LE THEATRE
Publié le 16/12/2018
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LE THEATRE
Son origine Les œuvres dramatiques furent nombreuses au Moyen
Age. L’origine de ce théâtre est liturgique : il s’agit d’abord d’une illustration du culte, donnée par des prêtres ou des moines pendant les offices de Noël, de l’Epiphanie et de Pâques. En France comme dans la Grèce antique, le théâtre naît du culte. Peu à peu, pour plaire à la masse des spectateurs, on introduira dans ces représentations sacrées des scènes comiques. Puis une scission s’opérera et la comédie, sous ses formes diverses, deviendra un genre indépendant.
I. LE THÉÂTRE RELIGIEUX
Depuis le Xe siècle et jusqu’au milieu du XIIe, ces drames liturgiques sont donnés en latin par des clercs, à l’intérieur des églises, en rapport étroit avec les cérémonies du culte. Les sujets sont empruntés à l’Ancien et au Nouveau Testament, puis à la vie des Saints : d’où la distinction entre Mystères et Miracles.
Vers le milieu du XIIe siècle, la représentation et sa mise en scène prenant plus d’ampleur, les drames sont joués sur le parvis de l’église. En même temps apparaît la forme de décor qui subsistera pendant tout le Moyen Age : c’est le décor multiple, juxtaposant sur la scène diverses lieux ou « mansions », en particulier le Paradis, Jérusalem, l’Enfer. Les acteurs sont désormais des laïcs, appartenant à des confréries. Enfin le français remplace le latin. Ainsi naît ce qu’on appelle le drame semi-liturgique.
LE MIRACLE DE THÉOPHILE (XIIIe SIÈCLE)
Lorsque le sujet du drame sacré est emprunté à la vie des saints, à la légende dorée, la pièce est alors un miracle. Le premier miracle que nous possédions est le Jeu de saint Nicolas de Jean Bodel, représenté à Arras vers 1200. Le jeu commence dans une atmosphère de chanson de geste : des chrétiens sont vaincus et massacrés par les Sarrasins ; l’unique survivant sera sauvé par un miracle de saint Nicolas qui entraînera du même coup la conversion en masse des païens.
Le miracle de Théophile, de Rutebeuf, date du troisième quart du XIIIe siècle. Le sujet est emprunté à une tradition très populaire au Moyen Age. Théophile, économe de l’évêque d’Adana en Cilicie (Asie Mineure, VIe siècle), dans un mouvement de révolte et de dépit, a vendu son âme au diable mais, pris de remords, il vient prier la Vierge qui arrache à Satan la charte fatale et sauve ainsi le pécheur repenti.
Au genre du miracle, Rutebeuf apporte ses dons lyriques (voir Poésie lyrique, p. 84), mais on sent encore très bien chez lui l’origine narrative de cette forme dramatique. On notera combien l’action est sommaire : nous apercevons à peine comment la Vierge sauve Théophile. Les revirements psychologiques nous paraissent aussi très brusqués : Rutebeuf est encore malhabile à concilier les exigences de la vraisemblance et du raccourci théâtral. Le drame existe pourtant, dans la conscience du héros, amer, tenté, mais bientôt repentant et plein d’humilité. Et Rutebeuf lui a prêté, dans sa rancœur du début et surtout dans ses remords et dans sa touchante prière à Notre-Dame, des accents profondément humains.
LE MYSTÈRE DE LA PASSION (XVe SIÈCLE)
Cette période voit s’accentuer la différence entre
miracle et mystère ; ce dernier genre va fournir les œuvres les plus importantes, inspirées en particulier par la Passion du Christ. Les mystères prennent une étendue de plus
en plus gigantesque : il faut plusieurs jours pour les jouer. En même temps l’élément spectaculaire (décors, mise en scène, machinerie) occupe une plus grande place ; les confréries qui les jouent deviennent peu à peu de véritables troupes d’acteurs : la Confrérie de la Passion de Paris jouit d’un monopole pour la capitale, de 1402 à 1548 ; elle ne sera dissoute qu’en 1676. La tradition des Mystères de la Passion s’est longtemps perpétuée en certains endroits, et en particulier, jusqu’à nos jours, à Oberammergau en Bavière.
Arnoul Gréban Le Mystère de la Passion, d’ARNouL Gréban, est
l’œuvre maîtresse du théâtre religieux au XVe siècle. Il fut joué pour la première fois à Paris vers 1450. Il compte près de 35 000 vers, rassemble plus de 200 personnages, et se divise en un prologue et quatre journées, embrassant « le commencement et la création du monde..., la nativité, la passion et la résurrection de notre sauveur Jésus-Christ. »
L’auteur, maître ès arts et organiste de Notre-Dame, révèle un grand talent poétique et dramatique. Il a su rendre avec intensité le drame mystique et la Rédemption attendue par l’humanité depuis le péché originel et se déroulant à la fois sur terre et dans les cieux. Des passages comme le débat entre la Justice de Dieu et sa Miséricorde (2e journée) pendant l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers, sont inoubliables par leur grandeur morale et tragique. Le ton est dans l’ensemble grave, ce qui n’empêche pas Gréban, selon la tradition de l’époque, d’égayer son œuvre par des intermèdes, des scènes réalistes ou bouffonnes (ces dernières fournies par les démons). Le rythme change parfois, en même temps que le ton. Par exemple dans une esquisse de pastorale, les bergers honorent à leur façon l’enfant Jésus (ire journée).
Mais Arnoul Gréban sait garder la mesure, et l’unité de l’ensemble n’est pas compromise par ces divertissements.
Jean Michel L’entreprise même de Jean Michel suffit à prouver
l’éclatant succès de la Passion de Gréban. Comme on veut donner une « Passion » dépassant par son ampleur et son caractère grandiose tout ce qui avait été fait jusqu’alors, il reprend dans son propre Mystère de la Passion (représenté pour la première fois à Angers en i486) l’œuvre de son prédécesseur, en limitant le sujet à la vie du Christ, mais en amplifiant considérablement les seconde et troisième journées de Gréban. Ainsi son drame est encore beaucoup plus long, et se divise en dix journées.
Si Jean Michel n’a pas le mérite de l’originalité, il a su, servi par son style vigoureux, donner au drame sacré une ampleur douloureuse et une résonance humaine. Il se montre, en bien des occasions, très supérieur à Gréban. Quoiqu’il allonge, il n’est nullement diffus ; au contraire il possède l’art de la formule et du dialogue serré.
Gréban a souvent moins d’aisance : par comparaison il peut nous paraître froid et parfois assez rhétorique. En réalité sa valeur est d’une autre sorte. Ce qui importe surtout pour Gréban c’est le drame mystique. La tendresse humaine n’est pas absente sans doute, mais beaucoup plus qu’humain, l’amour de JÉSUS pour sa mère est mystique.
En somme, de Gréban à Michel, le drame liturgique tend à devenir un drame humain, et ce n’est pas un hasard si, chez le second, la Vierge ne suscite pas moins d’intérêt que JÉSUS.
Le texte de Michel sera en quelque sorte la vulgate de la « Passion » jusqu’à ce que le théâtre religieux se trouve détrôné par les œuvres de la Renaissance.
II. LE THEATRE COMIQUE
C’est vers le milieu du XIIIe siècle que le théâtre
comique s’affirme comme genre indépendant.
Notre premier auteur comique est Adam de la Halle,
dit Le Bossu, d’Arras, dont les œuvres datent de la seconde moitié du XIIIe siècle. Nous lui devons le Jeu de la Feuillée, sorte de revue pleine de réalisme et de verve satirique, et le Jeu de Robin et Marion, adaptation du genre de la pastourelle. Le Jeu de Robin et Marion est l’ancêtre de la pastorale et de la comédie-ballet qui connaîtront tant de faveur au XVIIe siècle.
LA COMÉDIE AU XVe SIÈCLE
Le XVe siècle offre toute une variété de genres : soties, monologues, sermons joyeux, moralités, et surtout farces. La sotie, dont les acteurs portent le costume des « sots » (fous), fait passer sous un fatras bouffon une satire souvent hardie de l’époque. Le monologue est également satirique, mais sous une forme plus cohérente. Le sermon joyeux parodie l’éloquence sacrée. Quant à la moralité, elle illustre plaisamment une vérité morale.
Seule la farce a survécu. Le genre sera encore pratiqué au XVIIe siècle, par Molière qui en gardera des éléments jusque dans ses grandes comédies. Au XVe siècle, il donne déjà un chef-d’œuvre avec Maître Pierre Pathelin.
C’est à l’origine un intermède comique dont on «farcit » les représentations sérieuses, puis la farce devient un genre autonome. Sans autre intention que de faire rire franchement les spectateurs en peignant les mœurs de la bourgeoisie et du peuple, elle atteint encore son but, et nous renseigne de façon réaliste et familière sur la vie, les habitudes, les travers du temps.
LA FARCE DE MAITRE PATHELIN
Auteur et date De la Farce de Pathelin nous ne connaissons ni l’auteur
ni la date exacte. L’œuvre est antérieure à 1469, date à laquelle apparaît le verbe « patheliner » (faire semblant d’être malade) : c’est la seule indication certaine. On ne s’écartera guère de la vérité en proposant les années 1460 à 1465.
Le héros, Pathelin, est un avocat sans cause, mais bien Pourvu en imagination et en fourberie. Il berne avec maîtrise le drapier Guillaume qui, commerçant peu scrupuleux, se laisse prendre aux belles paroles de l’avocat, puis, aveuglé par son indignation, tombe dans les pièges que lui tendent les deux compères, Pathelin et Thibaut L’Agnelet, le berger assommeur de moutons. Le Marchand attaque en justice le berger, défendu par Pathelin. Mais il s’embrouille complètement au procès, et le Juge ne comprend rien à cette histoire où les moutons se transforment en pièce de drap et où le plaignant semble confondre avocat et prévenu. La sentence sera donc défavorable au marchand. Enfin, dernière surprise, voici le rusé Pathelin berné à son tour par L’Agnelet que nous croyions stupide.
Une scène de marchandage, un procès : peinture de conditions et de caractères très divers, chaque personnage ayant son individualité propre, à côté du trait commun à tous : l’absence complète de scrupules. Donc œuvre réaliste, psychologie vivante, observation
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LE
MYSTÈRE DE LA PASSION ( xve SIÈCLE)
Le théâtre religieux
aux
XIVe et XVe siècles Cette
période voit s'accentuer la différenc e entre
miracle et mystère ; ce dernier genre va fournir les œuvres
les plus importantes, inspirées en particulier par la Passion
du Christ.
Les mystères prennent une étendue de plus
en plus gigantesque : il faur plusieurs jours pour les jouer.
En même temps l'élément
spectaculaire (décors, misœ en scène, machinerie) occupe une plus grande place ; les
confréries qui les jouent deviennent peu à peu de véritables troupes d'acteurs: la CoNFRÉRIE
DE LA PASSION de Paris jouit d'un monopole pour la capitale, de 1402 à 1548 ; elle ne sera
dissoute qu'en r676.
La tradition des Mystères de la Passion s'est longtemps perpétuée
en certains endroits, et en particulier, jusqu'à nos jours, à OBERAMMERGAU en Bavière.
Arnoul Gréban Le
MYSTÈRE DE LA PAsSION, d'ARNOUL GRÉBAN, est
l'œuvre maîtresse du théâtre religieux au xve siècle.
Il fut joué pour la première fois à Paris vers 1450.
Il compte près de 35 ooo vers, rassemble
plus de 200 personnages, et se divise en un prologue et quatre journées, embrassant « le
commencement et la création du monde ...
, la nativité, la passion et la résurrection de
notre sauveur Jésus-Christ.
"
L'auteur, maître ès arts et organiste de Notre-Dame, révèle un grand talent poétique
et dramatique.
Il a su rendre avec intensité le drame mystique et la Rédemption attendue
par l'humanité depuis le péché originel et se déroulant à la fois sur terre et dans les cieux.
Des passages comme le débat entre la Justice de Dieu et sa Miséricorde (2e journée)
pendant l'agonie de Jésus au Jardin des Oliviers, sont inoubliables par leur grandeur
morale et tragique.
Le ton est dans l'ensemble grave, ce qui n'empêche pas GRÉBAN,
selon la tradition de l'époque, d'égayer son œuvre par des intermèdes, des scènes réalistes
ou bouffonnes (ces dernières fournies par les démons).
Le rythme change parfois, en
même temps que le ton.
Par exemple dans une esquisse de pastorale, les bergers honorent
à leur façon l'enfant Jésus (rre journée).
Mais ARNOUL GRÉBAN sait garder la mesure, et l'unité de l'ensemble n'est pas compro
mise par ces divertissements.
Jean Michel L'entreprise
même de JEAN MICHEL suffit à prouver
l'éclatant succès de la PASSION de GRÉBAN.
Comme on veut
donner une " Passion " dépassant par son ampleur et son caractère grandiose tout ce qui
avait été fait jusqu'alors, il reprend dans son propre MYSTÈRE DE LA PASSION (représenté
pour la première fois à Angers en 1486) l'œuvre de son prédécesseur, en limitan t le sujet
à la vie du Christ, mais en amplifiant considérablement les seconde et troisième journées
de GRÉBAN.
Ainsi son drame est encore beaucoup plus long, et se divise en dix journées.
Si JEAN l.V1ICHEL n'a pas le mérite de l'originalité, il a su, servi par son style vigoureux,
donner au drame sacré une ampleur douloureuse et une résonance humaine.
Il se montre,
en bien des occasions, très supérieur à GRÉBAN.
Quoiqu'il allonge, il n'est nullement
diffus ; au contraire il possède l'art de la formule et du dialogue serré.
GRÉBAN a souvent moins d'aisance : par comparaison il peut nous paraître froid et
parfois assez rhétorique.
En réalité sa valeur est d'une autre sorte.
Ce qui importe surtout
pour GRÉBAN c'est le drame mystique.
La tendresse humaine n'est pas absente sans doute,
mais beaucoup plus qu'humain, l'amour de JÉsus pour sa mère est mystique.
En somme, de GRÉBAN à MICHEL, le drame liturgique tend à devenir un drame humain,
et ce n'est pas un hasard si, chez le second, la VIERGE ne suscite pas moins d'intérêt que
JÉsus.
Le texte de MICHEL sera en quelque sorte la vulgate de la « Passion " jusqu'à ce que
le théâtre religieux se trouve détrôné par les œuvres de la Renaissance..
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