Le Rail Chez Jacques Réda
Publié le 05/12/2010
Extrait du document
Tout d’abord, le chemin de fer possède une représentation mentale chez chacun de nous bien définie. En effet, si nous proposions un jeu visant à représenter un rail, il y a fort à pareil que chacun dessinerait deux files de rails posées sur des traverses.
Cette représentation n’est pas anodine pour l’étude de notre texte. En effet, les deux files de rails ne représenteraient-elles pas un parallélisme entre deux vies ? Vies qui seraient celles de Duke Elligton et de Jacques Réda ? Vie reliées par les traverses du Jazz ?
Un peu plus loin, p131, «Je grandissais« lié «au ton héroïque et [à] la stricte ordonnance dans l’orchestre d’Ellington«, pour en arriver enfin à «Maintenant encore« l1, où le «swing« d’Ellington continue son emprise….bref, le jazz représente bel et bien ce lien entre deux vies différentes.
Ainsi, Jazz et Ellington représentent les éléments qui vont donner une réelle structure à la vie du poète, structure métaphorisée par le chemin de fer.
Ensuite, en plus de représenter le parallélisme entre les vies de Réda et de Duke Elligton, le rail peut tout simplement métaphoriser le lien entre passé/présent, entre enfance et âge adulte.
Mais, si l’on plonge plus profondément dans une certaine métaphysique liée au rail, d’autres éléments apparaissent.
Tout d’abord, commençons par le principe de roulement, qui, unique en son genre, fait rouler de l’acier sur de l’acier. Je cite ici wikipédia qui présente « Le mode de roulement [comme] un contact roue/rail (acier sur acier) à adhérence réduite, donnant un rapport entre puissance et charge tractée favorable mais réduisant considérablement les déclivités admissibles pour la voie. «. En effet, la roue et le rail ne se touchent théoriquement qu'en un point, au sens géométrique du terme, n’hésitant ainsi un terrain plus au moins plat. Cet infime point reliant roue et rail ne correspondrait-il pas à l’instant Réda ?
L’instant, moment qui ne peut être capturé tout comme ce point de contact immesurable navigue entre passé et présent. Cependant, ce « swing profond de l’instant « p 128 ne serrait t’il pas la rencontre entre jazz, rail, écoute et mémoire qui permettrait de libérer « ce peuple de fantôme « p128? Le jazz ellingtonien si proche du son ferroviaire ne serait-il pas un moyen de capturer à jamaisl’instant pour le mettre en mémoire derrière une porte close, ne pouvant s’ouvrir que par une clé sonore, une note, un contact, faisant ainsi germer la graine du souvenir enfouis sous terre ? Ici encore, le lien entre le jazz de Réda et la madeleine proustienne est clair. Le musique, le rail seraient ainsi les moyens de capturer l’insaisissable.
Ainsi, le rail est un motif très fort, très riche en interprétation, probablement inépuisable dans l’imaginaire de Réda. Cependant, le train et le chemin de fer n’ont pas toujours eu cette connotation absolument positive et onirique. Au contraire, la mort a tâché l’élément onirique du poète.
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