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Le principe de masculinité

Publié le 12/10/2011

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            Le principe de masculinité écarte de façon définitive et permanente les femmes et leur descendance du trône de France et ce, depuis 1314.

            L’accession au trône de France n’est possible que par un héritier mâle et par ordre de naissance, ainsi, selon la coutume, le premier enfant mâle né sera le future roi, la primogéniture s’entend donc d’une préférence masculine. Elle consiste à ce qu’un roi ait toujours choisi un garçon parmi ses enfants pour lui succéder même si l’aîné de ses enfants était une fille. Le « miracle capétien « est que pendant plusieurs siècles, les rois capétiens aient toujours eu au moins un fils. Ainsi, la question du règne d’une fille ne s’est jamais posée ni dans les faits ni même en théorie. La préférence masculine est en fait l’affirmation de la préférence des garçons aux filles mais rien dans cette pratique ne disait que les filles étaient écartées du trône.

            Les circonstances ont permis, après la mort de Philippe Le Bel, de créer le principe de masculinité, en 1314 et la dynastie capétienne semblait bien assurée. En effet, à sa mort, il a laissé quatre enfants vivants dont trois garçons : Louis, Isabelle, Philippe et Charles. Cependant, quinze ans plus tard, cette lignée capétienne directe était éteinte et un nouveau principe disant que les femmes ne pouvaient accéder au trône et que les descendants par les femmes étaient eux aussi exclus du pouvoir a vu le jour. Ce principe n’est alors en fait qu’un principe né de réponses ponctuelles à des problèmes ponctuels.

            Comment s’est développé le principe de masculinité et quelles en sont ses justifications ?

            Dans un premier temps, nous verrons l’exclusion des femmes et de leur descendance (I) Puis, dans une seconde partie, nous étudierons les arguments justificatifs du principe de masculinité (II).

 

 

 

 

 

 

I/ L’exclusion des femmes et de leur descendance

 

            Le principe de masculinité s’est développé en fonction des circonstances. Les femmes ont tout d’abord été exclues du trône de France (A). Puis, afin d’éviter qu’un anglais ne règne sur le royaume de France, leur descendance a à son tour été écartée (B).

 

            A/ Les femmes ne peuvent pas diriger le royaume de France

 

            Louis X succède à son père, le roi Philippe Le Bel, mais meurt en juin 1316, il n’a régné que dix-huit mois. De son premier mariage avec Marguerite de Bourgogne, il a une fille, Jeanne. Sa seconde épouse, Clémence de Hongrie, est enceinte au moment du décès de son mari ; au nom de la tradition, il faut donc attendre la naissance du bébé car si c’est un garçon, il sera roi. En attendant, c’est Philippe, fils cadet de Philippe Le Bel, qui va assurer l’interrègne. En novembre 1316, naît Jean Ier qui meurt trois jours après sa naissance. Philippe se proclame donc roi et se fait sacrer à Reims. Naît alors une controverse car il est possible de penser, comme certains prélats, qu’en agissant ainsi, il a spolié Jeanne, la fille de Louis X Le Hutin, alors que d’autres, en revanche, approuvent cet acte.

            Divers arguments, plus ou moins fondés, sont alors mis en avant. Le clergé répugne à sacrer une femme, certains affirment qu’il est possible que Jeanne ne soit pas une enfant légitime, d’autres mettent en avant que d’autres fils du roi défunt sont disponibles, en effet, Philippe et Charles sont toujours en vie. Puisqu’il reste des descendants masculins directs, Isabelle, sœur de Louis, et Jeanne sont donc écartées du pouvoir. En 1322, Philippe meurt, il ne laisse que des filles, cependant, Charles, sont frère étant toujours en vie, il devient roi à son tour sous le nom de Charles IV. A partir de ce moment là, la coutume est fixée. L’exclusion de Jeanne du trône n’était qu’une réponse ponctuelle mais vu que la situation se répète avec les filles de Philippe, l’exclusion des femmes du trône de France devient une règle de droit. C’est une règle de droit française qui ne s’applique pas dans tous les pays d’Europe. En effet, dans certains pays comme le Portugal, Constantinople ou Naples, les femmes peuvent régner.

 

            B/ L’exclusion de la descendance des femmes, même masculine

 

            En 1328, le dernier fils de Philippe Le Bel meurt, il ne reste plus que des filles et ne femme enceinte. La reine accouche d’une fille, il ne reste donc plus de descendants directs masculins pour régner. C’est la première fois depuis le sacre d’Hugues Capet, en 987, qu’au homme n’est disponible pour régner.

            Isabelle ne peut régner en raison de l’exclusion des femmes du trône de France mais elle a un fils, Edouard. Un nouveau problème apparaît, Isabelle est mariée à Edouard II et a un fils, plus proche descendant de Philippe Le Bel, mais Edouard III est le future roi d’Angleterre. Les prélats français refuse de voir un anglais accéder au trône de France et lui préfèrent donc un cousin du roi défunt, Philippe de Valois, petit fils de Philippe III. C’est un choix de degré inférieur pour trouver un roi même s’il faut remonter loin, le plus important est que le trône reste français et que le monarque respecte le principe de masculinité.

            Dans un premier temps, Edouard III accepte de renoncer au trône de France, cependant, en 1340, il se prononce roi de France. Une demande d’arbitrage est faite au pape qui lui donne tort, c’est le début de la guerre de cent ans. Il est alors décidé de compléter le principe de masculinité en ajoutant à l’exclusion des femmes du trône l’exclusion de leurs descendants, quelque soit leur sexe.

 

            L’exclusion des femmes et de leur descendance semble donc être le fruit des circonstances de l’époque, cependant des arguments, qu’ils soient religieux ou juridiques, viennent justifier ce principe de masculinité.

 

II/ Les arguments justificatifs du principe de masculinité

 

            Plusieurs arguments, ont été mis en avant lors de la mise en place du principe de masculinité, ainsi, l’Eglise a réaffirmé la mission sacrée dont sont investis les rois de France (A). De plus, des arguments juridiques apparaissent en même tant que la loi salique est redécouverte (B)

 

A/ Les arguments religieux, une femme ne peut pas diriger une institution                             catholique

 

            Le clergé fait remarquer que par le sacre, le roi est placé dans une position intermédiaire entre les clercs et les laïques, c’est-à-dire qu’il est en quelque sorte le titulaire d’un sacerdoce, d’une mission au service de Dieu. Cependant, les missions religieuses sont exclusivement réservées aux hommes, il est donc inenvisageable qu’une femme puisse prendre la tête du royaume de France, pays profondément catholique. En définissant ainsi le caractère sacré de la monarchie, l’Eglise exige le principe de masculinité excluant les femmes du trône de France.

            Des recherches sont faites dans les écritures saintes afin de trouver des justifications de la légitimité du principe de masculinité. Ainsi, dans l’Evangile selon Saint Mathieu il est écrit : « regardez les lys des champs, ils ne lisent ni ne filent «. Cette parole d’Evangile est donc interprétée comme une interdiction absolue de laisser les femmes gouverner une institution catholique quelle qu’elle soit. La fleur de lys est le symbole de l royauté française, l’Eglise s’est donc empressée de faire valoir cette citation comme un ordre direct de Dieu et les fidèles l’ont reprise en adages tels que : « les lys ne filent pas en France « ou « le royaume de France ne tombe pas en quenouille « affirmant ainsi la primauté du principe de masculinité.

            Même si ces arguments semblent un peu désuets et exagérés aujourd’hui, ils ont été pris très au sérieux à l’époque car l’Eglise et l’Etat n’étaient pas deux institutions bien distinctes. En effet, les rois étaient catholiques et étaient garant d’une mission religieuse, celle de répandre et de faire prospérer les religieuse catholique dans leur royaume, ils devaient donc respecter les règles du catholicisme et donc, le principe de masculinité, puisque volonté du pape.

           

B/ Les arguments juridiques et la redécouverte de la loi salique

 

            Un vieil adage franque affirmait qu « les femmes font ponts et planches « c’est-à-dire que même privées de certains droits, comme par exemple de l’accès au trône, elle peuvent les transmettre à leurs héritiers mâles. Cependant, d’autres adages et arguments contrebalancent celui-ci.

            Les juristes ont longtemps cherché une justification du principe de masculinité. Ils l’ont finalement trouvé dans la loi salique, rédigée sous Clovis, au Vème siècle, et disant que les femmes « n’héritent pas de la terre de leurs pères «. Redécouverte en 1348 par Richard Lescaux, moine de l’Abbaye de Saint-Denis, elle justifie l’évincement d’Edouard III. Ainsi, on redonne vie à une loi tombée en désuétude depuis le VIIIème siècle et on transforme une règle de droit privé en droit public. Cet argument est très vite démonté par les juristes anglais qui démontrent que la loi ne parle que des « terres « et qu’en pratique, les femmes ont toujours été appelées aux partages successoraux. Cependant,  l’argument convient aux français qui voient en lui une coutume basée sur une loi franque.

            A partir de là, la loi salique se confond avec le principe de masculinité, l’héritage de la couronne ne peut plus se faire que par les hommes pour des hommes, les femmes sont alors totalement exclues du trône de France. Elles ne peuvent être que reines, statut honorifique mais pas générateur de pouvoir. Il apparaît donc que la couronne se transmet de père en fils par ordre de primogéniture et à l’exclusion totale des femmes et de leur descendance, quel que soit le sexe de ses descendants.

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