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Le Lac (1820) - Alphonse de Lamartine

Publié le 12/09/2006

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lamartine

Né en 1790 à Mâcon (Saône-et-Loire), Alphonse de Lamartine est le fils de Pierre de Lamartine et d’Alix des Roys, famille de petite noblesse. Atteint d’une maladie chronique, il passe le mois d’octobre 1818 à Aix-les-Bains, en convalescence, où il rencontre Julie Charles, qu’il nomme Elvire dans ses poèmes, une femme mariée atteinte de la tuberculose. Les deux jeunes gens se plaisent à flâner ensemble au bord du lac du Bourget. L’été suivant, Julie, au seuil de la mort, ne peut retrouver le poète au rendez-vous prévu. Lamartine, désespéré, écrit plusieurs poèmes, pour évoquer son souvenir, dont Le Lac. Ce poème est la dixième méditation issue du recueil Les Méditations poétiques, qui connût un fort succès dès sa parution en 1820. Il évoque la tragédie du temps et de la mort, qui efface le souvenir de l’homme. Mais il est aussi question du rôle de la nature, qui, bien qu’indifférente, pourra garder ce souvenir. Nous analyserons dans une première partie le décor retenu par le poète, puis dans une seconde partie nous aborderons le thème du temps et de la mort. Enfin dans une troisième partie nous expliquerons, comment la poésie inscrit le souvenir dans la nature. Dans ce poème, Lamartine emprunte à la Ve Promenade et à La Nouvelle Héloïse de Rousseau le décor du lac et le thème de l’eau, pour illustrer le temps qui passe. Ces trois textes font appel aux mêmes éléments naturels : le lac, l’eau, les montagnes, face auxquels le poète éprouve une sensation d’isolement et qui le confrontent à la notion d’éternité. D’une part la montagne est le symbole d’un univers dangereux et sauvage que l’homme a beaucoup de mal à maîtriser et sur lequel il n’arrive pas à imposer sa domination. Par exemple « rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! « (v.49) nous interpelle sur l’hostilité des lieux. D’autre part, de manière classique dans le romantisme, Lamartine utilise le thème du lac, propice à la réflexion métaphysique qui porte ici sur le temps qui passe. En outre, ce décor va inspirer chez lui toute une nostalgie sur son amour perdu, qui lui rappelle la solitude comme condition intrinsèque de l’homme. Le poète présente également une image paradoxale (v.9-10-11) du lac, en le décrivant comme un élément agité, reflet de son âme tourmentée. Dès les strophes II et III, le poète exprime son malheur. Ainsi le lac est le lieu du rendez-vous manqué : « O lac, l’année à peine a fini sa carrière / Et, près des flots chéris qu’elle devait revoir « (v.5-6). Julie n’est pas revenue, elle est morte et bien qu’une année soit passée, la douleur du poète est toujours aussi présente. C’est donc sur le lieu de son bonheur passé, que le poète revient : « Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre « (v.7). Le « seul «, placé à la coupe de l’hémistiche, insiste sur la douleur de cette absence. De plus, le poète passe du présent au passé simple, pour évoquer Julie : « Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre / Où tu la vis s’asseoir ! « (v.7-8). Ce passage brutal au passé simple insiste sur le fait que cette période est révolue, séparée à jamais du présent. D’autre part, l’anaphore des « Ainsi « (v.9-10-11) met l’accent sur le fait que la nature, le lac sont intemporels, contrairement à l’homme, qui meurt, ce qui accentue ce sentiment de finitude. Cette idée est renforcée par l’utilisation de l’imparfait, qui exprime une notion de répétition. Par ailleurs, le poète emploie un article démonstratif pour qualifier la « pierre « (v.7), qui est restée la même depuis la mort de Julie. Un an a passé, rien n’a changé dans l’espace, et pourtant, toute la vie du poète a été bouleversée. Comme Rousseau dans la Nouvelle Héloïse, Lamartine mentionne une promenade sur le lac du Bourget dans la strophe III. Dans cette strophe, le but du poète est de musicaliser le lac par des procédés poétiques, qui permettront au lecteur d’entendre les bruits de cet environnement. D’une part, les fricatives (v.13-14) reproduisent le bruit du vent et les occlusives celui de l’eau. Cet effet sonore a pour but de transporter le lecteur dans la barque « sur l’onde et sous les cieux «, où l’onde représente le lac et les cieux le vent. L’effet est accentué par le tétramètre du vers 15 : « Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence «, le rythme régulier de ce tétramètre imite le bruit des rameurs sur le lac. C’est ainsi que le lecteur est entraîné dans la promenade de Julie et de Lamartine. Le dernier vers de cette strophe « Tes flots harmonieux « souligne l’atmosphère sereine et la quiétude du lieu, révélée par la diérèse. Ainsi le lac est musicalisé grâce à la poésie, ce qui permettra à la nature de s’exprimer. Le « temps destructeur « est le thème central du poème, car il a entraîné Julie dans la mort. Ainsi le poète insiste beaucoup sur le temps qui file, sans que nos émotions, nos peines et nos joies n’aient la moindre prise sur ce temps qui s’écoule inexorablement : dans la strophe I, la métaphore du temps qui coule : « toujours poussés vers de nouveaux rivages / (…) emportés sans retour / (…) sur l’océan des âges «, illustre le désir du poète d’arrêter le temps, qui sera repris par l’expression « jeter l’ancre un seul jour «. Ainsi, dès les premiers vers, le lecteur peut s’identifier au poète. En effet, qui n’a jamais rêvé d’arrêter le temps ou de pouvoir l’étirer à sa guise ? Par ailleurs, les mots antithétiques « poussés « et « emportés « (v.1-2) présentent l’homme continuellement écartelé entre le passé et le futur et ne pouvant jamais profiter du présent. Cette idée est reprise dans la prosopopée d’Elvire (str. VI-VII-VIII), cette dernière implore le temps de « suspendre son vol « et les heures « de suspendre leur cours «. On retrouve, dans ces strophes, la métaphore du temps qui coule et du voyage sur l’eau : « et vous, heures propices, / Suspendez votre cours ! / Laissez-nous savourer les rapides délices « (v.21-22-23), « Coulez, coulez pour eux « (v.26), « L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive, / Il coule, et nous passons ! « (v.34-35). Dans cette prosopopée, le rythme des strophes est changé, car celles-ci sont désormais constituées de deux alexandrins et de deux hexasyllabes, ce qui crée un effet d’accélération, comme si Elvire était poursuivie par le temps. Par ailleurs, l’aurore qui se lève lui rappelle le caractère utopique de son désir de suspendre le temps. Aussi, l’impératif en anaphore « Aimons « auquel on associe « Hâtons-nous, jouissons ! « peut sonner comme le Carpe Diem d’Horace, qui invite à profiter de l’instant présent. Ainsi dans la strophe IX, le rythme est accéléré par les impératifs : « Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive, / Hâtons-nous, jouissons ! « (v.33-34), comme si Elvire voulait profiter du temps et du bonheur présents avant que le jour ne rattrape la nuit. Les vers 35 et 36 « L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive, / Il coule, et nous passons ! « sonnent tragique et illustrent la défaite contre le temps qui ne s’est pas arrêté. Ces deux vers, qui closent cette prosopopée, représentent le fatalisme face au temps qui, insensible, l’a détruite peu à peu. On pourrait donc interpréter ces vers comme les dernières paroles qu’Elvire aurait prononcées. Le lyrisme, le genre le plus utilisé dans le romantisme, est omniprésent dans le poème : des questions caractéristiques du lyrisme telles que « qui suis-je ? «, « Qu’est ce que je fais dans ce monde ? «, « Pourquoi la vie est difficile ? « sont abordées dans ce texte notamment dans les strophes X, XI et XII. C’est pourquoi ces strophes sont composées de phrases interrogatives, ce qui reflète l’état d’esprit du poète. De plus, le but du poète est de vaincre le temps qui efface le souvenir des hommes : « Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ? / Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ? « (v.41-42). A la fin du poème (str. XIII, XIV, XV et XVI), sept phrases exclamatives se suivent, traduisant l’indignation du poète devant cette nature et ce temps qui détruisent les hommes. « Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse / (…) S’envolent loin de nous de la même vitesse / Que les jours de malheurs ? « (v.37 à 40) évoquent l’angoisse et l’incrédulité devant le temps, qui efface le souvenir, mais aussi l’indignation contre le temps, qui semble couler indifférent aux volontés de l’homme. On retrouve donc encore cette supplication d’arrêter le temps, qui « engloutit les jours « (v.46), accentuée par les vers 47 et 48 : « Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes / Que vous nous ravissez ? « Dans ces vers, l’ordre qu’il donne à la nature, permettra à celle-ci de s’exprimer à travers la poésie. Dès la deuxième strophe, Lamartine entretient un rapport très particulier avec la nature, plus précisément avec le lac. Ainsi il s’adresse directement à cet environnement : « O lac « (v.5 et v.49), « rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! « (v.40), « gardez, belle nature « (v.51), « Beau lac « (v.54). Par ailleurs, le poète, en s’adressant à la nature, utilise la deuxième personne du singulier, ce qui le rapproche bien plus de cet élément. Grâce aux impératifs et aux expressions « Regarde ! « (v.7), « tu la vis « (v.8), « parlez « (v.47) « Gardez (…) le souvenir « (v.51-52) la nature est personnifiée. Durant tout le texte, le poète implore la nature de lui restituer le souvenir de ces moments d’intense bonheur, dont elle a été le témoin : « Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes « (v.47). Tout le problème du poème est de trouver une méthode pour vaincre le temps qui détruit les hommes, et en conséquence, qui efface peu à peu le souvenir. La nature devient donc la résolution de ce problème : elle gardera le souvenir de leur amour. Ainsi le poète lui demande : « Un soir, t’en souvient-il ? « (v.13), la nature est le seul moyen de préserver le souvenir, car elle est éternelle et elle résiste au temps, contrairement aux hommes. La nature devient ainsi l’interlocuteur du poète, en conséquence on s’attend à ce qu’elle lui réponde, même si cela paraît invraisemblable, la poésie le permet. Ainsi, dans les strophes XIII à XVI, la nature est évoquée dans sa totalité : « O lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! « (v.49), « dans l’aspect de tes riants coteaux, / Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages « (v.54-55), « Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire « (v.61) «. Le poète fait appel à tous les éléments de la nature pour proclamer leur amour et, ainsi, fixer le souvenir parmi eux. Dans ces strophes, la multiplication d’effets sonores, tels que les fricatives (v.57) : « Qu’ils soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe « permettent au lecteur d’entendre le vent, ou bien l’anaphore du mot bords dans le vers 58 : « Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés « donne la possibilité au lecteur d’entendre l’écho. D’un autre côté, la périphrase de la lune (v.59) : « Dans l’astre au front d’argent, qui blanchit ta surface / De ses molles clartés ! « et le bruit du vent : « Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe « (v.57) renforcent la beauté du poème. Ainsi, le but de Lamartine est de faire un poème qui exploite toutes les figures de style de la poésie, pour que la nature devenue poète puisse dire : « Ils ont aimé «. « Ils ont aimé « (v.64) clôt le poème. Par ailleurs, après avoir personnifié la nature, Il lui restitue la parole. Et ainsi l’expression de l’amour qui est porté par la nature, et non plus par des êtres finis, semble s’inscrire dans la durée. En outre, le choix grammaticale, à savoir l’abandon de la forme pronominale réciproque du verbe aimer, renforce le sentiment d’universalité de cet amour, qui dépasse ce que ressentent ces deux êtres l’un pour l’autre et qui semble occuper tout l’espace. Le vœux du poète semble ainsi exaucé : la nature est dépositaire du souvenir de cet amour, qui fait désormais partie de son univers et devient éternel. En pratique, Lamartine est parvenu à immortaliser le souvenir de cet amour, car le lac du Bourget est devenu l’emblème indissociable du poème et du poète. Deux grands thèmes sont évoqués dans ce poème : d’une part, la connivence du poète avec la nature. En effet, celle-ci, interlocuteur privilégié du poète, peut conserver le souvenir de l’amour, dont elle a été le témoin. D’autre part, et de façon paradoxale, le divorce entre l’homme, qui disparaît, et le monde, qui persiste. L’homme est impuissant devant la mort et le temps, ce qui va conduire à son exclusion. C’est pourquoi les autobiographies sont devenues très populaires au XIXe siècle, traduisant l’angoisse des hommes devant le temps qui efface leur passage. Ainsi ce texte est un parfait exemple du genre romantique par ces thèmes.


lamartine

« un effet d'accélération, comme si Elvire était poursuivie par le temps.Par ailleurs, l'aurore qui se lève lui rappelle le caractère utopique de son désir de suspendre le temps.

Aussi, l'impératif enanaphore « Aimons » auquel on associe « Hâtons-nous, jouissons ! » peut sonner comme le Carpe Diem d'Horace, qui invite àprofiter de l'instant présent.

Ainsi dans la strophe IX, le rythme est accéléré par les impératifs : « Aimons donc, aimons donc ! del'heure fugitive, / Hâtons-nous, jouissons ! » (v.33-34), comme si Elvire voulait profiter du temps et du bonheur présents avantque le jour ne rattrape la nuit.

Les vers 35 et 36 « L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive, / Il coule, et nouspassons ! » sonnent tragique et illustrent la défaite contre le temps qui ne s'est pas arrêté.

Ces deux vers, qui closent cetteprosopopée, représentent le fatalisme face au temps qui, insensible, l'a détruite peu à peu.

On pourrait donc interpréter ces verscomme les dernières paroles qu'Elvire aurait prononcées.Le lyrisme, le genre le plus utilisé dans le romantisme, est omniprésent dans le poème : des questions caractéristiques du lyrismetelles que « qui suis-je ? », « Qu'est ce que je fais dans ce monde ? », « Pourquoi la vie est difficile ? » sont abordées dans cetexte notamment dans les strophes X, XI et XII.

C'est pourquoi ces strophes sont composées de phrases interrogatives, ce quireflète l'état d'esprit du poète.

De plus, le but du poète est de vaincre le temps qui efface le souvenir des hommes : « Eh quoi !n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ? / Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ? » (v.41-42).

A la fin dupoème (str.

XIII, XIV, XV et XVI), sept phrases exclamatives se suivent, traduisant l'indignation du poète devant cette nature etce temps qui détruisent les hommes.

« Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse / (…) S'envolent loin de nous de lamême vitesse / Que les jours de malheurs ? » (v.37 à 40) évoquent l'angoisse et l'incrédulité devant le temps, qui efface lesouvenir, mais aussi l'indignation contre le temps, qui semble couler indifférent aux volontés de l'homme.

On retrouve donc encorecette supplication d'arrêter le temps, qui « engloutit les jours » (v.46), accentuée par les vers 47 et 48 : « Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes / Que vous nous ravissez ? »Dans ces vers, l'ordre qu'il donne à la nature, permettra à celle-ci de s'exprimer à travers la poésie. Dès la deuxième strophe, Lamartine entretient un rapport très particulier avec la nature, plus précisément avec le lac.

Ainsi ils'adresse directement à cet environnement : « O lac » (v.5 et v.49), « rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! » (v.40), « gardez,belle nature » (v.51), « Beau lac » (v.54).

Par ailleurs, le poète, en s'adressant à la nature, utilise la deuxième personne dusingulier, ce qui le rapproche bien plus de cet élément.

Grâce aux impératifs et aux expressions « Regarde ! » (v.7), « tu la vis »(v.8), « parlez » (v.47) « Gardez (…) le souvenir » (v.51-52) la nature est personnifiée.

Durant tout le texte, le poète implore lanature de lui restituer le souvenir de ces moments d'intense bonheur, dont elle a été le témoin : « Parlez : nous rendrez-vous cesextases sublimes » (v.47).

Tout le problème du poème est de trouver une méthode pour vaincre le temps qui détruit les hommes,et en conséquence, qui efface peu à peu le souvenir.

La nature devient donc la résolution de ce problème : elle gardera lesouvenir de leur amour.

Ainsi le poète lui demande : « Un soir, t'en souvient-il ? » (v.13), la nature est le seul moyen de préserverle souvenir, car elle est éternelle et elle résiste au temps, contrairement aux hommes.

La nature devient ainsi l'interlocuteur dupoète, en conséquence on s'attend à ce qu'elle lui réponde, même si cela paraît invraisemblable, la poésie le permet.Ainsi, dans les strophes XIII à XVI, la nature est évoquée dans sa totalité : « O lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! »(v.49), « dans l'aspect de tes riants coteaux, / Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages » (v.54-55), « Que le vent quigémit, le roseau qui soupire » (v.61) ».

Le poète fait appel à tous les éléments de la nature pour proclamer leur amour et, ainsi,fixer le souvenir parmi eux.

Dans ces strophes, la multiplication d'effets sonores, tels que les fricatives (v.57) : « Qu'ils soit dans lezéphyr qui frémit et qui passe » permettent au lecteur d'entendre le vent, ou bien l'anaphore du mot bords dans le vers 58 :« Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés » donne la possibilité au lecteur d'entendre l'écho.

D'un autre côté, lapériphrase de la lune (v.59) : « Dans l'astre au front d'argent, qui blanchit ta surface / De ses molles clartés ! » et le bruit du vent :« Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe » (v.57) renforcent la beauté du poème.

Ainsi, le but de Lamartine est de faireun poème qui exploite toutes les figures de style de la poésie, pour que la nature devenue poète puisse dire : « Ils ont aimé ».« Ils ont aimé » (v.64) clôt le poème.

Par ailleurs, après avoir personnifié la nature, Il lui restitue la parole.

Et ainsi l'expression del'amour qui est porté par la nature, et non plus par des êtres finis, semble s'inscrire dans la durée.

En outre, le choix grammaticale,à savoir l'abandon de la forme pronominale réciproque du verbe aimer, renforce le sentiment d'universalité de cet amour, quidépasse ce que ressentent ces deux êtres l'un pour l'autre et qui semble occuper tout l'espace.

Le vœux du poète semble ainsiexaucé : la nature est dépositaire du souvenir de cet amour, qui fait désormais partie de son univers et devient éternel. En pratique, Lamartine est parvenu à immortaliser le souvenir de cet amour, car le lac du Bourget est devenu l'emblèmeindissociable du poème et du poète.

Deux grands thèmes sont évoqués dans ce poème : d'une part, la connivence du poète avecla nature.

En effet, celle-ci, interlocuteur privilégié du poète, peut conserver le souvenir de l'amour, dont elle a été le témoin.D'autre part, et de façon paradoxale, le divorce entre l'homme, qui disparaît, et le monde, qui persiste.

L'homme est impuissantdevant la mort et le temps, ce qui va conduire à son exclusion.

C'est pourquoi les autobiographies sont devenues très populairesau XIXe siècle, traduisant l'angoisse des hommes devant le temps qui efface leur passage.

Ainsi ce texte est un parfait exemple dugenre romantique par ces thèmes.. »

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