Devoir de Philosophie

Le Plaisir Peut S'Appuyer Sur L'Illusion Mais Le Bonheur Repose Sur La Vérité ?

Publié le 17/01/2011

Extrait du document

illusion

L’Homme est un être de besoins. C’est jusqu’à présent le seul animal a être doté d’une conscience. En effet, contrairement aux autres animaux qui « survivent «, l’homme « vit « : il conserve son instinct de survie mais il recherche d’une part les plaisirs et d’autre part le bonheur.

Le plaisir est une sensation physique satisfaisant l’individu qui la ressent. Cette sensation est éphémère. On peut penser au plaisir gustatif, au plaisir sexuel ou encore au plaisir auditif ressenti à l’écoute d’une musique. Le plaisir peut s’appuyer sur l’illusion. La drogue en est encore le meilleur exemple : certains jeunes en consomment pour fuir une réalité qu’ils appréhendent.

Le bonheur quand à lui est un état de plénitude morale, une sorte de sérénité spirituelle. Celui-ci peut être éphémère comme permanent. C’est ce qui fait qu’il est bien au dessus des plaisirs. Selon Héraclite (IVème siècle avant J-C)  « Si le bonheur résidait dans les plaisirs corporels, on dirait que les bœufs sont heureux lorsqu’ils trouvent du pois chiche à manger.  «. Difficile en effet de s’imaginer qu’un bœuf est heureux dans sa vie. D’où la nécessité d’un plus : le bonheur. Cependant celui-ci peut-il se nourrir du mensonge ou de l’illusion ?

 

à Problématique : Le bonheur peut-il être atteint autrement qu’avec une parfaite vérité ?

 

La vérité est l’affirmation de ce qui existe et la négation de ce qui n’existe pas. Au sens philosophique, la vérité est le but ultime que chaque penseur convoite. Seulement, aucun d’entre eux n’a jamais prétendu y arriver car celle-ci impose une réflexion sur tous les principes. Ces principes doivent être remis en cause, repensés, et amenés à la conception véritable, la plus juste qui soit. Descartes disait à propos de la vérité qu’elle ne se donne pas mais qu’elle s’acquiert, et qu’elle fait partie du terme générique de la connaissance.

Cette définition de vérité au sens de connaissance n’est en fait qu’une partie de la signification qui nous intéresse. Epicure disait dans sa lettre à Ménécée (IIIème siècle avant J-C) : « Le bonheur dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans troubles.  «. C’est ce que les épicuriens et les stoïciens s’accorderont à appeler l’ataraxie : un état de sagesse inégalable. Dans ce cas la vérité est un vecteur déterminant et indispensable à l’obtention du bonheur. Un homme est heureux quand il a atteint une sagesse à toute épreuve, qu’il ne souffre pas de troubles moraux ou physiques.

Prenons un exemple : si un homme, père exemplaire de famille, dévoué entièrement à sa femme apprend que celle-ci commet l’adultère secrètement, son état de déception morale lui empêchera tout accès à une vie heureuse.

L’homme heureux, dans notre société actuelle qui a tendance à créer des modèles, est celui qui a fondé une belle famille, qui gagne bien sa vie, qui est cultivé, et qui a de quoi s’épanouir dans les loisirs. Ceci étant dit, chacun a sa conception du bonheur. La preuve en est que certains se complaisent dans le fait d’être nomade quand d’autres préfèrent la sédentarité. Tout n’est que différences de cultures, car il est vrai qu’un Somalien n’a pas le même idéal de vie qu’un Américain. De manière générale, chaque peuple a ses connaissances, sa vérité et donc sa vision du bonheur.

 

Au sujet de cette quête de la vérité, Nietzsche est très clair. Dans « Le Livre Du Philosophe « (1904) il s’exprime en ces termes : « La vie a besoin d’illusions, c'est-à-dire de non vérités tenues pour des vérités.  «. Ainsi donc, l’homme est habitué à ces illusions. Ou plutôt il ne s’en rend pas compte (en tout cas pas tout le temps), mais il est possible qu’il soit heureux. Cette citation est d’une extrême sagesse : elle réduit toutes les pires vanités de l’Homme à l’état de néant. L’Homme, éternel prétentieux, se vante de jouir d’un savoir hors du commun. Seulement n’était-ce pas cette même vanité qui sortait de la bouche des hommes du 16ème siècle, encore persuadés que la terre était plate ?

En ce sens, il faut admettre que nous avons encore du chemin à faire en matière de connaissance, mais que cela ne nous empêche pas d’atteindre le bonheur. Ne déprimons pas à l’idée de ne pas pouvoir aller sur mars !

D’une autre manière, Pascal nous explique qu’il faut même être égoïste pour être heureux : « Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser.  « (Pensées, 1670). Cette citation date du XVIIème siècle et est pourtant atemporelle. Sommes-nous à ce point nombrilistes pour être heureux quand des Brésiliens vivent dans des bidonvilles, des Africains meurent de famine, les Coréens du nord sont prisonniers d’une dictature ultra autoritaire, et de jeunes Arabes sont à la rue dans leur pays où la pauvreté fait rage ? 

L’illusion est parfois nécessaire au bonheur spirituel. Non sans quelques discours athées ou antireligieux, il suffit de parler de la religion, matière en laquelle nous n’avons pas encore prouvé une once de vérité. Et pourtant, combien de gens s’épanouissent dans la foi ?

Ce qu’il convient de dire alors, c’est que le bonheur est possible et ce, même en s’appuyant sur l’illusion. Cependant celui-ci se voit fragilisé. Car quand il y a illusion, elle ne peut être totalement évaluée. C’est au moment où celle-ci n’est plus, que la prise de conscience peut jouer sur le bonheur, à la manière d’un château de cartes qui s’écroule. « The Truman Show « (réalisé en 1998 par Peter Weir) est un film qui peut servir d’exemple. Quand le personnage principal se rend compte que tout ce qui se passe autour de lui n’est que théâtre et prévisions, il ressent un profond sentiment de malaise et un désir imminent de vérité. Son but est de connaître le monde réel (et non le monde créé autour de lui par la télé réalité depuis sa naissance). A mon sens, il est intéressant de rapprocher ce film du travail de Descartes. En effet, il se trouve que Truman, le personnage en question, parvient à découvrir le pot aux roses en pratiquant une sorte de détournement du doute cartésien (bien sûr accommodé d’indices frappant qui font l’histoire du film).

Quelle est cette pratique ? Le doute cartésien consiste à une remise en question totale de tout ce que l’on sait. Le procédé est simple : doute du principe, émission d’une hypothèse à son sujet, vérification de cette hypothèse et fondation d’une opinion. En pratiquant cette méthode, on se fait NOTRE propre opinion d’un sujet, que l’on tient pour vrai. Cette opinion peut évoluer, mais ne sera jamais une illusion car elle provient de la réflexion même de notre esprit. Et, petit à petit, notre connaissance croît jusqu’à rendre un certain bonheur accessible.

 

« UN « certain bonheur, disais-je plus haut. Car pour rapprocher ces opinions et leur donner à toutes deux une part de vérité, il faut distinguer deux sortes de bonheur (malgré le fait que le bonheur ne peut s’employer au pluriel). Admettons qu’il y ait le bonheur que nous appellerons personnel d’un coté et le bonheur utopique de l’autre. Ceux-ci sont-ils à considérer de la même façon ? Comment et quand les obtient-on ?

Le bonheur personnel serait plutôt un mode vie juste et droit, relevant d’une honnêteté envers soi-même, sans remords ou reproches à se faire. En somme, un parfait accord avec sa personnalité. A ceci il faut ajouter la sagesse, le sentiment d’être utile, ainsi qu’un certain désir de vivre (par quelque moyen que ce soit : amour, passion, amitié ou même travail).

A coté de cela, le bonheur utopique. L’Homme est un être de communauté qui, pour avancer, doit se déjouer d’un égoïsme naturellement présent en lui  afin d’organiser une société idyllique. On peut donc énoncer que ce bonheur est un progrès commun qui tend au bien-être d’une part de la société dans laquelle un individu existe, et d’autre part du monde dans son ensemble. Il est d’ailleurs à noter que l’origine du mot utopie est le titre d’un livre de Thomas More (penseur des lumières) « Utopia « qui imaginait une île isolée où les hommes vivaient en parfaite harmonie avec eux-mêmes et la nature qui les entourait.

Cette deuxième condition est inexorablement la plus dure à prendre en compte. Mais c’est ce que l’Homme (ou en tous cas une partie savante de la population) s’efforce de faire depuis longtemps. C’est ce qui fait qu’au début nous étions des êtres sauvages et que, petit à petit, nous nous sommes regroupés en troupes, puis en villages, en société, que nous avons développé les techniques, les arts, la culture, que la pensée nous a aidé à réfléchir à nos conditions, que les droits de l’Homme se sont créés, que l’abolition de l’esclavage a été décidée, et que les femmes ont pu voter. En y réfléchissant, les progrès que nous faisons ne datent pas forcément de plusieurs siècles. Il reste encore beaucoup de points à régler, mais chaque jour qui passe est un pas en avant dans le progrès. Car l’Homme est de plus en plus conscient de ses erreurs, de la destruction qu’il a installée à travers la pollution, et des ressources naturelles qu’il pille, par exemple.

 

Pour finir, il faut distinguer deux branches du bonheur : la branche personnelle : qui concerne le bien-être de l’individu isolé et la branche commune et utopique, qui s’étend au monde des hommes dans son ensemble, à la société.

La première branche implique une part de vérité très importante. La deuxième branche, face à la nature humaine, est obligée de transgresser la règle de la véracité et demande beaucoup d’efforts. La question qui s’offre à nous à présent, est de savoir comment parvenir à un bonheur généralisé à la race humaine, qui malheureusement présente un tas de divergences, compliquant ainsi la résolution utopique si attendue…

Liens utiles