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Le pouvoir des Fables (seconde partie)

Publié le 27/02/2008

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Dans Athène(s) autrefois, peuple vain et léger, Un orateur, voyant sa patrie en danger, Courut à la tribune ; et d'un art tyrannique, Voulant forcer les coeurs dans une république, Il parla fortement sur le commun salut. On ne l'écoutait pas. L'orateur recourut A ces figures violentes Qui savent exciter les âmes les plus lentes : Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu'il put. Le vent emporta tout, personne ne s'émut ; L'animal aux têtes frivoles, Étant fait à ces traits, ne daignait l'écouter ; Tous regardaient ailleurs ; il en vit s'arrêter A des combats d'enfants et point à ses paroles. Que fit le harangueur ? Il prit un autre tour. « Céres , commença-t-il, faisait voyage un jour Avec l'anguille et l'hirondelle ; Un fleuve les arrête, et l'anguille en nageant, Comme l'hirondelle en volant, Le traversa bientôt. » L'assemblée à l'instant Cria tout d'une voix : « Et Céres, que fit-elle ? - Ce qu'elle fit ? Un prompt courroux L'anima d'abord contre vous. Quoi ? de contes d'enfants son peuple s'embarrasse ! Et du péril qui la menace Lui seul entre les Grecs il néglige l'effet ! Que ne demandez-vous ce que Philippe fait ? » A ce reproche l'assemblée, Par l'apologue réveillée, Se donne entière à l'orateur : Un trait de fable en eut l'honneur. Nous sommes tous d'Athènes en ce point, et moi-même, Au moment que je fais cette moralité, Si Peau d'Âne m'était conté, J'y prendrais un plaisir extrême. Le monde est vieux, dit-on : je le crois ; cependant Il le faut amuser encor comme un enfant.

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