Le Roman Est-Il Le Reflet De La Société?
Publié le 18/09/2010
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Le roman est l’histoire de personnages inséparables d’un environnement social avec lequel ils entretiennent des rapports divers. La place qu’ils occupent, identifiable à leurs actions, à leurs choix, et à leurs sentiments, permet de comprendre les idées, les idéologies et les valeurs dont ils sont porteurs. Les relations entre les personnages et la société sont révélées à travers des portraits, des actions, des paroles, des réflexions : on peut alors remarquer à quel point les personnages sont les témoins et les reflets d’une époque. Il existe beaucoup d’affirmations qui disent que le roman est le reflet de la société, mais qu’en est-il véritablement?
Pour pouvoir répondre à ce sujet il nous faut se poser la question : quand est-ce que le roman est-il le reflet de la société, quand est-ce que ne l’est-il pas et pourquoi?
Afin de traiter cette problématique, nous allons procéder par étapes. Dans un premier temps, nous verrons que le roman est effectivement le reflet de la société en nous appuyant sur des romans réalistes, des romans comportant des histoires vécues, mais aussi des romans historiques, philosophiques et sociaux. Par après, nous allons démontrer que le roman n’est pas toujours le reflet de la société comme par exemple les romans fantastiques et de science-fiction, les romans policiers, mais également les romans traitant d’aventures qui ne portent seulement sur la bourgeoisie et non pas l’ensemble de la société.
Pour débuter, nous pouvons noter que les auteurs de romans réalistes tel que Zola dépeignent le mieux la société telle qu’elle est, sans idéalisation, en s’appuyant sur les classe moyennes et populaires, soit, la majorité de la population. Ces romans abordent des sujets récurrents comme le travail salarié et les affrontements sociaux. Emile Zola, qui est le chef de file du naturalisme, issu du réalisme, nous décrit une flopée de personnages tous différents dans l’Argent. Presque toutes les tranches d’âges y sont représentées. Les aventures de Saccard et son projet de «Banque Universelle« implique beaucoup de personnages. Tous ont un caractère différent. Cela permet au lecteur de s’identifier à un personnage vu que les comportements et les façon d’agir de penser y sont très réalistes. Pendant une longue période, Zola a analysé la société de Paris et en particulier la société autour de la Bourse de Paris. Il en a conclu que la majorité du peuple ne pensait que à l’argent et la fortune comme Saccard, ses associés et Gundermann tandis que certains comme Sigismond, un communiste, essayaient de détruire l’argent. En effet, dans ce roman Zola a réussi a refléter la société grâce à ses longues observations sur place tout en restant objectif. Dans l’Assommoir, ce roman également écrit par Zola, est consacré au monde ouvrier. Selon lui ce fut «le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple«. Dans ce roman Emile Zola restitue la langue et les moeurs des ouvriers qui représentent la majorité de la population. Il y décrit les ravages causés par la misère et l’alcoolisme. Ce roman est tellement réaliste qu’il est jugé trop «cru«. Toute fois, la société ouvrière de la fin du 19ème siècle y est parfaitement dessinée, c’est ce qui entraîne le grand succès de ce livre.
Cependant, il n’y a pas seulement les romans issus des mouvements réalistes et naturalistes qui reflètent la société, mais aussi les romans dont l’auteur raconte une histoire qu’il a vécu. L’auteur peut donc parfaitement nous décrire la société puisqu’il était présent. Albert Camus nous raconte dans la Peste, le drame d’une maladie très contagieuse et mortelle, c'est-à-dire la peste, qui a assiégé la ville d’Oran pendant neuf mois. Camus qui écrivait sous le nom de Rieux dans ce roman, nous montrent comment les habitants oranais réagissaient face à la peste, ce qu’ils en pensaient et comment ils agissaient véritablement. Comme Camus avait assisté à cet évènement et comme il était objectif, la description de la société ou plutôt de son entourage -c'est-à-dire Tarrou, Grand, Paneloux, Rambert, Cottard- ne pouvait pas être plus réelle puisqu’il était tous les jours en relation avec ces personnages. Camus, en tant que philosophe est allé plus loin que la description, il a analysé le comportement de la société. L’idéologie de la population oranaise est donc d’autant plus mis en avant. D’autre part, le roman de Irène Némirovsky Suite française, traite de la 2nde guerre mondiale et nous aide à comprendre les comportements humains en temps de crise. Certains sont très généreux et solidaires comme les Michaud et Philippe Péricand, d’autre sont très courageux comme Hubert Péricand. A l’inverse de Hubert, le reste de la famille Péricand est égoïste et ne cherche qu’à se sortir de cette folie. Charles Langelet et Gabriel Corte sont de la même espèce, c'est-à-dire ils essayent de trouver leur bonheur individuel sans prendre précaution du reste du peuple. Par l’intermédiaire de ce roman, Irène Némirovsky nous fait découvrir les vrais caractères de la société parisienne dans des temps ou il est nécessaire d’être solidaire. Les descriptions sont d’autant plus vraisemblables puisque l’auteur a vécu l’histoire.
Quelques romans historiques, sociaux et philosophiques ont eux aussi un rôle de miroir de la société, tel que Les Misérables de Victor Hugo. Les romans sociaux et philosophiques se spécialisent sur la société en s'appuyant sur de longues analyses et de longues réflexions à propos de celle-ci. Le reflet de la société y est donc le principal sujet. Le roman historique prend pour toile de fond un épisode de l'histoire et mêle généralement des personnages réels et fictifs. L' écrivain de roman historique ne remet en cause aucune notion, n' invente aucun événement, ne crée aucun univers, il se contente de réécrire l' histoire. Ce type de roman est donc très réaliste et reprend ainsi bien le comportement de la société. Le roman Les Misérables, qui est à la fois un roman historique, philosophique et social, est une peinture très précise de la vie en France et du Paris pauvre du début de XIXème siècle. Il dépeint la bataille de Waterloo, l’émeute de Paris en juin 1832 et les aventures de Jean Valjean. Les quartiers populaires de Paris sont longuement décrits. L’intention de Hugo est de nous ouvrir les yeux sur le peuple travailleur et pauvre qui est rarement cité dans les romans à son époque, au lieu de nous refléter la haute société, la bourgeoisie et la noblesse qui baignent dans le luxe et dans leurs passions. La plupart du peuple a honte de cette pauvreté et de cette misère mais Hugo décide de nous présenter cette société cachée et de nous illustrer leurs vies. Avec les personnages de Gavroche, de Fantine, de Cosette et des Ténardier, Hugo accorde une nouvelle place aux «petits gens« dans le roman. La pauvreté étant importante à Paris pendant le début du XIXème siècle et de loin plus fréquente que la richesse, Les Misérables reflète réellement la société de Paris.
D’autre part, le roman ne reflète pas toujours la société. Les auteurs ne sont pas tous les mêmes, et donc il n’ont pas tous le même but. L’intention de faire passer un message est toujours présente, mais le contenu du message peut varier.
Tout d’abord les romans fantastiques et les romans de science-fiction ne reflètent pas la société, en tout cas pas la nôtre. Dans le roman fantastique, l’auteur nous propose un monde appart, surnaturel, assez éloigné de la réalité. Les auteurs puisent dans leur imaginations pour construire des personnages fictifs, ayant des comportements et des mentalités différentes aux nôtres. C’est ainsi dans le Seigneur des anneaux de Tolkien. Dans ce roman, les personnages magiques vivent dans univers appart et sont dotés de pouvoirs surnaturels. Les éléments fantastiques empêchent une identification précise au monde réel. Le but de ce roman n’est pas de refléter la société, c’est de permettre à l’auteur de faire part de son imagination au lecteur, en présentant un monde magique dans lequel ce passent des évènements extraordinaires dans des lieux fabuleux. L’objectif est peut-être aussi de faire passer un message, ou plus exactement une morale qui reste secondaire. Il en est de même pour la saga de romans Harry Potter de J.K Rowling. Là aussi, le roman ne reflète pas la réalité et donc pas la société. Les aventures de Harry Potter se passent dans une école de sorcellerie appelée «Poudlard«. Les personnages principaux, c'est-à-dire Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger, sont munis de pouvoirs magiques qu’ils utilisent pour combattre un démon : Lord Voldemort. De plus, la plupart des protagonistes sont en grande partie des jeunes personnes, alors que la société n’est pas composée uniquement de jeunes. On peut en déduire que ce roman ne reflète de loin pas la société, comme beaucoup d’autres romans fantastiques.
Ensuite, il y a toutes sortes de romans qui traitent uniquement sur la bourgeoisie et la haute noblesse. Ce sont très souvent des romans romantique. Ces romans ne peuvent pas témoigner de l’ensemble de la société car la bourgeoisie et la noblesse ne représentent qu’une infime partie de la société. De plus, les personnes de ce rang n’ont pas les mêmes soucis, ni les mêmes habitudes que les personnes des classes moyennes et des classes populaires, qui rappelons-le, sont la majorité de la population. Ces romans reflètent une partie de la société et non pas l’ensemble, comme le fait Alexandre Dumas dans Pauline. Ce roman ou il s’agit de bourgeois, raconte l’histoire de Pauline, une jeune Demoiselle qui tombe amoureuse de Horace de Beuzeval et le marie, mais par après il la fait prisonnière dans une abbaye puisque Pauline découvre qu’il est un assassin. Alfred de Nerval la sauve par hasard et prend soin d’elle jusqu’à la fin de ses jours. Ces histoires de meurtres et d’amours se déroulent dans des châteaux splendides. Ils vivent donc très confortablement, mais on remarque qu’ils ne se soucient point du travail et ni de l’argent en général, à l’inverse du reste du peuple moins aisé. Les centres d’intérêts des personnages dans le roman sont plutôt la chasse, l’amour et les bals. On ne peut pas parler d’un reflet de toute la société car la société bourgeoise et noble se différencie fortement du reste de la société.
Enfin, une panoplie de romans présentent certaines spécificités de la société comme les meurtres ou les crimes en général, il est donc question des romans policiers. Ces romans dont l’intrigue est constituée d’un crime, d’un mobile, d’un coupable, d’une victime et d’une enquête n’a pas pour objectif de refléter la société. Leur but est de créer beaucoup de suspense au cours de l’enquête et de rendre le lecteur très curieux et attentif. Les assassins sont des exceptions de la société, c'est-à-dire qu’ils se différencient beaucoup du reste du peuple de part leur soucis, leurs mentalité et leur façon d’agir. Ces personnages criminels ne peuvent pas représenter la société. Dans le célèbre roman de Agatha Christie Le meurtre de Roger Ackroyd, il est donc question du meurtre de celui-ci. Le roman commence par l’assassinat de Mr. Ferras, le mari de la bien-aimée de Ackroyd. Un an après Mrs Ferras meurt à son tour, puis tout de suite après Ackroyd meurt poignardé dans la nuque. La police appelle automatiquement le fameux détective Hercule Poirot pour résoudre cette enquête très complexe. Un grand nombre de personnes étant suspectes, l’affaire pour Poirot est difficile. Au final, il s’avère que Dr. Sheppard, le narrateur qui a suivis Poirot durant toute l’enquête est l’assassin, car il ne voulait pas que Ackroyd sache qu’il faisait chanter Mrs. Ferras. Toute cette enquête autour du meurtre de Ackroyd est bien passionnante, mais reflète-elle la société en cherchant des coupables ? Dans ce roman l’auteur souhaite que le lecteur meurt d’envie de connaître le criminel en question. L’auteur le rend plus attentif en donnant des indices au fur et à mesure de l’intrigue. Mais on ne peut pas affirmer que ce roman porte un regard sur la société, comme la majorité des romans policiers.
Finalement, nous pouvons dire que le sujet posé est très complexe. D’une part nous constatons que certains romans, c'est-à-dire les romans réalistes, naturalistes, les romans qui content des histoires vécues, les romans historiques, philosophiques et sociaux portent un regard très précis et très juste sur la société. La société y est remarquablement bien reflétée, ce qui permet au lecteur d’avoir une vraie image de celle-ci. Mais d’autre part ces romans ne représentent pas l’ensemble de ce genre. Des romans fantastiques ou de science-fiction n’ont même pas pour but de refléter la société. Leur but est de créer des mondes imaginaires passionnants pour divertir le lecteur. L’objectif n’est également pas de refléter la société dans les romans policier. Ceux-ci essayent de créer du suspense du début jusqu’à la fin. D’autre romans, comme ceux qui traitent de la haute-société ne peuvent pas témoigner de la société, vu que la noblesse représente une toute petite partie de la population.
On peut conclure que certains type de romans reflètent la société et d’autres pas. Le roman reflète la société lorsque le roman est réaliste. Le roman n’est pas le reflet de la société lorsque le roman est fantastique.
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- On dit souvent que le roman est le reflet de la société. Vous discuterez cette affirmation en vous appuyant sur les textes du corpus et sur les romans que vous avez lus et étudiés.
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