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Le Mythe du Bon Sauvage :

Publié le 18/03/2011

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Le Mythe du Bon Sauvage :

Le mythe du Bon sauvage provient de l'idéalisation de la vie des Indiens proposée par Montaigne au XVIe siècle, à partir des récits qu'il a pu entendre ou lire.

On retrouve, dans la plupart des mythologies anciennes, la légende de l'âge d'or : les philosophes et les poètes grecs et latins, par exemple, ont souvent évoqué l'existence, dans des temps reculés et donc révolus, d'une humanité plus heureuse et plus juste ; plus près de nous, des générations de voyageurs et d'écrivains se sont plu à décrire des sociétés tout aussi étrangères aux institutions et aux mœurs des nations civilisées et tout aussi idéales, mais éloignées, elles, dans l'espace et non plus dans le temps, situées dans des pays imaginaires ou réels, mais de toute façon contemporaines et donc (au moins virtuellement) accessibles : ainsi a été propagé le mythe du bon sauvage, que l'on a pu analyser de la façon suivante : « Le sauvage est, à la fois, meilleur et plus heureux que l'homme civilisé [...]. Il doit cet état de supériorité à ce qu'il vit selon la Nature [...]. Vivre selon la Nature, c'est vivre dans un état social qui ignore la propriété privée et suppose l'égalité des conditions » (R. Gonnard). Bien qu'on en trouve des traces dans l'Antiquité (le bon barbare, en particulier le bon Scythe), le mythe s'est développé surtout à partir de la Renaissance, avec les grandes découvertes géographiques et les relations des voyageurs et des missionnaires qui ont peint sous un jour flatteur Brésiliens, Antillais, Canadiens et Patagons.[...]

 

« L'univers culturel, auquel un individu participe, constitue le milieu éducatif par excellence. Au cœur de cet univers, une force est à l'œuvre, imprégnant les mœurs, colorant les institutions, orientant la législation: c'est celle de l'idéal culturel, qu'on pourrait tout aussi bien nommer la préoccupation ultime ou l'idée formative de la civilisation (1). L'idéal culturel, en effet, indique les valeurs qu'une société reconnaît comme essentielles et définit, en quelques sortes, le type d'humanité que cette collectivité souhaite voir se réaliser. Précisément parce qu'il s'incarne dans les lois, les institutions et les mœurs et parce qu'il s'exprime par les écrivains, les penseurs et les hommes d'État, culturel façonne le caractère humain. En ce sens, c'est lui qui, avant tout, éduque: il est le principe éducatif d'une civilisation. Il fonde un type particulier d'éducation et il établit sur ses bases l'ensemble des valeurs éducatives. Ainsi, tout style d'éducation peut et doit être mis en rapport avec un type d'idéal culturel: telle est, du moins, notre hypothèse (2). Mise à l'épreuve, cette hypothèse nous conduit à poser et à définir trois types d'idéal culturel, chacun fondant un style particulier d'éducation. D'abord, l'idéal culturel de l'homme-masse, dont les sociétés primitives et féodales ne sont que pâles préfigurations en regard des régimes dictatoriaux contemporains: à ce type d'idéal collectiviste correspond normalement un style d'éducation autoritaire où les valeurs d'ordre, de discipline, de conformisme et d'intégration sociale sont primordiales. Ensuite, l'idéal culturel du bon sauvage, véhiculé de la Renaissance à la société de consommation contemporaine, traversant les courants du libéralisme et du romantisme: ce type d'idéal naturaliste et individualiste s'harmonise avec un style d'éducation libertaire, où les valeurs de spontanéité, de jeu, de créativité et de plaisir sont mises de l'avant. Enfin, l'idéal culturel de l'homo sapiens, qui va de la Grèce antique à l'éventuelle société postindustrielle, en passant par les Renaissances du XIIIe et du XVIe siècles: ce type d'idéal spiritualiste et cosmique fonde une éducation de l'autonomie, où la pédagogie du modèle, des signes, de l'idéalité et du dépassement de soi est à l'honneur.

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