« Le loup et l'agneau », Fables, La Fontaine
Publié le 02/08/2010
Extrait du document
«
les allitérations en R présente des v.
7 à 10.Dans les vers 7 et 9, le loup n'explicite pas le rapport logique entre la cause « troubler mon breuvage » et laconséquence « Tu seras châtié ».
L'absence de lien est le signe d'une déficience que le loup ne parvient pas àmasquer et dont il a certainement conscience.
Il sait que son argument n'est pas recevable.Le Loup, voyant qu'il est pris en défaut par l'argumentation rigoureuse de l'Agneau impose ses arguments par laforce.
Ses accusations ne sont qu'une succession d'affirmations sans preuves et sans liens entre elles : « tu latroubles » v.
18 « tu médis » v.
19 « c'est donc ton frère » v.
22.Dans sa dernière réplique, le Loup manifeste sa mauvaise foi.
Il se pose en victime d'une sorte de conspirationuniverselle et il généralise le cas de l'Agneau à toute l'espèce : « c'est donc quelqu'un des tiens » et même à celledes bergers et des chiens.
Il pratique l'amalgame ce qui discrédite son argument.
Notons néanmoins, des v.
22 à 24la multiplication des liens logiques, « donc » » et « car » (2 fois) Mais ces connecteurs logiques de conséquence etde cause permettent de faire un lien entre deux idées …sans lien.Tout est permis au plus fort qui finit même par en appeler à un témoin imaginaire « on me l'a dit » v.
26 pourlégitimer sa vengeance.
Le loup, de surcroît, est lâche et n'assume pas sa décision.
B/ Une violence morale
Le dialogue, expression normalement privilégiée du débat, n'a donc eu aucun effet au cours d'un faux procès dontl'issue était décidée à l'avance.
Si, traditionnellement, l'argumentation est une occasion de triompher de la violencepour régler verbalement les conflits, ici elle échoue.Le loup pourrait faire l'économie d'un dialogue avec l'agneau et le tuer tout de suite.
Pourquoi agit-il ainsi ?Ce n'est pas par souci des apparences, il s'en moque, mais il veut que l'agneau lui donne raison.
Il ne veut pas secontenter de perpétrer un acte de violence, il veut que sa victime la légitime, admette que son acte est fondé endroit.
Le Loup ne se contente pas de d'exercer une violence physique, il exerce une violence sur la conscience del'Agneau, mais sur ce point l'Agneau l'emporte.
Certes, le loup le dévorera, mais il n'aura jamais légitimé l'action dece dernier.
La victoire du loup n'est qu'apparente.
III : Une victoire qui n'est qu'apparente.
L'argumentation de l'Agneau est à l'opposé de celle du Loup.
En nombre de répliques elle est à peu près équivalente,mais son contenu est bien plus solide.
L'Agneau essaie de répondre à trois reprises aux menaces du Loup.
A/ Des répliques solidement construites
Au départ, l'Agneau convaincu qu'il peut sauver sa peau en dialoguant va construire une vraie plaidoirie.
Sansagressivité, avec une politesse respectueuse, il s'adresse au Loup à la 3° personne et reconnaît sa toute puissance(Apostrophes : « Sire », «Votre Majesté »).Puis, à partir du vers 14, il fait naïvement appel à l'objectivité du loup pour qu'il reconnaisse que son accusationn'est pas fondée.
Il énumère donc tous les éléments à décharge (« dans le courant », « plus de vingt pas au-dessous ») et en tire les conclusions en redoublant le lien de conséquence (« et que par conséquent, en aucunefaçon »).
Ses dernières paroles (« troubler sa boisson ») font écho à l'accusation du loup (« troubler monbreuvage ») et il pense avoir clairement démontré son innocence.
Sa deuxième réplique est beaucoup plus courte, deux vers seulement.
Peut-être sent-il déjà l'inutilité de sarésistance verbale.
Il use d'une seule question rhétorique qui est ironique et dépourvue de formule de politesse.
Eneffet, il remet plus nettement le loup devant les faits : « je n'étais pas né ».
Cette impossibilité matérielle est unalibi imparable.
Et en rappelant son extrême jeunesse « je tête encore ma mère », il met en avant, implicitement sacomplète incapacité de nuire.
Cette image pathétique cherche sans doute à attendrir son adversaire.
Sa dernière réplique, sous la forme de quatre monosyllabes, est à peine esquissée.
L'agneau ne cherche plus àconstruire son plaidoyer.
Mais il rétablit néanmoins les faits (« je n'en ai point »).
Il ne concède rien au loup…quinéanmoins lui est physiquement supérieur comme le montre le v.
23 : quatre syllabes pour l'Agneau et six pour leLoup.
La menace du loup apparaît nettement.
Il écrase l'agneau de sa toute puissance physique.
B/ La victoire du vaincu
On comprend finalement que la formule initiale est ironique puisqu'il n'y avait pas de raison valable de châtierl'Agneau et qu'aucun procès équitable n'a eu lieu (v.
29).
Le raisonnement du plus fort finit par l'emporter mais grâceà la supériorité physique et non à la force du raisonnement.
La rapidité des trois derniers vers contraste avec le longdialogue qui précède et semble souligner son inutilité, puisqu'en trois vers l'Agneau est dévoré.La Fontaine semble vouloir stigmatiser le pouvoir des grands et des puissants qui abusent de leur force sociale etfinancière pour écraser les plus fragiles qu'eux.« La raison du plus fort est toujours la meilleure » n'est donc, pour une fois, ni un conseil ni une mise en garde, lamorale se montre impuissante face à une situation d'injustice.
Ici la fable montre que les mots ne peuvent tout.
Maisnéanmoins l'Agneau rétablit toujours son bon droit et reste verbalement, psychologiquement le plus fort.
La victoiredu Loup n'est qu'apparente.
Conclusion :.
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