Le langage est-il un "phénomène total" ?

Saussure - dans son Cours de linguistique générale - définit le langage comme un "phénomène total" au sein duquel existent la langue et la parole. La parole est un acte individuel, par lequel on réalise la faculté de langage, au moyen de la langue. Celle-ci ne se confond pas avec le langage ; elle est un produit social de la faculté de langage, un ensemble de conventions propres à un corps social donné (par exemple : la langue française, la langue allemande, etc.). La question de savoir si les signes linguistiques sont naturels ou conventionnels s'est posée très tôt, on la trouve dans le dialogue entre Hermogène et Cratyle chez Platon. La réflexion sur le langage a couru tout au long de l'histoire de la philosophie, mais c'est avec la fondation de la linguistique par F. de Saussure, qu'elle a atteint toute la rigueur et la formalisation nécessaire pour en faire une science. Pour Hegel la pensée est langage et le langage est pensée. Bergson au contraire considère que le langage, utile dans les rapports pratiques de la vie, est incapable de traduire correctement la réalité et la pensée. Il ne fait que refléter l'usage matériel et pratique du monde, et se trouve impuissant à exprimer nos intuitions spirituelles. Il n'en demeure pas moins difficile de concevoir ce que pourrait être une pensée sans langage. Spécifiquement humain, le langage est le seul instrument qui ne vise pas simplement la communication d'ordres et d'impératifs, mais qui, sans cesse travaillé par les écrivains et les philosophes, vise à restituer au plus près la vérité du monde intérieur et extérieur.