le lys dans la vallée
Publié le 12/06/2014
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Commentaire du Professeur Introduction Premier Axe : Une mort romanesque : 1)L'agonie exemplaire : obéissance à un modèle chrétien pardon collectif dernières volontés : Félix et enfants rôle social de cette mort : réunion, spectacle 2)Apaisement divin : disparition des souffrances aspect idéalisé de cette mort : description du cadavre description d'Henriette : sainte, martyre mort sereine rôle du rossignol Deuxième Axe : Une séparation sous le signe de l'ambiguïté : 1)Statu ambigu des amants : dernier regard pour Félix, dernières paroles entre Félix et le Comte Henriette : censurée expression du devoir accompli 2)La marginalité de Félix : narration : Félix est spectateur, il n'agit plus mort publique le Comte la couche Félix n'est pas seul lors de la veillée Narrateur « objectif », sans sentiments 3)Communion mortuaire entre romantisme et réalisme : a.Romantisme : pensées de Félix sur Henriette retour du « je » beauté du cadavre bonheur de la voir morte b.Réalisme : prêtres et Comte endormis regard caricatural sur la religion Conclusion Commentaire du Professeur Introduction Premier Axe : Une mort romanesque : 1)L'agonie exemplaire : Ce texte présente une mort romanesque traduite par l'expression d'une agonie exemplaire et d'un apaisement divin. Ainsi, on assiste à la mort exemplaire de l'héroïne Henriette. On note donc que la dimension religieuse est très importante : trois curés et deux abbés veillent au bon déroulement de la mort, organisent un rituel mortuaire qui a des allures de spectacle, et empêchant toute modification de ce dernier. On remarque également que le rituel chrétien est parfaitement respecté : prières collectives, extrême onction, viatique, dernier regard, mort publique (« aux yeux de tous ») et spectaculaire (« concert »). Cependant, le mari, les enfants, l'amant et les domestiques sont présents : c'est un groupe en conflit, hétéroclite (le mari s'oppose à l'amant et aux domestiques ; l'amant aux enfants : il y a une menace qui pèse sur les enfants et les domestiques). Mais « nous », « nos » indiquent que la mort d'Henriette permet de rassembler tout le monde. On remarque aussi qu'Henriette exprime ses dernières volontés avant de mourir. Ainsi, l'expression « elle me montra [?] survinrent » indique que ses derniers souhaits sont sous-entendus par le jeu des regards : elle demande à Félix de s'occuper de ses enfants car le père est incapable. Cela est renforcée par la lettre laissée à Félix et par le champ lexical de la famille : « enfants », «tuteur », « femme ». Elle exprime également des souhaits pour ses domestiques : « elle les recommanda » indique qu'elle ne veut pas que ses valets soient renvoyés ; elle est généreuse et bienveillante. Le terme « individuellement » suggère que chaque individu est important. Enfin, on assiste à une scène de pardon : tout le deuxième paragraphe est consacré à la demande de pardon d'Henriette à Félix (« Félix, me dit-elle [?] plaisir ! ». Puis, l'expression « à ce geste ? survinrent » suggère qu'on ouvre la chambre pour que tout le monde la voit. Cette scène de pardon est différente de la première : « ces gens » induit un pardon public. Ainsi, on assiste à une agonie exemplaire de part l'obéissance à un modèle chrétien, le pardon collectif, les dernières volontés et le rôle social de cette mort. 2)Un apaisement divin : Henriette vit également cette mort comme un apaisement divin. Ainsi, cette mort est vécue comme une libération pour Henriette : elle a la volonté de bien régler les choses avant de partir (dernières volontés). Le calme d'Henriette pendant la mort s'oppose à la scène précédent d'hystérie. Ainsi, l'expression « touchante effusion du c?ur » montre sa bonté, ce qui touche le lecteur. On note également des marques de faiblesse : « pâleur », « une faiblesse survint ». L'expression « un nuage se répandit », métaphore de la mort suggère poétiquement l'arrivée divine. « sa respiration s'embarrassa » indique que cette mort se fait en douceur. Ainsi, il y a une atténuation de la mort choquante (mais Henriette a pris de la morphine avant). On remarque aussi que la description de son cadavre traduit cet apaisement : la libération est évoquée, « calme » est un euphémisme. On note également que le terme « souffrance » est répété plusieurs fois ; « tant » indique l'intensité. Ainsi, la mort délivre Henriette de ses souffrances. Cela est renforcé par la description du corps par Félix : « calme », « immobilité », « repos absolu ». On note aussi que Henriette est décrite comme un ange, une sainte par Félix : « expression pure », « majesté ». Henriette a aussi une figure de martyre de part les souffrances qu'elle a endurées. La mort du martyr s'inscrit dans un contexte idéologique religieux : « beauté », « majesté » ; le terme « despotisme » indique qu'elle impose ses volontés à Félix (la fin de cet amour). Enfin, le couple de « rossignols » est le symbole de l'amour éternel : ils appartiennent à la nature, il y a une harmonie entre Henriette et la nature ; la vallée s'organise autour d'Henriette ; la vallée lui rend un dernier hommage. L'expression « chant alternatif » suggère de manière idéalisée que le ciel vient la prendre. Ainsi, on assiste à un apaisement divin : le ciel libère de ses souffrances, Henriette a une figure divine. Par conséquent, on remarque que cette mort est romanesque de part le modèle exemplaire suivi par la mort et la dimension de soulagement attribué à cette dernière. Deuxième Axe : Une séparation sous le signe de l'ambiguïté : La mort d'Henriette est également ambiguë de part la position de Félix par rapport à Henriette dans le texte et de part la communion mortuaire entre romantisme et réalisme. 1)Le statu ambigu des amants : Ainsi, Félix et Henriette ont un statu ambigu. On remarque que les derniers mots au style direct d'Henriette sont pour Félix. Puis elle transmet une mission à Félix par l'intermédiaire du discours indirect : « muettes supplications » suggère qu'elle lui confie ses enfants. Enfin, Félix reçoit le « dernier regard » et elle meurt devant tout le monde. Félix reçoit cela « dans [son] âme comme un feu sacré ». L'expression « feu sacré » indique que c'est un défi pour Félix, c'est une mission divine à laquelle il ne peut échapper. On remarqué également qu'elle est empêchée de parler par l'abbé qui lui met « un doigt sur ses lèvres ». Les sentiments qu'elle éprouve sont censurés par l'abbé. Cependant, elle n'a aucune réaction face à l'intervention de l'abbé. Enfin, on note l'expression du devoir accompli de la mère et de la femme : elle est vertueuse. Ainsi, on remarque que Félix et Henriette ont un statu ambigu car elle aime Félix mais ne peut l'exprimer. 2)La marginalité de Félix : On remarque aussi que Félix semble marginal dans le texte : il n'agit pas et n'est pas souvent seul avec Henriette. Ainsi, dès le début, Félix est au second plan. La première phrase « le comte vit pâlir sa femme » déclenche l'action du mari : cette phrase indique que la mort approche. La phrase « il la prit et la porta lui-même sur le lit » suggère que l'amour est exclu derrière le mari qui porte sa femme. L'étude de l'énonciation révèle également cette position de Félix dans le texte. C'est un récit à la première personne (« je ») car Félix est le narrateur de la lettre : il aime Henriette mourante. Le récit se focalise donc sur Henriette : le pronom personnel « elle » est majoritaire. Cependant, « nous » est très présent : il désigne le Comte, Félix et l'abbé ; Félix et Henriette ; toutes les personnes présentes. Ainsi, Félix ne fait rien : il est témoin. « nous » regroupant toutes les personnes présentes indique que Félix a le même statu que les autres : il est relégué au second plan. Cette séparation publique, collective exclut toute expression de sentiments (sauf un regard ambigu, car peut-être mal interprété par Félix). Même pendant la veillée, Félix est avec le mari : « nous » représente les deux rivaux. « je » indique qu'il est seul dans son esprit : la veillée lui permet l'isolement des pensées, on assiste au déroulement de ses pensées. Cependant, il n'expose pas publiquement ses pensées car le Comte et les abbés sont présents. Ainsi, l'amant a une position marginale car il est relégué au second plan. 3)La communion mortuaire entre le romantisme et le réalisme : On remarque également que le romantisme et le réalisme sont présents à travers la mort d'Henriette. Le romantisme est tout d'abord présent dans le regard que Félix porte sur le cadavre : « je l'aimais morte autant que je l'aimais vivante ». La répétition de « je l'aimais » insiste sur l'équivalence, « autant » induit une comparaison et on note une opposition entre « morte » et « vivante ». Félix est « fasciné » par cette expérience : « yeux attachés », la ponctuation (phrases interrogatives et exclamatives), sa méditation le suggèrent. L'expression « l'avenir y commence » implique que Félix va fixer dans son esprit une image de piété : il la garde comme un modèle de l'amour absolu. L'expression « la blancheur ? affections » suggère qu'il est encore capable de voir les intentions d'Henriette, il arrive à imaginer, faire vivre le ménage. Enfin, « je pus ? exprimer » indique que la mort permet à Félix de faire ce qu'il n'a pu réaliser pendant la vie d'Henriette. Le terme « alors » implique que cela était attendu. Ainsi, Félix ne pleure pas, il en profite car il ne rêve pas d'amour charnel mais idéal : il atteint ici le paroxysme de cet amour. Félix n'a jamais vu l'aspect humain d'Henriette, il n'a pas voulu saisir les opportunités de son vivant pour ne pas entacher son image de vertu et de pureté. Enfin, le réalisme est également présent, à travers la phrase « au matin ? veillent ». Cela suggère que le Comte et les trois prêtres l'abandonnent. Cette anecdote ironique de type réaliste apporte une nuance négative à ce tableau idyllique. Cela nous ramène à la réalité, et introduit l'action suivante, le baiser de Félix : elle a donc une fonction dramatique. Ainsi, le romantisme et le réalisme se mélangent dans le texte qui, ajouté à l'ambiguïté du statut des amants et à la marginalité de Félix, rend cette séparation ambiguë. Conclusion Par conséquent, la situation est moins romantique que dans Atala de Chateaubriand. On observe un romantisme teinté de réalisme qui pose quelques problèmes d'interprétation. On note plusieurs degrés de mort exemplaire et de romanesque avec les clichés de la religion, de l'apaisement, de la femme divinisée. On remarque aussi que cette mort est fantasmée par le narrateur, fantasme auquel l'auteur prend de la distance : l'abbé est un censeur, le prêtre et le Comte sont endormis. Il y a donc un cadre hypocrite et médical. Enfin, ce texte est caractéristique de Balzac, à cheval entre romantisme et réalisme et souvent capable d'un regard ironique sur la société.
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