Le sport de 1930 à 1939 : Histoire
Publié le 19/12/2018
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L'AVÈNEMENT DU PROFESSIONNALISME SPORTIF. Maître mol des années (renie, la décadence n'a pas manqué de loucher le sport. C’est du moins l’opinion de bon nombre de commentateurs que la professionnalisation du sport inquiète. Au centre des débats: l’argent, celui-là même qui fait vivre et que les coureurs à pied Jules Ladoumègue et Paavo Nurmi ou le rugbyman Jean Galia ont commis le péché de gagner par leur seul talent sportif. Victime de son développement. le sport n’est plus un simple loisir où l’exercice physique et la quête de la performance sont indissociables. Il est désormais également un spectacle et donc une source de recettes. Certains l’ont compris comme Henri Desgranges qui suggère la création d’une catégorie hybride d'athlètes, les non-amateurs, qui se verraient rétribués à la seule condition d’exercer un métier à temps partiel. D’autres, tel Jean de Pierrefeu. préfèrent montrer du doigt un sport «pourri par l'argent», véritable «opium qui endort la conscience sociale de la jeunesse»; il préfigure ainsi ce que sera la politique sportive du régime de Vichy.
LES JEUX OLYMPIQUES DE 1936. «Jamais les Jeux n'ont été aussi profondément défigurés.» Jacques Goddet qualifie en ces termes les 10es jeux Olympiques qui viennent de s'achever à Berlin. Une opinion que ne partage pas une bonne partie de la presse mi-fascinée, mi-rassurée par le spectacle de ces Jeux pourtant tout entiers exploités par Hitler à des fins de propagande : le salut hitlérien fut en effet omniprésent et le Deutschland über alles entonné maintes fois. Préoccupé de rassurer l’opinion internationale sur scs intentions. Hitler s'est appliqué à masquer, pendant les compétitions, tout signe extérieur de discrimination et de répression. Mais peut-on oublier les lois de Nuremberg qui. depuis septembre 1935, ont déchu les juifs de leurs droits civiques, oublier les appels au boycottage lancés notamment par les écrivains allemands en exil tel Heinrich Mann? Le débat a pourtant eu lieu préalablement. En France, deux délégations sportives, également dotées par le gouvernement Blum. se rendront respectivement aux Jeux de Berlin et aux contre-Jeux de Barcelone (qui n'auront pas lieu à cause du déclenchement de la guerre civile).
FOOTBALL: LA COUPE DU MONDE DE 1938. Dernier événement sportif international avant la guerre, la Coupe du monde de football de 1938 est la troisième édition d'une compétition inventée en 1930 par Jules Rimet. Pays organisateur, la France espère bien tirer son épingle du jeu à défaut de devenir championne du monde ainsi que le voudrait une tradition nouvelle qui a vu l'Uruguay en 1930 et l'Italie en 1934 remporter chacune le titre sur leur terrain - non sans la complicité, dans le cas de l'Italie, d’un arbitrage tout disposé à flatter l’orgueil de Mussolini alors triomphant. Mais les ambitions de l'équipe de France sont contrariées dès les quarts de finale par l'Italie justement qui, en l'absence de l’Uruguay, fait figure de favorite, d’autant que son palmarès s'est enrichi en 1936 d'un titre olympique. En fait, seule la virtuose équipe du Brésil semble en mesure de créer la surprise. Hélas! son entraîneur. trop sûr de son affaire, juge bon de ne pas faire intervenir son meilleur joueur. Léonidas, lors de la demi-finale contre l'Italie afin de préserver ses forces pour la finale. L'Italie l'emporte donc évidemment et s'ouvre ainsi les portes d'un second titre.
L’ÂGE D’OR DU TENNIS FRANÇAIS. L'âge d'or du tennis français; c'est l’époque des «Mousquetaires»: entre 1924 et 1934, Henri Cochet, Jean Borotra, René Lacoste et Jacques Brugnon s'imposent sur les courts du monde entier: de Roland-Garros à Wimbledon, de Forest Hills aux Internationaux d’Australie, il n'est pas un tournoi majeur que n’ait remporté au moins une fois l'un d'entre eux. Alors que Borotra, Lacoste (qui s'est retiré des compétitions dès 1929) et Cochet - le plus brillant - développent, en simple, un tennis complet, le talent d'un Brugnon est tout entier tourné vers le double, spécialité dans laquelle excelle également Borotra, surnommé le «Basque bondissant». Parfaitement complémentaires, les Mousquetaires forment un redoutable quatuor qui permet à la France de remporter la Coupe Davis six fois consécutivement entre 1927 et 1932. Une fois la Coupe perdue, Henri Cochet passe professionnel en 1933; il disputera alors de lucratifs matches exhibitions. Mais, en dépit du retentissement de ces victoires, le tennis reste un sport coûteux que le mouvement de démocratisation des loisirs n'a pas encore touché.
CYCLISME: 1930-1939. Le Tour de France connaît en 1930 une véritable révolution: l’industrie du cycle traverse une grave crise et, parmi les grandes marques, seule Alcyon est encore capable de financer une équipe de coureurs; la firme s'assure ainsi une totale hégémonie sur toutes les compétitions. Aussi Henri Desgranges, fondateur du Tour et patron du journal sportif /’Auto, décide-t-il de substituer aux équipes de marques des équipes nationales dont les frais seront entièrement supportés par l'organisateur qui. pour faire face aux dépenses, introduit en 1931 la caravane publicitaire. La formule connaît aussitôt un énorme succès populaire, la concurrence commerciale ayant fait place aux rivalités nationales autrement plus exaltantes pour le public. Le Tour de France devient par là même une occasion de confrontation entre les trois nations majeures du cyclisme de l’époque que sont la France, la Belgique et l'Italie, qui jusque-là n'aimait guère exporter ses champions. C'est encore le temps des copains Magne. Leduc et Speicher. des premiers dérailleurs et du Vél'd’hiv', bref la grande époque de la «petite reine» dont l'histoire a déjà rejoint la légende.
RUGBY: 1930-1939. Depuis le milieu des années vingt, la violence et le professionnalisme déguisé déferlent sur les stades, menaçant d'emporter l'esprit amateur qui est censé animer le monde de l’ovalie. Passive, la Fédération française de rugby est impuissante à se faire respecter et la formule même du championnat ne fait qu'exacerber la brutalité des rencontres: dans le but d'éviter de trop longs déplacements, encore malaisés à l'époque, un premier tour qualificatif a été instauré sous forme de championnat régional. Hélas! en Languedoc et dans les Pyrénées, il dégénère bientôt en une véritable guerre de clochers. Aussi, en 1931. c'est la scission: douze clubs quittent la Fédération française de rugby et fondent l'UFRA, [Union française du rugby amateur, qui doit servir de cadre à une nouvelle compétition d'où l'antijeu sera banni. La réunification a lieu en 1933 mais il est déjà trop tard: les Unions de rugby britanniques ont entre-temps rompu avec la France pour mauvaise conduite. Le rugby à XV connaît alors en France une éclipse dont le rugby à XIII, régi par un statut professionnel, sera le principal bénéficiaire.
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