Le soleil des scorta incipit
Publié le 08/05/2019
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Le soleil des Scorta,Laurent Gaudé. Incipit Le roman commence par une dédicace puis un poème de Pavese mis en exergue. Les thèmes du roman sont déjà présents: la famille, la transmission. I- Un incipit traditionnel qui dévoile lentement les informations données. 1/ Une vue d'ensemble du cadre de l'action qui se précise peu à peu. Organisation:du plan d'ensemble au détail, du plus loin au plus proche. Du haut en bas: « la chaleur du soleil semblait fendre la terre ». On voit les éléments naturels « les oliviers », les « collines », le massif du Gargano > ancrage dans la réalité: région des Pouilles, « les champs », « le chemin », « la route », « la mer » puis le but à atteindre: « le village ». (Page suivante, on sait qu'il s'agit de Montepuccio .)Le paysage est aride et désertique « tout était immobile », absence de « vie animale ou végétale ». tournure négative + répétition » aucun hameau, aucune autre route ». les phrases simples du début mettent l'accent sur cette immobilité. Les indices de temps: « le mois d'Août » , « deux heures de l'après-midi » > correspondance avec le titre de l'oeuvre et celui de la partie: « les pierres chaudes du destin »: le roman est immédiatement sous le signe du soleil. Mais on ne peut identifier immédiatement l'époque à laquelle se déroule le roman. Il faut attendre la page suivante: 1875. Le temps et l'espace coïncident : à l'écoulement du temps « les heures passèrent ainsi » correspond le déplacement du personnage et le changement de décor : « un âne avançait lentement », « enfin, la mer fut en vue »; « la mer était là » 2/ Les personnages : l'empathie entre l'homme et l'animal. « Un âne », « son cavalier »: personnages anonymes désignés par des termes génériques: « l'homme », « son maître » « la bête », « sa monture ». l'alternance entre l'homme et l'animal montre le lien étroit entre les deux êtres. Il y a équivalence et les caractéristiques de l'un et de l'autre se confondent: « tous deux » avancent, « rien ne venait à bout de son obstination » (âne); « Rien ne viendra à bout de moi » , (homme) obstination « volonté sourde », « je veux » soulignée par les indices de temps et de mesure « lentement, mètre après mètre » et le discours direct « j'irai jusqu'au bout » (2x), « je ne cèderai pas »reprise de « au bout de cette route », « pas lent et décidé » (âne). > cela préfigure ce que subiront et ce qui caractérisera les Scorta : souffrance et détermination, obstination. Scène symbolique que l'on retrouvera dans le roman avec des variantes. 3/ Les attentes liées à l'intrigue On connaît l'objet du cheminement: « je veux ma vengeance » et le temps qui s'est écoulé « je rêve depuis quinze ans à cet instant ». Mais que s'est-il passé 15 ans auparavant? Qui est le personnage? D'où vient-il? Pourquoi avoir attendu si longtemps? Autant de questions qui incitent le lecteur à poursuivre la lecture. Incertitude momentanée du personnage « un vertige l'avait saisi . Il s'était peut-être trompé ». « j'ai pris la mauvaise route, pensa-t-il ». Les modalisateurs soulignent l'inquiétude et l'incertitude du cavalier et résonnent ironiquement quand on connaît la suite car le personnage fera effectivement une erreur de personne qui gâchera sa vengeance. II- Le début du roman crée une atmosphère inquiétante dans un univers dominé par le soleil . 1/ La lutte des éléments naturels entre eux. Première phrase: alexandrin blanc , allitération en « r »> solennité évocation de l'élément essentiel: le soleil. Lutte et souffrance. Effet du soleil sur la terre. Présence des quatre éléments: « soleil » = feu ; « la terre brûle »; « vent » « eau », « mer » ils s'affrontent dans un combat où le soleil est vainqueur: « la terre est condamnée à brûler », « la pierre gémissait de chaleur », le ciel est « sec », l' « air brûlant », , « mer immobile, brillante de chaleur ». le mois d'août qui est aussi personnifié et associé au soleil est comparé à un personnage supérieur il a « l'assurance d'un seigneur » , plus loin on souligne sa « puissance »> le soleil est ici évoqué comme un être dominateur mais aussi un tueur, celui qui fait souffrir, qui brûle tout. Il est le tout-puissant: Zeus, Apollon. Cf. étymologie de Août : Augustus L'eau se caractérise par son absence « impossible de croire » (2x) qu'il « avait pu pleuvoir. Que de l'eau ait irrigué (...) abreuvé » eau = vie mais elle est absente. 2/ la lutte avec les êtres vivants le « soleil peut tuer tous les lézards », la chaleur du soleil rend difficile le cheminement de l'âne ses souffrances sont évoquées « air brûlant qu'il respirait » « rocailles pointues sur lesquelles ses sabots s'abîmaient » .Luciano pense que ses cheveux peuvent « s'enflammer », ses mots « s'évaporaient dans la chaleur » > tout subit donc la dure loi du soleil. Il fait souffrir la nature mais aussi les êtres vivants car (NB Les Scorta seront « les mangeurs de soleil » et Elia mettra le feu au tabac) > Un premier paragraphe qui résonne gravement et crée une atmosphère inquiétante. Le roman débute sous le signe de la souffrance de la dureté. III- Un roman qui joue avec le mélange des genres 1/ Un retour pour accomplir une vengeance : western > arrivée d'un homme seul sous le soleil : scène cinématographique = western - mais le personnage est sur un âne > monture moins noble que le cheval > dégradation - on peut supposer que ce n'est pas un héros > discours direct qui révèle les intentions du personnage principal; futur de certitude : « je ne céderai pas » // « pas lent et décidé » de l'âne; verbes de volonté: « je veux ma vengeance »; phrases courtes et catégoriques. > durée de l'attente: « je rêve depuis 15 ans à cet instant » > insistance sur la ferme décision de l'homme. 2/ Un destin en marche : tragédie > titre de la partie « Les pierres chaudes du destin » + « un châtiment antique. » > Nature personnifiée// homme : « la terre était condamnée à brûler. » / le « cavalier semblait une ombre condamnée » . > image du cheminement ; valeur symbolique de la route du chemin: « le chemin ne menait nulle part »; « j'ai pris la mauvaise route » ; « au bout de cette route »; « au bout du monde »> ironie tragique // Point d'arrivée pour Luciano. Paradoxalement ce début résonne un peu comme une fin. « je suis en route » ; « le chemin n emenait nulle part » 3/ L'émotion poétique , esthétique. > effets de style: première phrase; alexandrins; jeux sur les sonorités; les images; anaphores. > scène visuelle : de l'apparition de l'âne jusqu'à celle de la mer. Incipit à la fois traditionnel et original qui met en place tous les éléments du roman. Scène symbolique récurrente. S'oppose totalement à la fin du roman.
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