoin de papiers spécifiques. Parc hôtelier important et diversifié. Les campings sont prisés et sont en progression depuis 1970. Les résidences secondaires sont typiquement françaises (4% des français ont une résidence secondaire) et sont souvent en zone rurale ou dans le Sud. Villages et centres de vacances sont répandus en Aquitaine et en PACA. Cependant, inégale répartition des logements. Les hôtels sont concentrés en Île-de-France, en Rhône-Alpes et en PACA alors que les campings sont plutôt concentrés sur les littoraux bretons, aquitains et de Languedoc-Roussillon. Parc de loisirs attirant de plus en plus de monde malgré le coût de la construction. Un téléski coûte entre 300 000 et 800 000EUR, un télésiège entre 1 et 3 millions d'euros. B - Pour une géographie du tourisme en France. 1°) La première destination du monde. Touristes nationaux = 50 millions de personnes. 1936 : congés payés ; 1950 : Trente Glorieuses, démocratisation du tourisme ; 60% des français partent en vacances (56% en Europe) ; beaucoup de touristes nationaux. Touristes internationaux = Europe, Amérique du Nord, Australie, Chine, Japon, Inde. 2009 : 79 millions de touristes étrangers / 2011 : 81 millions de touristes étrangers. Croissance importance. Europe : 84% des touristes (proximité, facilité de circulation, niveau de vie). Amériques : 7% des arrivées avec les USA et le Canada en tête. Asie + Océanie = progression forte (Japon en tête). Clientèle aisée russe et des pays pétroliers (peu nombreux mais dépensent beaucoup) 2°) Les principaux acteurs du tourisme. Le touriste est l'acteur principal. 85% des nuitées touristes des français se font dans l'hexagone. Acteurs privés : entreprises touristiques (voyagistes, tour operator (Club med, Marmara, Nouvelle Frontières)), hébergements (chaines d'hôtels, etc.) Acteurs publiques : Etat aménageur qui a délégué des compétences aux régions dans les années 1980 avec en 1982 les grandes lois de décentralisation aux régions. Ainsi, ces régions ont acquiert plus de pouvoir et ont pu participer à l'essor touristique. Chaque région possède un CRT (comité régional du tourisme) qui réfléchit sur comment développer le tourisme. Les syndicats d'initiative sont des anciens acteurs qui, depuis ces grandes lois, permettent la promotion du tourisme à l'échelle locale. 3°) Les espaces et les flux. Depuis 20/30 ans, la géographie du tourisme n'a pas subi de grandes modifications spectaculaires. Les littoraux sont au premier rang, les campagnes sont au second rang et la montagne est de plus en plus visitée avec la démocratisation du tourisme hivernal. Sud de la France (axe Le Havre-Briançon) = le plus touristique. Concentration spatiale et temporelle (Juillet-Août et vacances d'hiver) qui demande une organisation spécifique en fonction de l'endroit et du moment. En France métropolitaine, le déplacement des touristes français mettent en avant quatre régions émettrices : l'île-de-France (« surmobilité touristique des franciliens » P.Lejoux), Rhône-Alpes, PACA et NPDCalais. Ces quatre régions concentrent 50% des émissions de touristes français en France. 6 régions vont capter les touristes français : PACA, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Bretagne, Aquitaine et Pays de la Loire. Tourisme intra-régional important : séjours courts et week-end avec Rhône-Alpes et IDFrance émettrices. Des régions sont très peu touristiques : Lorraine, Champagne-Ardenne, NPDCalais. Disparités géographiques et sociales. Les taux de départ peuvent s'expliquer par le cadre de vie qui incite à l'évasion, ainsi que l'importance de l'urbanisation. Les citadins sont prépondérants dans les flux touristiques. Le niveau de vie joue un rôle important. En 2011, le CREDOC souligne que 70% des cadres partent en vacances contre 51% des employés et 41% des ouvriers. Diagonale du vide (ligne imaginaire discontinue qui regroupe des zones de très faible densité) peu touristique. Les 8 premiers sites les plus visités de France sont en région parisienne. Paris : métropole touristique internationale avec un coeur touristique parisien (Notre-Dame / Arc de Triomphe). Elle doit sans cesse innover pour valoriser le patrimoine et les espaces (Paris-Plage, les Nuits Blanches). Ville-musée + muséification de quartiers (Montmartre, XVIIIème arrondissement). C - Un secteur source de richesse. 1°) Une balance touristique excédentaire. La balance permet de calculer les bénéfices ou au contraire les déficits liés aux recettes et aux dépenses du tourisme. En France, elle est excédentaire depuis 1960 (sauf 3 années : 1965, 1967, 1968). La balance touristique constitue alors l'un des points forts des échanges extérieurs de la France et cela constitue le poste le plus favorable devant les échanges agro-alimentaires (poste déjà très dynamique économiquement parlant). Cela permet par exemple de compenser le déficit énergétique. Sans occuper dans l'économie nationale une place aussi importante qu'en Espagne, en Italie ou en Autriche, le poids du tourisme dans le PIB national est à hauteur de 6,2% et il occupe 5,2% de l'emploi salarié total en 2009. Les recettes du tourisme se sont élevées à un peu moins de 54 milliards de dollars ce qui classe le pays au 3ème rang mondial derrière les USA et l'Espagne. Les touristes constituent une manne pour le secteur de l'hébergement, notamment grâce à la clientèle étrangère. En 2010, cette clientèle représente plus de 50% des nuitées en IDFrance et 34% des nuitées dans les campings de l'hexagone. Notons cependant que cette fréquentation est fluctuante selon la conjoncture économique et la météorologie. 2°) Les emplois directs et indirects liés au tourisme. Le tourisme est l'un des premiers secteurs créateurs d'emplois depuis 2004. Selon l'INSEE, les entreprises touristiques (plus de 230 000) emploient plus de 900 000 personnes (un poids exceptionnel au moment où de nombreuses branches licencient des salariés). L'emploi touristique à Paris intra-muros représente 12% de l'emploi total. Les offres d'emplois dépassent la demande ce qui s'explique en partie par les bas salaires et des horaires de travail contraignantes. Le secteur enregistre depuis les années 1980 quelques 10 000 salariés chaque année. Il convient cependant de différencier les emplois permanents et saisonniers qui posent d'importants problèmes sociaux dans les régions ne comptant qu'une brève saison touristique. Il faut aussi distinguer les emplois directs (hébergement, restauration, transport, syndicats d'initiative) et indirects (dépendant partiellement de l'activité). Le poids économique du tourisme est élevé dans certaines régions très prisées par les vacanciers et dépourvues de grandes industries. C'est ainsi que la consommation touristique avoisine ou dépasse les 10% du PIB régional en Corse et dans le Languedoc-Roussillon alors qu'elle n'est que de 2% du PIB régional en Champagne-Ardenne et en Lorraine. La richesse générée par le secteur du tourisme peut donc être un possible handicap (sur-tertiarisation, dépendance économique, tendance à la mono-activité) ou source d'inégalités régionales. Notons que la concentration des vacances dans le temps se traduit par un brutal arrêt de l'économie nationale qui ne fonctionne qu'à 60% de ses possibilités durant le mois d'Août ; elle conduit aussi à un surinvestissement coûteux dans les hébergements ou du matériel ne servant à plein que pendant de courtes périodes (piscines, station d'épuration, parkings). Cette concentration se traduit aussi par des prix très élevés sur les locations et les produits de consommation courante. Il s'agit quand même d'un secteur clé pour de nombreuses personnes et concernent de nombreux espaces. Pensons ainsi aux agriculteurs en montagne, exploitants agricoles l'année mais pisteurs, guides de randonnée-raquette l'hiver : le tourisme permet une pluri-activité source de revenus répartis sur l'année, les produits locaux sont transformés sur place et vendus aux touristes (fromage, miel et autres). Les économies locales de certaines zones de la « France du vide » (zone discontinue allant de la Champagne-Ardenne aux Landes où se concentrent de faibles densités de population = 30hab/km² environ contre 114hab/km² en moyenne pour la France métropolitaine) vivent, survivent parfois via ce secteur, notamment les espaces ruraux du massif central (Auvergne, Cévennes) des pré-alpes ou de Corse. Le lien tourisme et développement local est donc important. II°) La mise en tourisme de la France métropolitaine : des territoires aménagés. A - Le tourisme balnéaire et les aménagements dans les littoraux français : approche diachronique. 5500km de littoraux Attractivité forte Les touristes occupent en masse les côtes françaises de façon inégale. 93% de la Haute-Corse est occupée par des milieux naturels car ils sont préservés. 98% des Alpes-Maritimes est urbanisé. Adjectifs prestigieux pour les côtes : côte fleurie (Honfleur - Deauville), côte d'Opale (Belgique - Le Touquet) 1°) Développement et aménagement des stations balnéaires du XIXème siècle. Jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, c'est la peur de la mer qui l'emporte. Seuls les pêcheurs et les marins maitrisent cet espace. C'est donc, petit à petit, au XIXème siècle, que le regard sur les littoraux change avec l'hygiénisme (théorie et pratique qui a pour objectif de s'éloigner d'un monde industrialisé et pollué pour des lieux plus sains) et le romantisme qui met en valeur des espaces vus comme sauvages en les magnifiant. Il s'agit d'un tourisme de villégiature devenant balnéaire où le contact avec l'eau s'établit. L'équipement ferroviaire va permettre l'accessibilité aux littoraux. Toutes les stations balnéaires de cette époque possèdent une gare ; Ces stations vont déployer de grands hôtels et de nombreuses villas. La « promenade » le long des places pour offrir des ballades : place Percire à Arcachon, Grand Place à Biarritz. Pour divertir ces populations aisées, les casinos étaient très répandus. Plan en damier en accord avec l'hygiénisme. Les acteurs privés achetaient des centaines d'hectares de terres et qui les revendaient en lot carré, d'où ce plan en damier. Par exemple, ce sont les banquiers Percire qui ont mis en tourisme Arcachon, le Duc de Morny pour Deauville. De plus, Dieppe accueillait les bains de la famille royale dès 1824. Il y avait également des investisseurs étrangers comme Lord Brougham pour Cannes. Dès l'hiver 1884-1885, on compte 300 aristocrates britanniques à Cannes. Le tourisme déclenche une urbanisation forte : 2000 habitants en 1851 contre 18 000 en 1914 pour Biarritz. 2°) Les stations du tourisme de masse. Pendant l'entre-deux guerres, les littoraux sont plus prisés avec l'apparition des congés payés et la libération des moeurs et la démocratisation de l'automobile. Les stations balnéaires se multiplient et s'agrandissent avec des doublons touristiques (# ville originelle) en les distinguant avec des appellations « plage » et « sur mer » (Cagnes sur mer). Aménagements importants pour ce tourisme de masse. Développement = les stations existantes changent d'échelle et des stations vont être créées de toute pièce par des acteurs privés de toute pièce par des acteurs privés locaux : 1950/60/70 très gros bâtiments (Grande Motte) pour le tourisme de masse. Dans certaines stations du XIXème siècle (La Baule), on a rasé des villas pour construire de gros immeubles (Merlin-Plage). La spéculation foncière à l'époque est importante avec des processus de poldérisation donnant des aspects très artificiels aux côtes (Port Deauville). A partir de 1973, le gouv.français interdit la construction de ces très grands aménagements pour préserver les littoraux. Importance du front de mer : création de port de plaisance autrefois port de pêche, architecture caractéristique des années 50/60/70. Plus on est près de la mer, plus c'est cher. Les centres proposent des activités et des commerces directement liés au tourisme (restaurants, boîte de nuit, commerces, etc). 3°) L'Etat aménageur. L'Etat va jouer un rôle important dans cette euphorie du tourisme balnéaire = Etat interventionniste. Promouvoir le tourisme comme un moyen privilégié de développement pour des littoraux en marge + Préserver des portions littorales en structurant les aménagements pour éviter les constructions anarchiques + Capter les flux touristiques français qui avaient tendance à partir en Espagne. Ce sont l'Aquitaine et le Languedoc-Roussillon qui sont pris pour cible. La mission interministérielle d'aménager le littoral languedocien (1963-1982) = créer une nouvelle région touristique qui était peu peuplée à cause du paludisme. Présence de lagunes (étendue d'eau de mer séparée de celle-ci par un cordon littoral de sable. La MALR travaille avec les acteurs locaux. Stations ex-nihilo : la Grande-Motte, le Cap d'Agde, Gruissan, Leucates-Bacarès, Port-Camargue, Saint-Cyprien. Stations réaménagées : Grau-du-roi, Palavas-les-Flots, Argelès sur mer. Chaque station est l'oeuvre d'un seul architecte. Démoustication des zones marécageuses. Construction de l'autoroute A9 et des voies rapides. L'Etat viabilise les terrains (eau et électricité), finance les infrastructures et achètent les terrains. Il utilise son droit de préemption d'être prioritaire pour l'achat de terrains. Dans quelques rare cas, il y a eu des expropriations. Architecture spectaculaire (Grande-Motte). Quartiers en front de mer autour de marinas (ensemble résidentiel construit en bord de mer autour d'un port de plaisance). Les lagunes ont été transformées en marina. Multiplication des campings dans des zones intermédiaires + village-vacances. 1960 : 350 000 / 2000 : 6 millions. Longues plages de sable, peu de préservation de l'environnement. Cette architecture a mal vieilli et les aménagements ne correspondent pas aux attentes du touriste moderne. Côte d'Argent = 1968 avec la MIACA, 250km de côtes Peu aménagée et peu visitée. Recul par rapport au Languedoc = essayer de mieux préserver les littoraux en limitant les aménagements touristiques qui sont confiés aux municipalités (# un seul architecte). Création de stations (Lacanau, Biscarosse) + aménagement des anciennes. Pour créer les stations, on a pris une base villageoise un peu plus dans les terres donc multiplication des doublons touristiques. Côte plus préservée, paysages plus naturels. L'opération est achevée en 1988 = 145 000 lits. 4 grands types de stations : Zones gangrénées par le tourisme car elles n'ont pas connu de planification spatiale Station traditionnelles (XIXème) siècle connaissant un processus de modernisation et de muséification (Gare d'Arcachon). Certaines stations des Trente Glorieuses sont à réhabiliter car les logements ne répondent plus aux critères des touristes (La Grande Motte loue ses appartements aux étudiants durant 9 mois). Stations renouvelées intégrant des services et des hébergements de qualité dans un environnement de qualité (Cap Esterel). B - La mise en tourisme des montagnes françaises. 1°) Les montagnes : des espaces longtemps délaissés peu à peu valorisés. Les montagnes connaissent peu à peu le même processus que les littoraux. L'espace montagnard est vaste : il couvre 1/5 du territoire (22% précisément). 6 grands massifs : les Vosges, le Jura, le Massif Central, les Alpes, les Pyrénées et la Corse. Espaces fragiles et contraignants pour la mise en valeur touristique : pentes, climat, altitude, accessibilité. Le tourisme ne peut pas s'implanter partout d'autant plus que le ski exige certains critères (altitude, etc). Ces espaces ont longtemps été en marge car la montagne suscitait la peur et était considérer comme peu utile. Par exemple, jusqu'au XVIIIème siècle, le Mont-Blanc était surnommé comme la Montagne Maudite. Les zones qui étaient mises en valeur se situaient à une altitude de moins de 1700m. On s'intéresse aux montagnes pour leur pureté, leur aspect préservé, ainsi que leurs aménités climatiques avec l'ouverture de sanatoriums (centre médical pour traiter la tuberculose). Tout comme pour les littoraux, l'aristocratie s'empare des montagnes pour l'alpinisme. La mise en tourisme dépend de l'époque, du lieu, et de l'activité désirée dans ces espaces. 2°) Les premiers aménagements touristiques, des réalisations encore modestes. 1880-1914 : premiers aménagements touristiques autour de villages à partir desquels on a développé la pratique de l'alpinisme ou des stations thermales (St-Gervais en Haute-Savoie, Luchon dans les Pyrénées, le Mont Dore dans le Massif Central, Chamonix au pied du Mont Blanc). A cette époque, le ski est une pratique assez peu développée. Le peu de stations de ski étaient situées à de faibles altitudes (900-1200m), à proximité de voies routières et ferroviaires. 1914-1946 : stations de deuxième génération. Elles se développent en même temps que la pratique et la démocratisation des sports d'hiver (1924 = JO à Chamonix). Le ski s'impose comme la finalité première avec la création de pistes balisées et des remontées mécaniques (1935 : premier tire-fesse). On voit apparaitre le terme de domaine skiable. Stations de 1ère génération réaménagées en s'équipant d'un domaine skiable déconnecté de village originel. Stations crées de toute pièce (ex-nihilo) situées entre 1500-1800m. L'initiative provient d'acteurs publics (municipalités, départements, etc) ou d'acteurs privés (promoteurs). Stations réalisées sans planification (Alpes d'Huez, les Deux-Alpes, Chamrousse, Méribel, la Pierre St-Martin). Les retombées économiques ont été assez modestes et on a reproché à ces stations de créer un cadre de vie artificiel. 1962-1976 : stations de 2ème génération (//littoraux). Tourisme de masse. Exode rural fort. L'Etat voit dans le tourisme un moyen pour pallier cet exode et attirer une clientèle nouvelle. Aménagements planifiés = Etat aménageur. Plan neige en 1964 = 150 000 lits de plus en une quinzaine de stations nouvelles sur 15 ans. Un groupe de travail, délégué de l'Etat, va repérer et choisir les sites (enneigement garanti, accessibilité, superficie importante, 1800-2000m) Cahier des charges privé. Chaque station sera sous la direction d'un seul architecte (Arc 1800 avec Robert Godino) et d'un seul promoteur = rapidité. Les stations sont centrées uniquement sur le ski. La Plagne = « Manhattan des neiges », quarantaine de bâtiments géométriques construits sur la base du zoning (un espace = une activité). Par exemple, les commerces sont dans des galeries souterraines. Les immeubles donnent sur les pistes (grenouillère = espace plat où on se donne RDV). 300 000 lits créés, « usines à ski ». Bilan mitigé car on a surestimé le nombre d'emplois + bâtiments vieillissants. 3°) Les montagnes pendant et après la Plan Neige, aménager autrement. Années 1970 : alors que le plan neige n'est pas achevé, des stations plus petites et à plus faible altitude voient le jour. Stations de quatrième génération : stations hétéroclites, diversité des formes, des acteurs, etc. Importance du village préexistant + prise en compte de celui-ci + tenter de respecter les architectures traditionnelles. Développement local. Eviter la mono-activité et la dépendance au tourisme hivernal. Valmorel a été conçu pour fonctionnes toute l'année (Alpes). En un siècle, 1,2 millions de lits ont été créés. Ces progrès ont pu se réaliser grâce à la volonté d'acteurs privés et publiques, une bonne accessibilité, les JO d'hiver de 1968 à Grenoble et de 1992 à Albertville. En 2003, on recensait 350 stations de ski alpin ce qui fait de la France le plus vaste espace de ski en Europe. C - Approche spatiale des autres grandes formes de tourisme. 1°) Le tourisme urbain : « La ville devient elle-même divertissement » de G.Burgel Le tourisme urbain est relativement récent car le tourisme autrefois consistait à fuir la ville. Il émerge dans les années 1980. Toutes les villes veulent être touristiques (Lens avec le Louvre, Lille, Marseille) pour acquérir de la visibilité. Le but est de prendre part à la vie quotidienne des citadins, de découvrir le patrimoine (architecture, musées, etc) Loi Malraux en 1962 = rénovation du patrimoine et mise en avant de celui-ci. La loi a servi à partir des années 1980. On voit une patrimonialisation de plus en plus importante qui peut même amener à une muséification de certains quartiers voire d'un village entier. Certaines grandes villes n'hésitent pas à mettre en tourisme des lieux historiques beaucoup plus contemporains comme l'arsenal de Metz transformé en un complexe de concerts. Le tourisme urbain exige certains critères : accessibilité, hébergement et marketing. Le quartier de l'Euralille à Lille a accueilli une gare TGV, facilitant les liaisons. Il faut aussi mettre en scène certains lieux pour redorer leur blason touristique comme des festivals, des événements autour d'un thème particulier. Par exemple, Brive la Gaillarde a copié Paris-Plage avec Brive-Plage. Aurillac est connu pour son festival de théâtre de rue. Les retombées économiques sont satisfaisantes. Du point de vue géographique, la patrimonialisation a dynamisé certains espaces oubliés. 2°) Le tourisme rural. L'espace rural est important en France (dans « diagonale du vie » notamment), ce ne sont pas forcément des espaces agricoles mais des zones qui relèvent de ce que l'on appelle communément la campagne. Le tourisme peut devenir un support et un outil de développement local, notamment pour des espaces ruraux en manque de dynamisme. Dans ce monde rural aux vastes espaces non utilisés, proposant parfois des bâtiments inoccupés, des activités et des services menacés de suppression faute de clientèle, l'activité touristique est une aubaine (qui faudra cependant nuancer). Les possibilités de développement touristique sont très diverses, en lien avec la variété des situations possibles : communes proches ou non d'une agglomération, proches ou non de sites attractifs pour des raisons naturelles ou culturelles ; des climats plus ou moins attrayants, présence ou non d'un plan d'eau (les cours d'eau et les lacs sont recherchés). Nous pouvons retenir plusieurs points concernant la mise en tourisme de cet espace. Les Français fréquentent de plus en plus la campagne. Ce serait même la deuxième destination mais avec des dépenses de vacanciers plus modestes. La mise en tourisme de la campagne a été tardive, à partir des congés payés (1936) : même si le courant hygiéniste et le mouvement ruraliste se sont développés, ils n'ont pas connu l'engouement des zones littorales et du tourisme balnéaire. C'est la vogue des idées environnementales dans les années 1970 qui a représenté un tournant décisif. Certaines régions rurales ont connus des effets de modes comme le Larzac ou le Lubéron. L'Etat n'a pas vraiment été un Etat aménageur. Longtemps, à la différence des autres pays européens, il n'y a eu aucune politique d'aménagement touristique en milieu rural. On y a laissé s'organiser un « tourisme de pauvre » selon Pierre Merlin (colonies de vacances, maisons familiales, camping, tourisme affinitaire). Les pouvoirs publics n'ont compris les potentialités économiques et sociales du tourisme qu'à partir des années 1960. C'est l'époque d'une mesure importante et significative : l'institution des gîtes ruraux en 1954 en vue d'aider par des subventions, la réhabilitation de l'habitat rural abandonné. Aujourd'hui, au niveau de l'Etat, le ministère de l'agriculture encourage « l'agritourisme » tel que le camping à la ferme ou les fermes-auberges en s'appuyant sur l'association « Agriculture et tourisme » réunissant des organismes de la profession agricole et des associations de tourisme. L'idée est que le tourisme peut fournir un revenu d'appoint aux agriculteurs mais ce mouvement a eu une ampleur limitée, concernant 2% des exploitations. L'aménagement touristique en milieu rural est alors essentiellement le fait des communs, ce qui n'est pas toujours chose aisée au vu des budgets communaux disponibles. Elles peuvent cependant recevoir quelques aides de l'Etat. Ceci, ajouté au rôle des communes, des particuliers et des associations renforcent le caractère de tourisme du pauvre. Le tourisme rural n'a jamais été un objectif de développement en soi dans les campagnes. Dans les années 1960-1970, les acteurs locaux se sont d'abord focalisés sur la productivité agricole puis sur le développement économique en général, sans miser directement sur le tourisme. Les aménagements sont donc timides. Concernant la campagne, ni la fréquentation (peu importante), ni le pouvoir d'achat des visiteurs (faible), ni la nature et le style du tourisme qui s'y développe ne justifient de grands équipements comme sur le littoral ou en montagne. Cependant, dans les années 1970, on a compris que si les communes rurales souhaitaient attirer des touristes, il fallait au moins proposer des équipements de base. Les loisirs aquatiques ont fait l'objet d'une forte demande (voile, pêche, baignade) et c'est dans ce sens qu'à partir de 1964, sont bâties des bases de loisirs et de plein air. La seconde famille d'équipements de loisirs concerne les sports non aquatiques et les jeux à caractère sportifs (sports de balles, athlétisme, équitation). Ont alors été construits des stades omnisports, des plaines de jeux, des centres équestres. Par ailleurs, des aménagements légers ont été mis en place pour baliser des chemins de randonnée, action souvent du fait d'associations via des bénévoles. Dans le cadre de ces timides aménagements, l'offre d'hébergement est à moderniser. Les hôtels ruraux (300 000 lits) sont de basses catégories et beaucoup ont dû s'intégrer à des chaines hôtelières ; d'autres, incapables de faire face aux coûts de la modernisation, ont disparu. Le camping montre une implantation très inégale : ils sont très nombreux dans la moitié sud et auprès des sites attractifs (PNR, lacs, GR). On peut y ajouter des formes d'agritourisme qui ne représente que 40 000 lits. Les chambres d'hôtes, les gîtes ruraux se sont considérablement développés avec l'essor du tourisme vert et c'est la forme d'hébergement qui connaît la croissance la plus rapide répondant à une demande d'hébergement indépendant, souple et proche de la population. Tous offrent des hébergements à prix abordables. Enfin, les résidences secondaires et principales des parents ou amis constituent les principales formes d'hébergement dans les campagnes (tourisme affinitaire). Cette importance de résidences secondaires n'est pas sans poser quelques problèmes pour le développement local : hausse des prix du foncier, peu d'impact sur les marchés locaux car ces touristes ont tendance à faire leur course en ville avant leur départ, mitage de l'espace rural avec de nouvelles constructions, coûts supplémentaires pour les communes en termes d'infrastructures (routes, ordures ménagères) pas toujours compensés par l'apport d'impôts locaux, concurrence spatiale entre tourisme et agriculture, faible taux d'occupation (12 jours par an en moyenne, courts séjours inclus). La nature même de ces espaces campagnards peut poser problème dans la fréquentation et les aménagements : il a fallu rompre l'isolement de ces espaces dû au retard des aménagements routiers (effet bénéfique de l'A75) avec le viaduc de Millau pour la zone sud du Massif Central), l'éloignement de la gare. Le tourisme rural, parce qu'il est plus diffus dans l'espace est aussi plus difficile à organiser. Nous pouvons finalement nous demander si le tourisme représente une nouvelle chance pour l'espace rural. Nombre de régions rurales se découvrent une vocation touristique en misant sur une image positive et le développement des APPN (activités physiques de pleine nature), mais, nous commençons à la comprendre, le tourisme ne peut fonctionner comme levier du développement local si et seulement si : Il existe un patrimoine naturel ou culturel à proximité (PNR) S'il y a une grande région touristique à proximité (arrière-pays niçois VS littoraux saturés) S'il y a une grande agglomération dans les environs Si la zone est accessible. III°) Les enjeux du tourisme en France métropolitaine. A - Des territoires à ménager. 1°) Les effets pervers du tourisme Le tourisme est une activité positive mais a contrario, il y a certains aspects problématiques. La concentration spatiale et temporelle des touristes peut avoir des impacts sur le plan environnemental et des impacts négatifs sur la gestion des équipements, des commerces ou des stations touristiques. La capacité de charge (capacité d'accueil) peut être dépassée (grottes de Lascaux et littoral picard).
Liens utiles
- Le tourisme en france
- étude de marché sur le tourisme en france
- Le tourisme en France
- Le tourisme en France
- Le tourisme en France.