Le procès de Nuremberg

Le procès des principaux dignitaires nazis s'ouvre le 18 octobre 1945, à Nuremberg, en Allemagne, dans la zone d'occupation américaine. Une cour de justice internationale, composée de juges militaires des quatre délégations alliées -russe, américaine, britannique et française- tente de juger, pour la première fois dans l'histoire, les responsables d'un régime qui a entraîné la mort de plus de 50 millions d'êtres humains. Les 21 accusés présents doivent répondre d'au moins de l'un de ces quatre chefs d'accusation. Le premier est le crime de « plan concerté ou complot », c'est à dire la volonté de provoquer des guerres d'agression au mépris des traités internationaux. Le second est le « crime de paix », soit la participation, d'une manière ou d'une autre, à ces guerres d'agression. Le troisième est le « crime de guerre », qui concerne les actes tels que les exécutions d'otages et de résistants, les tortures, les assassinats, le traitement inhumain réservé à certains prisonniers de guerre -principalement les soldats soviétiques, mais aussi le travail forcé de millions d'Européens au service de l'Allemagne- ou les spoliations économiques perpétrées par le Reich dans les pays occupés. Enfin, le dernier est le « crime contre l'humanité », c'est à dire l'extermination de populations, dont 6 millions de juifs, victimes de l'abomination raciste hitlérienne. Ce procès juge également le régime nazi. C'est à ce titre que ses principales organisations responsables, à des degrés divers, de la barbarie qui vient d'ensanglanter l'Europe, sont mises en accusation. Ainsi, on tente de déterminer la culpabilité de la SS et de ses différents services (SD, Gestapo, Waffen-SS), de la SA, du Cabinet du Reich, du Haut Commandement de la Werhmacht et de son état-major. C'est une autre grande première dans l'histoire, car les membres des organisations reconnues coupables -la SS et ses services- pourront, par la suite, être jugés uniquement à ce titre. Aucun des 21 accusés ne plaident coupable au cours de ce procès, qui s'achève le 1er octobre, lorsque tombent les condamnations. Onze accusés sont condamnés à être pendus, puis incinérés. Leur cendres sont dispersées, afin que leurs tombes ne deviennent d'éventuels lieux de pèlerinage. Ils sont exécutés le 16 octobre, à part Goering, qui s'est suicidé dans sa cellule. Ce procès n'a pas été sans soulever decritiques. Les acquittements ont surpris. Tout comme le fait que l'annexion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie par Hitler -qui ne furent pas considérées à Nuremberg comme des guerres d'agression- n'ait pas été évoquée. Enfin, ce procès fut celui des vainqueurs, empêchant l'Allemagne de faire le sien.