Le mot "liaison" dans l'oeuvre de DESCARTES
Publié le 30/08/2006
Extrait du document
Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.
Nous disons, en quatrième lieu, que la liaison des choses simples entre elles est nécessaire ou contingente.
De même quand je dis, quatre et trois font sept, cette liaison est nécessaire, parce qu’on ne peut pas concevoir distinctement le nombre sept sans y renfermer d’une manière confuse le nombre quatre et le nombre trois.
La liaison est contingente quand les choses ne sont pas liées entre elles inséparablement, par exemple lorsque nous disons, le corps est animé, l’homme est habillé.
Mais il est en notre pouvoir d’éviter cette erreur, c’est de ne jamais faire de liaisons que celles que nous avons reconnues nécessaires :
LES METEORES, DISCOURS SIXIEME, DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRELE.
En même façon que sur terre quelquefois, lorsqu’il arrive tout-à-coup un vent ou une pluie qui refroidit l’air du dehors, il entre plus de chaleur qu’auparavant dans les liaisons.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.
Toutefois, de quelque façon qu’ils supposent que je sois parvenu à l’état et à l’être que je possède, soit qu’ils l’attribuent à quelque destin ou fatalité, soit qu’ils le réfèrent au hasard, soit qu’ils veuillent que ce soit par une continuelle suite et liaison des choses, ou enfin par quelqu’autre manière ;
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSES A LA PREMIERE PARTIE.
Je ne nie pas néanmoins que cette étroite liaison de l’esprit et du corps, que nous expérimentons tous les jours, ne soit cause que nous ne découvrons pas aisément, et sans une profonde méditation, la distinction réelle qui est entre l’un et l’autre.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA QUATRIEME MÉDITATION.
Pour ce qui regarde le fruit de ces Méditations, j’ai, ce me semble, assez averti dans la préface, laquelle je pense que vous avez lue, qu’il ne sera pas grand pour ceux qui, ne se mettant pas en peine de comprendre l’ordre et la liaison de mes raisons, tâcheront seulement de chercher à toutes rencontres des occasions de dispute.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA CINQUIEME MEDITATION.
D’autant qu’après avoir ici rapporté quelques-unes de mes paroles vous ajoutez que c’est tout ce que j’ai dit touchant la question proposée, je suis obligé d’avertir le lecteur que vous n’avez pas assez pris garde à la suite et liaison de ce que j’ai écrit ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 60.
Et quand Dieu même joindrait si étroitement un corps à une âme qu’il fût impossible de les unir davantage, et ferait un composé de ces deux substances ainsi unies, nous concevons aussi qu’elles demeureraient toutes deux réellement distinctes, nonobstant cette union, parce que, quelque liaison que Dieu ait mise entre elles, il n’a pu se défaire de la puissance qu’il avait de les séparer, ou bien de les conserver l’une sans l’autre, et que les choses que Dieu peut séparer ou conserver séparément les unes des autres sont réellement distinctes.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 18.
Nous avons presque tous été préoccupés de cette erreur dès le commencement de notre vie, parce que, voyant qu’il n’y a point de liaison nécessaire entre le vase et le corps qu’il contient, il nous a semblé que Dieu pourrait ôter tout le corps qui est contenu dans un vase, et conserver ce vase en son même état, sans qu’il fût besoin qu’aucun autre corps succédât en la place de celui qu’il aurait ôté.
Mais, afin que nous puissions maintenant corriger une si fausse opinion, nous remarquerons qu’il n’y a point de liaison nécessaire entre le vase et un tel corps qui le remplit, mais qu’elle est si absolument nécessaire entre la figure concave qu’a ce vase et l’étendue qui doit être comprise en cette concavité, qu’il n’y a pas plus de répugnance à concevoir une montagne sans vallée, qu’une telle concavité sans l’extension qu’elle contient, et cette extension sans quelque chose d’étendu, à cause que le néant, comme il a été déjà remarqué plusieurs fois, ne peut avoir d’extension.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 54.
et qu’au contraire, les parties des corps durs sont tellement jointes les unes aux autres, qu’elles ne peuvent être séparées sans une force qui rompe cette liaison qui est entre elles.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 42.
Or, y ayant ainsi plusieurs fentes dans le corps E, lesquelles s’augmentaient de plus en plus, elles sont enfin devenues si grandes qu’il n’a pu se soutenir plus longtemps par la liaison de ses parties, et que la voûte qu’il composait se crevant tout d’un coup, sa pesanteur l’a fait tomber en grandes pièces sur la superficie du corps C.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 48.
Et parce que j’ai assez curieusement fait voir dans les Météores comment toutes les propriétés qu’on peut remarquer dans le sel et dans l’eau douce suivent de cela seul qu’ils sont composés de telles parties, je n’ai pas besoin d’en dire autre chose, sinon qu’on y peut remarquer la suite et la liaison des choses que j’ai écrites, et comment de ce que la terre s’est formée en la façon que je viens d’expliquer, on peut conclure qu’il y a maintenant telle proportion entre la grosseur des parties de l’eau et celle des parties de l’air, et aussi entre ces mêmes parties et la force dont elles sont mues par la matière du second élément, que lorsque cette force est quelque peu moindre qu’à l’ordinaire cela suffit pour faire que les vapeurs qui se trouvent en l’air prennent la forme de l’eau, et que l’eau prenne celle de la glace ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 123.
en sorte qu’il n’y a point d’autre différence entre les cendres et la chaux sinon que les cendres sont ce qui reste des corps entièrement brûlés après que le feu en a séparé beaucoup de parties qui ont servi à l’entretenir et que la chaux est ce qui reste de ceux qu’il a pulvérisés, sans en pouvoir séparer que peu de parties qui servaient de liaison aux autres.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 172.
Car cela montre que la force de l’armure ne consiste en autre chose sinon en ce qu’elle touche le fer d’autre façon que ne peut faire l’aimant, à savoir, parce que cette armure est de fer, tous ses pores se rencontrent vis-à-vis du fer qu’elle soutient, et les parties cannelées qui passent de l’un en l’autre de ces fers chassent tout l’air qui est entre deux, faisant par ce moyen que leurs superficies se touchent immédiatement, et c’est en cette sorte d’attouchement que consiste la plus forte liaison qui puisse joindre deux corps l’un à l’autre, ainsi qu’il a été prouvé ci-dessus.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 179.
mais la limure ne se détachera point pour cela de l’aimant supérieur pendant qu’elle ne touchera point à l’autre, à cause de la liaison qu’elle acquiert par l’attouchement, ainsi qu’il a tantôt été dit.
Et à cause de cette même liaison, si la limure qui pend à un aimant fort puissant est touchée par un autre aimant beaucoup plus faible, ou seulement par quelque morceau de fer, il y aura toujours plusieurs de ses grains qui quitteront le plus fort aimant, et demeureront attachés au plus faible, ou bien au morceau de fer, lorsqu’on les retirera d’auprès de lui :
LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 107.
Et je déduis les raisons de tout ceci de ce qui a été dit ci-dessus, qu’il y a telle liaison entre notre âme et notre corps, que lorsque nous avons une fois joint quelque action corporelle avec quelque pensée, l’une des deux ne se présente point à nous par après que l’autre ne s’y présente aussi.
LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 136.
Au reste, afin de suppléer ici en peu de mots à tout ce qui pourrait y être ajouté touchant les divers effets ou les diverses causes des passions, je me contenterai de répéter le principe sur lequel tout ce que j’en ai écrit est appuyé, à savoir qu’il y a telle liaison entre notre âme et notre corps, que lorsque nous avons une fois joint quelque action corporelle avec quelque pensée, l’une des deux ne se présente point à nous par après que l’autre ne s’y présente aussi, et que ce ne sont pas toujours les mêmes actions qu’on joint aux mêmes pensées.
Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).
l’une est la crainte du vide, l’autre certaine colle ou liaison qui les tient, ce qu’il explique encore après par le vide ;
Il examine la colle, qu’il ajoute avec le vide pour la liaison des parties des corps, et il l’attribue à d’autres petits vides qui ne sont nullement imaginables.
Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 9 janvier 1639.
Tout de même, lorsqu’on le laisse froidir dans l’air, il y rentre des parties de cet air, qui, n’étant pas fort différentes de celles qui en sortent, font que ses pores ne se rétrécissent que peu à peu, et que ses parties retiennent cependant la liaison ou entrelacement qu’elles ont entre elles ;
mais en se resserrant et changeant fort vite de situation, elles perdent leur liaison, et se détachent les unes des autres, ce qui Ie rend cassant.
Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Juin 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mai 1646.).
et qu’il y a une telle liaison entre notre âme et notre corps, que les pensées qui ont accompagné quelques mouvements du corps, dès le commencement de notre vie, les accompagnent encore à présent, en sorte que, si les mêmes mouvements sont excités derechef dans le corps par quelque cause extérieure, ils excitent aussi en l’âme les mêmes pensées, et réciproquement, si nous avons les mêmes pensées, elles produisent les mêmes mouvements ;
Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.
car il y a une telle liaison entre l’une et l’autre, que, lorsque l’âme juge qu’un objet est digne d’elle, cela dispose incontinent le coeur aux mouvements qui excitent la passion d’amour, et lorsque le coeur se trouve ainsi disposé par d’autres causes, cela fait que l’âme imagine des qualités aimables en des objets, où elle ne verrait que des défauts en un autre temps.
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LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art.
18.
Nous avons presque tous été préoccupés de cette erreur dès le commencement de notre vie, parce que, voyant qu'il n'y a pointde liaison nécessaire entre le vase et le corps qu'il contient, il nous a semblé que Dieu pourrait ôter tout le corps qui est contenudans un vase, et conserver ce vase en son même état, sans qu'il fût besoin qu'aucun autre corps succédât en la place de celui qu'ilaurait ôté.
Mais, afin que nous puissions maintenant corriger une si fausse opinion, nous remarquerons qu'il n'y a point de liaison nécessaireentre le vase et un tel corps qui le remplit, mais qu'elle est si absolument nécessaire entre la figure concave qu'a ce vase etl'étendue qui doit être comprise en cette concavité, qu'il n'y a pas plus de répugnance à concevoir une montagne sans vallée,qu'une telle concavité sans l'extension qu'elle contient, et cette extension sans quelque chose d'étendu, à cause que le néant,comme il a été déjà remarqué plusieurs fois, ne peut avoir d'extension.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art.
54.
et qu'au contraire, les parties des corps durs sont tellement jointes les unes aux autres, qu'elles ne peuvent être séparées sans uneforce qui rompe cette liaison qui est entre elles.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.
42.
Or, y ayant ainsi plusieurs fentes dans le corps E, lesquelles s'augmentaient de plus en plus, elles sont enfin devenues si grandesqu'il n'a pu se soutenir plus longtemps par la liaison de ses parties, et que la voûte qu'il composait se crevant tout d'un coup, sapesanteur l'a fait tomber en grandes pièces sur la superficie du corps C.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.
48.
Et parce que j'ai assez curieusement fait voir dans les Météores comment toutes les propriétés qu'on peut remarquer dans le selet dans l'eau douce suivent de cela seul qu'ils sont composés de telles parties, je n'ai pas besoin d'en dire autre chose, sinon qu'ony peut remarquer la suite et la liaison des choses que j'ai écrites, et comment de ce que la terre s'est formée en la façon que jeviens d'expliquer, on peut conclure qu'il y a maintenant telle proportion entre la grosseur des parties de l'eau et celle des partiesde l'air, et aussi entre ces mêmes parties et la force dont elles sont mues par la matière du second élément, que lorsque cetteforce est quelque peu moindre qu'à l'ordinaire cela suffit pour faire que les vapeurs qui se trouvent en l'air prennent la forme del'eau, et que l'eau prenne celle de la glace ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.
123.
en sorte qu'il n'y a point d'autre différence entre les cendres et la chaux sinon que les cendres sont ce qui reste des corpsentièrement brûlés après que le feu en a séparé beaucoup de parties qui ont servi à l'entretenir et que la chaux est ce qui reste deceux qu'il a pulvérisés, sans en pouvoir séparer que peu de parties qui servaient de liaison aux autres.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.
172.
Car cela montre que la force de l'armure ne consiste en autre chose sinon en ce qu'elle touche le fer d'autre façon que ne peutfaire l'aimant, à savoir, parce que cette armure est de fer, tous ses pores se rencontrent vis-à-vis du fer qu'elle soutient, et lesparties cannelées qui passent de l'un en l'autre de ces fers chassent tout l'air qui est entre deux, faisant par ce moyen que leurssuperficies se touchent immédiatement, et c'est en cette sorte d'attouchement que consiste la plus forte liaison qui puisse joindredeux corps l'un à l'autre, ainsi qu'il a été prouvé ci-dessus.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.
179.
mais la limure ne se détachera point pour cela de l'aimant supérieur pendant qu'elle ne touchera point à l'autre, à cause de laliaison qu'elle acquiert par l'attouchement, ainsi qu'il a tantôt été dit.
Et à cause de cette même liaison, si la limure qui pend à un aimant fort puissant est touchée par un autre aimant beaucoup plusfaible, ou seulement par quelque morceau de fer, il y aura toujours plusieurs de ses grains qui quitteront le plus fort aimant, etdemeureront attachés au plus faible, ou bien au morceau de fer, lorsqu'on les retirera d'auprès de lui :
LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 107..
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