Le mariage de figaro Acte 1 scene 10
Publié le 03/04/2011
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INTRODUCTION :
Le Comte vient de faire des avances à Suzanne. Il veut un rendez-vous. Basile, le maître de musique, les dérange et le Comte se cache derrière un fauteuil où se trouve déjà Chérubin…il le découvre… mais la colère est désamorcée par les jeux de scène comiques. Le Comte apparaît au spectateur conforme à l'image qui en a été donnée : un séducteur libertin et entreprenant qui délaisse son épouse. C'est alors que Figaro investit la scène d'une foule de vassaux pour réclamer devant tous qu'il renonce solennellement au droit du Seigneur. L'habileté de Figaro, qui prend au piège le Comte, est remarquable, même si les sous entendus et les apartés montrent qu'aucun des personnages n'est dupe : chacun porte un masque (théâtre dans le théâtre) et le Comte est contraint de se laisser enfermer dans un rôle qui n'est pas le sien mais qu'il se doit d'assumer devant les autres. PARTIE 1 : LES ARMES UTILISEES PAR FIGARO :
Figaro est un simple valet qui ne peut pas lutter à armes égales contre le Comte. Il organise alors une vaste mise en scène pour piéger son maître et pour le forcer à renoncer publiquement à Suzanne. Il met en scène car il règle le rôle de la foule, de plus il règle les paroles que le Comte doit prononcer (mise en abîme). Cette scène nous montre que Figaro connaît très bien les failles de son maître, un personnage abusif, autoritaire, libertin, qui veut donner de lui l'image d'un homme juste et honnête devant ses sujets. Toute l'habilité de Figaro va consister à l'obliger de se conformer à l'image publique qu'il veut donner de lui.
A) L'usage de la flatterie : Les personnages vont renchérir le portrait que le Comte aime donner de lui pour le forcer à se déclarer vaincu. On note un champ lexical de l'honnête homme (l'homme idéal dans la société). Figaro évoque sa sagesse, sa vertu (figure d'insistance : \"si\" (adverbe intensif) + \"bon\" (adjectif appréciatif) + \"éclate\" (hyperbole) ± exagération de la pureté de ses intentions). Suzanne vante hypocritement \"sa vertu\" (il vient d'essayer de la séduire dans la scène 9). La Comtesse évoque sa fidélité et \"l'amour charmant\" qu'il avait pour elle (elle laisse voir son désenchantement en utilisant le passé du Comte rattrape en utilisant le présent). Conclusion : Les conspirateurs donnent de lui l'image d'un maître idéal, image qu'il veut donner devant ses vassaux (importance de la foule dans la scène). Mais ce portrait est en fait un contre-portrait par la négative le Comte est présenté comme menteur, volage, tyrannique. Pour arriver à ses fins Figaro utilise un autre procédé. B) L'emploi des symboles : 2 symboles sont maniés par Figaro : la foule, la toque La foule-symbole : sa présence exerce une expression sociale, politique même sue le Comte. Foule menée par Figaro : il s'adresse à elle (\"joignez-vous à moi mes amis\") et se présente comme un meneur d'homme (impératif + adresse : \"mes amis\"). De plus il coupe même la parole à son maître, juste avant sa réplique à la foule. Les interventions de la foule sont collectives (didascalie : \"tous ensemble\") cependant elle est manipulée par Figaro, elle croît rendre hommage au Comte (\"vivat\") alors qu'elle aide Figaro (la foule est la seule sincère). La toque-virginale : évoquée dans la réplique 5 de Figaro. Le blanc connote la pureté et la virginité. Figaro tend au Comte pour le faire renoncer à toute prétention sur ses servants et, la didascalie \"tenant Suzanne par la main\" geste symbolique montré par le valet : Suzanne lui appartient. Conclusion : Dans cette scène toutes les paroles sont vaines et relèvent de la comédie sociale. L'ironie est omniprésente, l'éloge du compte n'est finalement que constitué que d'antiphrase ironique. PARTIE 2 : UN PERSONNAGE PRISONNIER DE SES MASQUES :
Le Comte a beau être furieux, il est impuissant. Il semble accepter sa défaite ce que connote le verbe \"se rendre\" qui renvoi à l'idée de capitulation. Il est contraint de jouer la comédie dans la comédie. A) La comédie du despote éclaire (un maître qui emploi la force pour la volonté générale) : Il se prête si bien au jeu qu'il va jouer la fausse modestie (rep.3) même s'il ne pense pas ce qu'il dit (didascalie \"embarrassée\"). Il se met en valeur à travers l'antithèse \"Vandale…, noble Castillan\". Il fait aussi preuve de fausse modestie en disant \"un espagnol\" pour lui. Cette généralisation et même indétermination permet au Comte de se cacher : c'est un énalage c'est à dire de ne pas dire qu'il s'occupe de séduire d'autres femmes. B) La comédie du Chevalier Galant : Le Comte veut se donner de lui l'image d'un noble galant, chevaleresque et donc pas ni d'un vil séducteur ni d'un libertin. Pour cela il se présente comme un homme certes aimant les Femmes et les plaisirs mais surtout comme un mari respectueux et fidèle. Il affirme par exemple qu'il est légitime de \"conquérir la beauté par des soins\" c'est à dire par des moyens honnêtes et raffinés (charme, esprit, finesse, intelligence : faire la cour). Parallèlement il enferme cette image galante dans le cadre strict du mariage à travers sa déclaration d'amour qu'il fait publiquement à la Comtesse. Il fait preuve d'hypocrisie. C) Conclusion : la fausse défaite du Comte : Dans un dernier sursaut, le Comte reprend l'initiative et élabore un plan (\"faisons vite chercher Marceline\"). De plus, le Comte n'est jamais dupe de ce qu'il se passe. Par exemple la formule \"Tu te moques ! Ami\" (réplique 3) est une formule polysénique (double sens), le Comte indique à Figaro qu'il comprend sa mauvaise foi. Les apartés qui constituent la moitié des répliques du Comte. Elles sont un moyen dramatique d'insister sur le contraste entre ce que dit le personnage et ce qu'il pense vraiment. Ces répliques sont inaudibles pour les autres personnages, elles dévoilent seulement la lucidité du Comte aux spectateurs. BILAN :
RQ1 : Dans cette scène Beaumarchais fait le procès de la noblesse à travers la duplicité du Comte : derrière le mythe chevaleresque de l'aristocratie se cache ici la réalité tyrannique et mensongère. RQ2 : Beaumarchais suggère l'idée que le peuple peut faire céder le pouvoir féodal. RQ3 : Beaumarchais fait une satire de la flatterie courtisane : un valet utilise une arme de l'aristocratie pour combattre l'aristocratie qui est prise au piège.
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