Le pouvoir technique est-il sans limites ?

1. Est-ce que la technique peut tout rendre possible, qu'est-ce qui, chez l'homme, limite son pouvoir ?
2. Puisque la technique est un instrument de l'homme, est-il neutre ou est-il limité par la morale ?
3. Le pouvoir technique est-il limité à sa propre nature d'instrument, ou peut-il en sortir et se retourner contre l'homme ?

Le sujet pose la question de l’existence des limites au pouvoir technique et présuppose son existence. La technique est opposée à l’art ou techné en ce sens qu’elle exploite et rend disponible toute la nature, alors que la techné consiste à « rentrer en connivence avec la nature », comme l’écrit Alain Finkielkraut dans Philosophie et modernité, dans le chapitre VI sur Heidegger et la question de la technique. Nous posons ce sujet du point de vue de l’homme, qui est l’utilisateur de la technique. Le pouvoir technique est ainsi le pouvoir d’un instrument, et comme tout pouvoir, il est synonyme de puissance de domination qui peut être juste moralement, ou ne pas l’être. Nous pouvons donner deux sens au terme « limite », le sens premier est celui de frontière, de ligne marquant une séparation. Le second est mathématique, c’est celui d’un point, d’une valeur dont on s’approche, que l’on essaie d’atteindre.

[...] De plus, le pouvoir technique peut même faire sortir la technique de sa nature d'instrument et en faire une force qui s'exerce aussi bien pour l'homme que sur l'homme. Malgré la puissance de ce pouvoir, une limite reste évidente : la technique ne peut pas nous rendre meilleurs, elle ne peut que nous rendre plus efficaces. On comprend alors dans le mépris de Platon pour la technique un véritable rejet de quelque chose qui ne peut nous faire vivre selon le bien, et qui peut même, au contraire, nous en éloigner. [...]

[...] Mais quand est-il de toutes les conséquences indirectes qu'a eues cette invention technique sur l'homme ? Dans la philosophie et les arts, mais aussi dans les nouvelles stratégies de conflits qui se sont illustrées dans la guerre froide, on voit des conséquences indirectes du pouvoir technique sur l'homme des conséquences imprévisibles et profondes sur la manière de vivre et de penser des hommes. Comme l'a remarqué Cornélius Castoriadis, ce retournement du pouvoir technique contre l'homme n'est que le prolongement de la neutralité instrumentale et laisse place au mythe de la technique qui s'auto- entretient et qui domine l'homme. [...]

[...] Étant comme maîtres et possesseurs de la nature lorsque l'on se sert de notre entendement, la puissance de domination de la technique ne semble pas être limitée. L'homme peut alors modifier la nature selon sa volonté, les forêts peuvent être rasées, les mers asséchées, des zones glacées peut être habitées, les animaux domestiqués, seules les grandes forces de la nature que sont les éléments ne sont pas encore maîtrisées, mais on peut penser que cela adviendra un jour. Évidemment que oui. [...]

[...] Nous posons ce sujet du point de vue de l'homme, qui est l'utilisateur de la technique. Le pouvoir technique est ainsi le pouvoir d'un instrument, et comme tout pouvoir, il est synonyme de puissance de domination qui peut être juste moralement, ou ne pas l'être. Nous pouvons donner deux sens au terme « limite », le sens premier est celui de frontière, de ligne marquant une séparation. Le second est mathématique, c'est celui d'un point, d'une valeur dont on s'approche, que l'on essaie d'atteindre. [...]