Le renard, le singe et les animaux
Publié le 30/09/2010
Extrait du document
Introduction :
Le célèbre « connais-toi toi-même « platonicien souligne l’idée qu’aucune prise de conscience n’est possible sans prise de parole. Jean de la fontaine grand fabuliste du 17ème siècle reconnu pour ses fables versifiées à visée morale : plaire et instruire, illustre cette idée dans son apologue le renard, le singe et les animaux, fable 6 du livre 6 publié en 1668 faisant partit du premier recueil « les fables choisies mis en vers par M. de la fontaine. « Le renard, le singe et les animaux est repris du grec Esope et transformé par Lafontaine des siècles plus tard reprenant le ton de la fable de Marot (l’épitre à son amy Lyon) et versifiée en décasyllabe. Par l’allégorie animalière jean de la fontaine dénonce les mœurs de la société et raconte comment à la mort du roi les animaux décident de se réunir essayant chacun à leur tour la couronne pour trouver un successeur.
Problématique :
Comment jean de la fontaine en ayant recours au divertissement sérieux tente t’il de mettre en lumière la démocratie comme un système utopique en rapport aux mœurs politiques de son époque
La fable se découpe donc en 4 mouvements :
V1 à 9 : Mise en place de la situation initiale avec Mort du roi et l’assemblée constituée par les animaux incarnant le peuple pour en élire un nouveau.
V10 au v 16 : comment par des raisons esthétiques Le singe est élu roi et comment il devient le contre exemple du pouvoir royal.
V17 au v23 : Le renard sous les traits du fabuliste tend un piège au singe afin de percer au grand jour ses vices
V24 à la fin : Le singe tombe dans le piège et se retrouve destitué soulignant l’incapacité du peuple à juger d’un bon roi.
1ère partie : Mise en place de la situation initiale : Mort du roi, les animaux se réunissent pour en choisir un nouveau
On débute au vers 1 par la mise en place du contexte initial et surtout temporel avec la préposition « au « qui annonce la mort du roi. « Les Animaux au décès d’un Lion « Le lion est donc l’allégorie du roi et Le reste des animaux se réunit pour choisir un nouveau. On peut apercevoir que les « animaux « ne sont pas individualisés ce qui souligne leur infériorité face au Roi représentant ainsi le peuple. L’auteur fait donc référence par le roi et les animaux à l’absolutisme de droit divin. Le vers 2 précise et confirme le statut de monarque du Lion « en son vivant prince de la contrée «. Et ce n’est qu’au vers 3 que l’on apprend de quoi il s’agit vraiment avec l’inversion du sujet verbe « pour faire un roi s’assemblèrent dit-on «. Le verbe « s’assemblèrent « créer une distanciation entre celui-ci et les animaux qui sont séparés de deux vers. Nous pouvons remarquer en fin de vers le pronom indéfini « on « en proposition incise qui montre que le narrateur reste en retrait de la prise de parole, ne s’impliquant pas dans le propos et le « dit-on « connote une certaine oralité.
Au vers 4 apparait l’objet de conquête pour l’assemblée, la couronne désignant le futur roi mais par la forme passive de la phrase « de son étui la couronne fut tirée « la couronne devient le sujet de la phrase et non plus le cod. Cette place lui accorde une place importante indiquant qu’elle n’est plus le fruit de l’élection mais le sujet de l’action, c’est donc elle qui va décider du nouveau roi. L’espace temporel qui l’entoure au vers 5 marque une distanciation temporelle on y trouve des éléments apparenté aux mythes médiévaux, plutôt rare chez Lafontaine « « dragon « et par l’archaïsme « chartre « qui renforce cette idée désignant une prison ou une chambre forte. Cette distanciation temporelle était fort utilisée par la fontaine lui permettant ainsi de critiquer les mœurs de la société sans que les destinataires s’y reconnaissent. Nous pouvons assister au vers 4 au cérémonial afin de trouver le nouveau monarque. « Il se trouva que sur tous essayée à pas un d’eux elle ne convenait « qui à une structure impersonnelle nous fait donc repenser à l’aspect de l’oralité et à travers les emplois anaphoriques « sur, eux, plusieurs, aucuns « remplaçant les Animaux on observe une vision pessimiste du peuple. Comme nous l’avons vu précédemment la couronne semble être celle qui choisie le roi. On peut remarquer l’antithèse entre ces deux vers « sur tous essayée « à « pas un de elle ne convenait « le passage de la totalité à la restriction totale qui montre l’échec de l’entreprise. On peut ici faire un rapprochement avec la légende du roi Arthur et l’épée d’ecxalibur.
Au deux vers suivant l’on peut voir à travers les deux anaphores « trop « et « aucuns « met tant en lumière l’imperfection des prétendants apparente dans l’énumération des adjectifs péjoratifs. « Plusieurs avaient la tête trop menue, aucuns trop grosse aucunes même cornue «. «Le substantif la tête « est la métonymie de la personne. Ces vers mettent en lumière une élection faite par un peuple se fiant à l’apparence sans s’intéresser à des citèrent plus moraux auxquels on aurait pu s’attendre.
2ème partie : Le singe choisit comme nouveau roi.
Un animal se distingue du groupe : « le singe fit l’épreuve aussi en riant «. Le participe présent « en riant « indique que le singe essaye la couronne plus comme un divertissement que comme un réel enjeu. Le singe est d’ailleurs associé à la plaisanterie, à la bêtise comme sujet de bavardise.
On peut d’ailleurs s’apercevoir dans les vers suivants une isotopie du cirque : « plaisir, grimaceries, tours de souplesses, mille singeries «. Le singe ne semble être là dans le seul but de faire un spectacle, il apparait telle une parodie en pensant agir comme un roi ne prenant pas au sérieux la position que permet d’obtenir de la couronne et représente alors le contre exemple du pouvoir royal. Le substantif «Tiare « au v11 « et par plaisir essayant la Tiare « fait référence à la coiffe de l’ancien roi de perse ou du pape appuyant ainsi de nouveau sur l’absolutisme royal de droit divin qui montre que le singe mélange les types de couronne. Le substantif « grimaceries « est quant à lui un néologisme de la part de la fontaine. Le vers 14 amplifie l’idée de cirque en comparant la couronne à un cerceau. « Passa ainsi dedans qu’en un cerceau «. Il dénature la couronne en la comparant à un cerceau, on à l’impression d’assister à une foire. Aux vers 15 et 16 à travers la structure du vers coupé en deux parties par un double point marque un renversement de situation. En effet le singe est élu roi par les animaux alors qu’il à échoué lui aussi. « Aux animaux cela sembla si beaux qu’il fut élu : chacun lui fit hommage «. En effet
il passe à travers la couronne mais ne la porte pas sur la tête et les animaux l’élisent pour des raisons d’esthétiques. Le rapport ici de cause à conséquence semble grotesque, on utilise un jugement de valeur pour élire un roi. L’auteur remet ainsi en doute le jugement du peuple face aux qualités d’un bon roi. La notion d’hommage fait penser au protocole d’usage avec les courbettes destinées au roi.
3éme partie : le renard tend un piège au singe
Au vers 17 le renard fait son apparition, il se détache du groupe car il s’oppose à l’élection du singe « le renard seul regretta son suffrage «. Il apparaît comme quelqu’un de rusé, cachant ses réels intentions comme nous pouvons le voir au vers 18 « sans toutefois montrer son sentiment«.
Il cache ce qu’il pense en substituant les pensées des autres à la sienne pour accéder à la confiance du singe et lui tend ainsi un piège :
« Il dit au Roi : je sais, Sire une cache et ne crois pas qu’autre que moi la sache, or tout trésor par droit de royauté appartient sire à votre majesté. « On voit à travers sa prise de parole que le renard connait les codes de la cours, il les connait mais les méprisent pour mieux arriver à ses fins. Il fait semblant de courtiser le singe en appliquant un argument juridique « or tout trésor par droit de royauté appartient sire à votre majesté «. Le renard mystifie le trésor, appuyant sur le fait qu’il est le seul à le connaître ; il veut ainsi mettre en avant la cupidité du singe.
4ème partie : Le roi destitué.
Au vers 24 Nous pouvons voir que le singe tombe dans le piège du renard, l’archaïsme « baille « désigne aspirer avidement à quelque chose, ici l’argent. « Le nouveau roi baille après la finance « Richelet apparente ce substantif à quelque chose de bas et de peu comique, en effet le singe se laisse emporter rapidement par les propos du renard et laisse apparaître sa nature cupide
Le vers suivant nous montre cependant que le roi se méfie des autres « lui-même y court pour ne pas y être trompé « Ici apparaît deux paradoxes en effet le singe apparaît ici comme quelqu’un de méfiant n’accordant pas sa confiance facilement étant donné que quelques vers plus haut il n’hésite pas à accorder sa confiance dans les paroles flatteuses du renard.
Le vers 26 est coupé en deux par deux petits point « c’était un piège : il y fut attrapé « qui marque un nouveau renversement de situation. Le singe passe de roi à pus rien.
La moralité n’est pas clairement détachée du récit et on la retrouve en deux temps. En effet elle apparaît dans la deuxième prise de parole du renard, sous forme de question rhétorique « Le renard dit au nom de l’assistance prétendais tu nous gouverner encore toi ne sachant pas te conduire toi-même ? Et dans un deuxième temps elle apparaît dans le récit « Il fut démit et l’on tomba d’accord qu’a peu de gens convient le diadème «. La question rhétorique précipite le silence, elle ôte au renard toute liberté et astreint le singe dans le trouble. Elle est donc la tournure du pouvoir, elle devient en quelque sorte garante du discours qui à pour fonction de faire prendre conscience au singe de ses travers. Le renard destitue le roi seulement par la parole cette acte devient peut être plus honorifique que le fait d’être roi en lui même et l’on peut se demander si ce ne serait pas lui qui serait en droit de prétendre à la couronne. Le renard apparaît alors comme l’image du fabuliste qui doit instruire en divertissant tout comme le renard l’a fait, on peut donc voir une mise en abyme de la manière de penser du fabuliste à travers la mise en scène du piège du renard. Les animaux quant à eux choisissent leur opinions, ils sont sans jugements réel et changent aux grés des personnes puissantes, ils cherchent à être bien vu. Au v15/16 ils élisent le singe à l’unanimité mais au v27 ils se rangent au côté du renard pour le destituer.
Le deuxième temps de la morale se trouve en fin de récit par l’auteur qui conclut qu’être roi n’est pas chose destiné à tout le monde. « Il fut, démit et l’on tomba d’accord qu’a peut de gens convient le diadème «. Le peuple à travers les animaux à donc élu un mauvais roi se précipitant sur la richesse, être roi n’est donc pas une tâche facile.
Conclusion : Nous avons donc pu voir à travers cet apologue une satire des animaux représentant le peuple. Un peuple qui nous apparaît tel de personnes ignorantes, ne pouvant juger et donc élire un roi basés sur des raisons d’ordre morales et politiques, critères nécessaire à un bon roi mais sur des raisons esthétiques, amusantes. Le fabuliste à travers le personnage du Renard et de son piège, non réalisé pas jalousie comme dans la fable d’Esope Le renard et le singe élu roi met en lumière la démocratie comme une entreprise veine étant donné que le peuple n’est en aucuns cas capables de reconnaître un bon roi, et donc indirectement met en avant le rôle délicat et méritant du roi.
Cette fable peut se rapprocher de la fable précédente, fable 5 du livre « le cocher, le chat et le souriceau « qui porte sa morale contre les apparences trompeuses.
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